International Le 2 novembre 2011

Israël, un fardeau stratégique pour les États-Unis ?

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Israël, un fardeau stratégique pour les États-Unis ?

© Photo Manuel Balce Ceneta, 8 mai 2008, Washington.

 

23 septembre 2010. New York. Assemblée générale des Nations unies. La communauté internationale est tout ouïe. Barack Obama à la tribune : “The conflict between Israelis and Arabs is as old as this institution. And we can come back here next year, as we have for the last 60 years, and make long speeches about it. […] Or, we can say that this time will be different — that this time we will not let terror, or turbulence, or posturing, or petty politics stand in the way. […] If we do, when we come back here next year, we can have an agreement that will lead to a new member of the United Nations — an independent, sovereign state of Palestine, living in peace with Israel.” L’assemblée, acquise dans sa grande majorité à la cause palestinienne et lasse de constater année après année l’embourbement dans lequel se trouve le conflit israélo-palestinien, est conquise, en liesse ! Incarnant le renouveau de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient, Obama suscite espoir et sympathie. Il semble si différent de ses prédécesseurs…

Une année plus tard. Même cadre, même auditoire. Entre écœurement et désespoir. Le président américain fait déchanter tous ceux qui ont cru que les États-Unis allaient enfin s’ériger en médiateurs impartiaux et, par là même, permettre à ce conflit de sortir de l’impasse. En effet, alors même qu’il plaidait avec force et conviction pour l’établissement d’un État de Palestine à l’horizon 2011, Obama réaffirme fermement les liens immuables qui unissent les États-Unis à Israël et se prononce surtout en défaveur de l’adhésion d’un État palestinien aux Nations unies. Washington est prêt à exercer son droit de véto (et même à prendre des sanctions économiques à l’égard de l’Autorité palestinienne instigatrice de cette initiative), et ce au risque de s’aliéner davantage un monde arabo-musulman en pleine ébullition et affecter son poids dans la région hautement stratégique du Moyen-Orient. Les discours d’ouverture et de réconciliation prononcés en 2009 à Ankara et au Caire semblent loin, très loin…

Notre propos ne consistera pas à déterminer les causes profondes de ce « revirement » d’Obama. En effet, d’une part, il s’explique très aisément par des considérations d’ordre électoral à l’approche des présidentielles américaines, mais surtout, d’autre part, malgré un rééquilibrage de façade au début du mandat d’Obama, les États-Unis n’ont jamais réellement quitté leur position partiale en faveur de l’État hébreu. Plus centralement, il s’agira plutôt ici d’adopter la perspective américaine (non point israélienne ou palestinienne) et de déterminer si ce soutien indéfectible envers Israël est aujourd’hui d’un intérêt stratégique pour les États-Unis d’Amérique. Un débat fait rage à ce propos. Alors que certains, tels que les néo-conservateurs au pouvoir sous l’ère Bush, avancent qu’Israël demeure un atout stratégique fondamental pour les États-Unis, en particulier de par son support dans la « guerre contre le terrorisme », d’autres prétendent que cet intérêt stratégique est révolu. Pour ces derniers, ce soutien sans bornes, qui alimente l’anti-américanisme dans la région moyen-orientale, constituerait même un handicap pour les Américains ! Modestement et sans préjugés, cet article analytique vise à apporter une (sa) réponse à ce questionnement capital ainsi qu’à favoriser l’ouverture d’un débat public autour d’un sujet hautement tabou aux États-Unis et plus largement en Occident.

 

Historique d’une alliance immuable

Contrairement aux idées reçues, la « relation privilégiée » entre les États-Unis et Israël, comme l’appelle John Kennedy en décembre 1962,1 ne se forge pas de manière concomitante à la création de l’État hébreu en 1948. En 1917, Woodrow Wilson approuve certes la Déclaration Balfour – soutien britannique à la naissance d’un « Foyer national du peuple juif »2 en Palestine – mais il ne fait pratiquement rien afin de mener ce projet à bien.3 De manière générale, avant la Deuxième Guerre mondiale, les dirigeants américains offrent occasionnellement un soutien verbal au projet sioniste, mais aucun président ne s’emploie véritablement pour le réaliser.4

Après la Seconde Guerre mondiale et l’holocauste du peuple juif, le président américain Harry Truman joue un rôle clé dans la fondation de l’État d’Israël le 14 mai 1948. En effet, malgré la désapprobation totale des responsables de la politique étrangère américaine – Forrestal, Marshall et Kennan – qui estiment que cela va à l’encontre de l’intérêt stratégique des États-Unis,5 et motivé par des considérations morales et électorales, Truman décide de soutenir le plan de partage des Nations unies en 1947 et reconnaît Israël sitôt son indépendance proclamée.6 Néanmoins, durant les années cinquante, craignant de jeter les pays arabes – détenteurs de pétrole – dans les bras de l’Union soviétique, les États-Unis ne désirent point mettre en péril leurs relations avec ceux-ci. Si bien que les administrations Truman et Eisenhower tentent d’adopter une position médiane et équilibrée entre l’État hébreu et ses voisins arabes.7 En sus de quelques différends diplomatiques, les États-Unis ne fournissent à Israël qu’une aide économique et militaire relativement modeste.8

Dès 1962, évoquant cette fameuse « relation privilégiée », l’administration Kennedy s’engage formellement la première à garantir la sécurité militaire d’Israël.9 Mais c’est la guerre des Six Jours de juin 1967 qui constitue le véritable tournant. En effet, sa victoire éclatante face aux trois armées arabes coalisées – égyptienne, syrienne et jordanienne – érige Israël au rang de puissance militaire aux yeux des États-Unis, qui, partant, commencent à considérer l’État hébreu comme un potentiel allié stratégique.10 De sorte qu’après ce conflit, et davantage encore suite à la guerre du Kippour de 1973, l’aide américaine ne cesse de croître. Dès 1976, Israël devient ainsi le plus important bénéficiaire de l’assistance américaine allouée aux pays étrangers.11 Cette alliance stratégique nouée par les États-Unis avec Israël se forge sur un triple fondement économique, militaire et diplomatique,12 qui lui permet (entre autres) de devenir un État prospère.

Bien que certains aient tendance à le relativiser, nombre d’analystes émérites, tels que le professeur de science politique juif américain Kenneth Organski de l’université du Michigan,13 estiment que durant la Guerre froide, cette aide inconditionnelle en faveur de l’Etat hébreu revêt un intérêt stratégique indubitable pour les Américains. Car il constitue un moyen efficace dans l’optique de contrer l’influence et l’expansion soviétique dans la région éminemment stratégique du Moyen-Orient. Cette stratégie pro-israélienne est promue et impulsée dès 1967 par le président américain Richard Nixon et son secrétaire d’État Henry Kissinger.14 En infligeant des défaites humiliantes aux États satellites de l’URSS, notamment à l’Égypte et la Syrie durant les guerres des Six Jours et du Kippour, Israël entame la réputation du Kremlin et met en lumière les limites du soutien soviétique.15 La stratégie fonctionne : l’Égypte abandonne les Soviétiques et se range du côté des Américains.16 Par ailleurs, les victoires successives d’Israël obligent l’URSS à consacrer d’inestimables ressources au réarmement de ses États satellites, ce qui déstabilise davantage son économie déjà chancelante.17 Enfin, Washington bénéficie également du précieux renseignement, de l’accès aux bases d’entraînement, de la technologie d’armement de pointe et d’une haute expertise sur le contre-terrorisme israéliens.18

Néanmoins, comme le mettent en avant Stephen Walt et John Mearsheimer, universitaires de Harvard et Chicago respectivement, dans un article intitulé The Israel Lobby datant de 2006,19 avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la disparition de l’URSS en 1991, cette ligne d’argumentation, déjà préalablement critiquée, tombe en désuétude. Dans ce contexte, il apparaît donc légitime et pertinent de se demander si ce soutien indéfectible envers Israël est (toujours) aujourd’hui d’un intérêt stratégique pour les États-Unis d’Amérique. Mais avant de tenter d’apporter une réponse à ce questionnement, il serait judicieux d’en définir avec exactitude les deux concepts constitutifs, à savoir le soutien indéfectible des États-Unis envers Israël d’une part, et, la notion d’intérêt stratégique pour les États-Unis qui résulterait ou non de ce soutien d’autre part.

 

Oncle Sam le bienfaiteur

Comme évoqué, depuis la guerre des Six Jours en 1967 mais surtout celle d’Octobre en 1973, les États-Unis soutiennent indéfectiblement l’État hébreu.20 Le terme soutenir signifie ici être du côté de, adhérer à la cause de, favoriser, aider et défendre. Concrètement, ce support exceptionnel revêt trois dimensions essentielles : 21

Économique.22 De 1948 à 2005, l’assistance directe, économique et militaire, fournie par les États-Unis à Israël se monte à presque 154 milliards de dollars, sous la forme de subventions directes plutôt que de prêts. S’agissant du montant de l’aide, la guerre des Six Jours de 1967 constitue le véritable tournant. Dès 1976, l’État hébreu devient le plus grand bénéficiaire de l’assistance américaine allouée aux pays étrangers, et, bien qu’il s’agisse de nos jours d’une puissance industrielle moderne, il occupe encore cette position. Aujourd’hui, Israël reçoit en moyenne 3 milliards de dollars par an en assistance directe. Celle-ci constitue environ un sixième du budget total américain de l’aide aux pays étrangers, 2% du PIB israélien et équivaut à une subvention annuelle directe de 500 dollars pour chaque Israélien. Toutefois, ce chiffre officiel fait abstraction de moult avantages additionnels. En effet, alors que les autres États reçoivent leur aide sur la base de versements trimestriels, Israël reçoit l’intégralité du montant au début de chaque année fiscale, ce qui lui permet de gagner des intérêts supplémentaires. De surcroît, il est le seul bénéficiaire de l’aide économique étasunienne qui n’a point à justifier la manière dont il la dépense. Il peut ainsi subventionner sa propre industrie militaire. De plus, il reçoit environ 2 milliards de dollars par an sous forme de dons privés de citoyens américains. Enfin, à bien des égards, l’aide consentie par Washington à l’Égypte et la Jordanie peut être considérée comme un remerciement pour avoir signé la paix avec Israël.

Militaire.23 La majeure partie du support économique susmentionné se fait sous la forme d’une assistance militaire. De plus, l’État hébreu bénéficie d’un accès privilégié à l’armement étasunien. Israël est de surcroît lié à la Défense et au Renseignement américains via de nombreux accords officiels et informels. En outre, les États-Unis lui fournissent 3 milliards de dollars pour développer des « projets d’armements conjoints » dont les Américains n’ont aucunement besoin. Historiquement, les liens militaires entre les États-Unis et Israël se renforcent dans les années quatre-vingt sous l’administration Reagan et se matérialisent à travers deux protocoles d’accord en 1981 et 1988. La coopération militaire entre les deux États s’accroît ainsi sensiblement et Israël devient « un allié majeur non membre de l’OTAN ». Par ailleurs, Washington soutient tacitement la nucléarisation clandestine de l’État d’Israël en ne faisant point pression sur celui-ci pour qu’il adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et ce alors même que les Américains poussent d’autres États à le rejoindre, et, pire, rentrent en guerre contre l’Irak en 2003 pour – officiellement – l’empêcher d’acquérir des armes de destruction massive (ADM).

Diplomatique.24 Les États-Unis assurent également un parapluie diplomatique à Israël. Ainsi, outre des positions pro-israéliennes symboliques (non contraignantes) à l’Assemblée générale des Nations unies, les États-Unis mettent leur véto sur 42 résolutions du Conseil de sécurité hostiles à l’attitude d’Israël entre 1972 et 2006. Ceci sans parler des nombreuses propositions concernant l’État hébreu non soumises au Conseil par peur du véto américain. De même, lorsque, dans le cadre de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA), les pays arabes tentent de mettre à l’ordre du jour la question de l’arsenal nucléaire clandestin d’Israël, les États-Unis s’y opposent. De manière générale, depuis les années soixante, Washington protège les intérêts israéliens au cours des conflits importants, tels que les guerres des Six Jours, d’Octobre et du Liban, ainsi que des négociations leur succédant. Enfin, dans le cadre des négociations pour la paix, notamment israélo-palestiniennes, les États-Unis s’alignent souvent sur les positions d’Israël alors même qu’ils sont censés s’ériger en médiateurs impartiaux.

C’est sur la base de cet ensemble de faits empiriques qu’indépendamment de leur position par rapport à notre débat, bon nombre d’analystes se permettent d’accoler l’adjectif indéfectible au soutien. Toutefois, à la lumière de quelques cas épisodiques, ce qualificatif peut être légèrement relativisé. Outre le litige sur la zone C des accords d’Oslo ainsi que le véto de Bush père contre la garantie d’emprunts en faveur d’Israël, mentionnons un exemple.25 En 1991, dans le cadre de la guerre du Golfe, lorsque Saddam Hussein envoie des missiles SCUDS sur Israël, l’État hébreu désire riposter conformément à la politique de représailles toujours suivie jusqu’alors. Cependant, par peur que les pays arabes ne quittent la coalition, les États-Unis lui interdisent formellement de contre-attaquer ! Mais, en définitive, force est de constater que les Américains soutiennent tout de même Israël dans la mesure où ils envoient des missiles Patriot pour sa défense et prennent en charge eux-mêmes l’annihilation de l’Irak dans le cadre de cette guerre. En outre, il est certes vrai que l’Oncle Sam bloque parfois temporairement ses aides à Israël, de façon à exprimer son mécontentement à l’égard de certaines de ses décisions, notamment concernant sa politique de colonisation, mais de tels gestes sont généralement symboliques et de courte durée.26 Dans tous les cas, que ce soutien soit simplement très fort ou indéfectible ne change en dernière analyse aucunement le fond, la logique et l’intérêt de notre problématique. Enfin, remarquons que malgré les nombreux doutes émis à ce sujet, notamment par les républicains pour des raisons de politique politicienne, ces trois piliers – économique, militaire et diplomatique – du soutien ne sont nullement remis en cause par l’administration Obama.27

 

Centralité des intérêts stratégiques américains au Moyen-Orient

En guise de remarque liminaire, il est utile de préciser que les intérêts stratégiques américains considérés dans le cadre de cet article sont géographiquement situés. Il est ici question de la région géostratégiquement centrale pour Washington du Moyen-Orient. C’est en effet là que pour des raisons géographiques, historiques et économiques, le soutien indéfectible américain envers Israël a le plus d’incidence sur les intérêts stratégiques des États-Unis. Les délimitations spatiales et appellations de la région oscillent fortement selon les auteurs. En ce qui nous concerne, nous embrassons une conception large du Moyen-Orient, qui, comme celle du Greater Middle East de l’administration Bush, d’ailleurs toujours utilisée par l’actuelle administration,28 inclut notamment l’Afghanistan et le Pakistan, parties intégrantes de l’équation stratégique des Américains, en particulier dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme d’Al-Qaïda. Par ailleurs, ces enjeux s’inscrivent dans le contexte actuel du printemps arabe qui complexifie la donne dans une région à forte géométrie variable, où, comme le montre la guerre d’Irak, les États-Unis sont capables de se causer du tort tout en portant préjudice aux autres s’ils prennent les mauvaises décisions.29 Notons enfin que les intérêts stratégiques mentionnés ne seront ni exhaustifs ni hiérarchiquement répertoriés.

Premièrement, un des intérêts stratégiques majeurs des États-Unis au Moyen-Orient est la lutte contre le terrorisme. Obama est parfaitement explicite à ce propos : “an area where America has a critical national interest is in isolating and defeating violent extremists.”30 Il s’agit en particulier de “to disrupt, dismantle, and defeat al-Qaeda and its allies in Afghanistan and Pakistan31 car “this is the epicenter of violent extremism practiced by al-Qaeda. It is from here that we were attacked on 9/11 and new attacks are being plotted.32 C’est d’ailleurs pour cette raison que contrairement aux néo-conservateurs de l’ère Bush, l’administration Obama décide de prioriser la guerre afghane au détriment de celle d’Irak, à laquelle Obama s’était du reste opposé dès le départ et désire aujourd’hui mettre rapidement fin. Le discours de West Point, dans lequel il définit sa nouvelle stratégie et rend public sa décision d’envoyer 30’000 soldats supplémentaires en Afghanistan,33 marque définitivement cette rupture. Remarquons enfin qu’Obama accorde une importance toute particulière à la terminologie utilisée pour désigner cette menace contre la sécurité américaine. En effet, alors que son prédécesseur avait défini de manière très large le concept de « guerre contre la terreur », allant jusqu’à parler du « fascisme islamique », il le définit en d’autres termes en ciblant en particulier Al-Qaïda et ses collaborateurs34 car : “We cannot paint with a broad brush a faith as a consequence of the violence that is done in that faith’s name.”35

Deuxièmement, il y a la question cruciale du nucléaire dans la région. Bien qu’étant intimement liés, il serait judicieux de subdiviser cette problématique en trois volets. En premier lieu, la Maison Blanche s’évertue à éviter que l’Iran se procure l’arme nucléaire. Le discours tenu à ce sujet par Obama est sans équivoque. “So let me be clear : Iran’s nuclear and ballistic missile activity poses a real threat, not just to the United States, but to Iran’s neighbors and our allies.36An Iranian nuclear weapon would be profoundly destabilizing for the entire region. It is strongly in America’s interest to prevent such a scenario.37 Nous constatons également qu’après leur avoir « tendu la main » lors de son allocution au Caire en début de mandat, le président étasunien se montre au fil des discours de plus en plus ferme et menaçant vis-à-vis des dirigeants iraniens de par leur non-respect persistant des exigences américaines. En deuxième lieu, l’administration Obama cherche impérativement à “preventing a nuclear arms race in the Middle East that could lead this region and the world down a hugely dangerous path.38 Cette course aux armements serait d’ailleurs en grande partie la résultante des velléités iraniennes d’acquisition de l’arme nucléaire. En troisième lieu, le gouvernement des États-Unis veut à tout prix s’assurer que des armes nucléaires ne tombent pas dans les mains de terroristes. Compte tenu de la vigueur et de la répétitivité des propos tenus à cet égard, il s’agit vraisemblablement de la principale crainte de la Maison Blanche. A l’ouverture du Sommet sur la sécurité nucléaire réunissant 47 États à Washington en avril 2010 pour faire face à cette menace, Obama adopte un ton grave et tranchant : “Terrorist networks such as al-Qaeda have tried to acquire the material for a nuclear weapon, and if they ever succeeded, they would surely use it. […] In short, it is increasingly clear that the danger of nuclear terrorism is39 […] the most immediate and extreme threat to global security !40 De surcroît, “the stakes are even higher within a nuclear-armed Pakistan.41 C’est pourquoi Obama cherche absolument à “to secure all loose nuclear materials.42

Troisièmement, les États-Unis doivent s’assurer un approvisionnement abondant et à prix raisonnable en pétrole (et en gaz) moyen-oriental. Alors que pour moult analystes il s’agit aujourd’hui (et historiquement) de l’intérêt majeur des États-Unis dans la région,43 dans les discours prononcés par Obama, les intérêts américains liés au pétrole relèvent plutôt du non-dit. Le président américain cherche même à les minimiser voire carrément à les nier. Pour ce faire, outre la quasi absence de références faites au pétrole, d’une part il met beaucoup l’accent sur la nécessité et sa volonté d’exploiter de nouvelles sources d’énergie,44 et, d’autre part il insiste sur l’inappétence des États-Unis vis-à-vis des ressources régionales, notamment irakiennes.45 Ses discours laissent très fortement transparaître son envie de redorer le blason américain dans la région en rompant avec un passé conflictuel notamment dû à la quête américaine frénétique de ressources pétrolifères : “While America in the past has focused on oil and gas when it comes to this part of the world, we now seek a broader engagement.”46 Néanmoins, l’étude minutieuse du National Security Strategy (NSS), document rédigé directement par la Maison Blanche qui expose en détail les questions majeures ayant trait à la sécurité nationale des États-Unis et comment l’administration américaine compte y faire face, nous permet de relativiser quelque peu ces propos et constater que les enjeux pétroliers moyen-orientaux demeurent d’un intérêt stratégique fondamental pour Washington. Ne relevant pas du discours bien « emballé » adressé à un public dont il s’agit d’emporter l’adhésion, ce document est relativement plus transparent et moins propagandiste dans la présentation des intérêts américains. Il évoque répétitivement et sans ambivalences la dépendance américaine vis-à-vis du pétrole étranger (“our dependence on foreign oil”). Mais, surtout, dans le chapitre exposant les intérêts américains au Moyen-Orient, il reconnaît explicitement l’importance stratégique du pétrole de la région : “The United States has important interests in the greater Middle East. They include […] access to energy […] of the region.” Enfin, de manière révélatrice, lors de son allocution devant le Parlement turc, Obama conforte indirectement notre argumentaire en affirmant que : “The United States will continue to support your central role as an East-West corridor for oil and natural gas.”47

Quatrièmement, le gouvernement américain cherche tant à assurer la sécurité des soldats américains présents dans la région, en particulier dans les guerres d’Afghanistan et d’Irak, qu’à garantir un retrait progressif, digne et placide de ces deux guerres dans lesquelles l’Amérique est embourbée. A cet égard, Obama déclare : “There are nearly 200,000 Americans who are serving in harm’s way, and I have a solemn responsibility for their safety as Commander-in-Chief.”48 De surcroît, plus symboliquement, il réaffirme cet engagement en se déplaçant en personne le 28 mars 2010 à Baghram (Afghanistan) où se situe une base aérienne américaine. Face aux soldats américains, il y prononce un discours poignant dans lequel il témoigne de l’importance de leur sécurité.49 Par ailleurs, parallèlement, la Maison Blanche désire éviter “another Vietnam.50 D’autant plus que dans un contexte de crise économique, “we can’t simply afford to ignore the price of these wars.”51  Concernant le conflit afghan, bien qu’il s’agisse de « la guerre d’Obama », il affirme sans détours que : “now, we must come together to end this war successfully”52 car “America has no interest in fighting an endless war in Afghanistan.”53 De façon significative, lorsqu’Obama annonce à West Point sa décision d’envoyer 30’000 hommes supplémentaires en Afghanistan, dans la phrase suivante, il s’empresse déjà d’évoquer un calendrier de retrait !54 S’agissant de la guerre irakienne, les propos du président américain sont encore plus catégoriques et limpides : “make no mistake : this war is ending, and all of our troops are coming home.55 

Cinquièmement, la Maison Blanche cherche à conserver, pérenniser et renforcer ses alliances stratégiques dans la région tant pour des raisons militaires qu’économiques. Comme l’avance le NSS, ces alliés stratégiques sont Israël, la Turquie et l’Égypte (dans une moindre mesure, l’Arabie Saoudite voire la Jordanie et quelques États du Golf Cooperation Council).56 A l’égard de l’alliance américaine avec Israël, le discours d’Obama ne souffre d’aucune ambigüité : “Israel is a strong ally of the United States.”57This bond is unbreakable !58  S’agissant de la Turquie, le fait que le président américain lui rende visite pour son premier voyage outre-Atlantique est un indicateur symbolique clair de l’alliance unissant les deux États. Lors de son allocution devant le Parlement turc, Obama est univoque : “Turkey is a critical ally.”59 Il y souligne l’importance cruciale de la Turquie en tant que “NATO ally”, partenaire contre le terrorisme et pour son “central role as an East-West corridor for oil and natural gas.” Enfin, concernant l’Égypte, en choisissant le Caire pour adresser son discours de réconciliation avec le monde musulman, l’administration Obama émet un message fort. L’alliance géostratégique avec l’Égypte est ainsi réaffirmée devant la communauté internationale. Aujourd’hui, avec la chute d’Hosni Moubarak suite à la Révolution populaire égyptienne, tout l’enjeu pour la Maison Blanche est de retrouver un gouvernement qui lui soit à nouveau favorable.

Par souci de précision, nous devons souligner que ces différents intérêts stratégiques sont tous fortement interconnectés. Ils ne peuvent point être appréhendés dans toute leur complexité de manière isolée. Donnons simplement quatre brefs exemples à cet égard. Primo, si l’Iran acquérait l’arme nucléaire et devenait ainsi la puissance hégémonique de la région, l’accès au pétrole moyen-oriental serait certainement plus limité et à coût renchéri car Washington aurait plus de mal à projeter sa puissance dans la région.60 Secundo, l’alliance de Washington avec le Caire est entre autres inextricablement liée à des enjeux pétroliers. Le canal de Suez et l’oléoduc Suez-Méditerranée représentent en effet 3 millions de barils de pétrole par jour, et, leur fermeture signifierait un détour de 10’000 kilomètres, soit dix jours, pour les pétroliers.61 Dans un contexte de crise économique, les États-Unis n’ont pas les moyens financiers de voir le prix du baril augmenter. Tertio, la problématique du nucléaire est intimement liée à celle du terrorisme. En effet, si des terroristes venaient à acquérir l’arme nucléaire, ils démultiplieraient leur capacité de nuisance. Quarto, les soldats américains constituent le bras armé de la défense des intérêts stratégiques des États-Unis au Moyen-Orient. Si bien que la saillance de l’intérêt stratégique ayant trait aux GI résulte d’une certaine manière des autres intérêts.

 

Un soutien partial stratégiquement coûteux pour Washington

Une fois ces intérêts stratégiques définis, il s’agit désormais de déterminer si le soutien indéfectible américain envers Israël leur porte tour à tour préjudice ou non. Cette ultime étape analytique nous permettra d’apporter une réponse (partielle) à notre problématique.

En premier lieu, suite au 11 Septembre, le nouvel argument central justifiant l’attrait stratégique d’Israël pour les États-Unis est qu’affrontant les mêmes périls, les deux États seraient unis contre le terrorisme.62 Or, selon nous, Israël constitue plutôt un handicap à cet égard. En effet, la problématique du terrorisme que connaissent aujourd’hui les Américains est en partie due au soutien partial et inconditionnel fourni à Israël de longue date. Car il alimente fortement l’anti-américanisme, le terrorisme anti-étasunien ainsi que son effort de recrutement dans le monde arabo-musulman, et empêche Washington de convaincre des alliés potentiels de s’attaquer aux extrémistes dans leur propre pays.63 Alors que les extrémistes islamistes s’offusquent contre le matérialisme et l’impérialisme de l’Amérique, le « vol » du pétrole arabe, son appui aux monarchies corrompues ainsi que ses interventions et sa présence militaires perpétuelles dans la région, le soutien tendancieux étasunien envers Israël dans le cadre du conflit israélo-palestinien est également un de leurs griefs essentiels.64 Les propos tenus par Oussama Ben Laden, dirigeant défunt d’Al-Qaïda, en 1997 face au reporter de CNN Peter Arnett constituent un exemple paradigmatique : “We declared jihad against the US government, because […] it has committed acts that are extremely unjust, hideous and criminal whether directly or through its support of the Israeli occupation of the Prophet’s Night Travel Land [Palestine]. And we believe the US is directly responsible for those who were killed in Palestine…65 Ainsi, comme le mettent en exergue Walt et Mearsheimer, cet appui perçu comme partial pourrait être une des causes majeures des attentats perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001 !66

De même, comme l’avance en mars 2010 le général Petraeus, actuel directeur de la CIA et ancien chef des troupes de l’OTAN en Afghanistan, la perception de ce favoritisme en faveur de l’État hébreu contribue, en alimentant l’anti-américanisme et en facilitant l’effort de mobilisation d’Al-Qaïda, à mettre en danger la vie des soldats américains dans les théâtres d’opérations moyen-orientaux tout en compromettant considérablement la possibilité d’un retrait à la fois prompt et honorable.67 Cette idée est reprise par le vice-président américain Joseph Biden ainsi que Barack Obama lui-même qui affirme que la résolution du conflit israélo-palestinien est « dans l’intérêt vital de la sécurité nationale » américaine.68

En deuxième lieu, nous pensons que la problématique du nucléaire dans la région est également partiellement la résultante de l’appui partial et indéfectible américain en faveur d’Israël. En effet, son arsenal nucléaire tacitement accepté par les États-Unis, son recours régulier à la force toléré et parfois même appuyé par la Maison Blanche, ainsi que tout l’appareil militaire conventionnel que lui fournissent les Américains comptent parmi les raisons principales pour lesquelles certains États de la région désirent se procurer des armes nucléaires. De surcroît, de par le soutien étasunien envers l’État hébreu nonobstant son armement nucléaire clandestin et son refus de signer le TNP, Washington n’a guerre de crédibilité morale à l’heure de dissuader de potentiels proliférateurs comme l’Iran. D’une certaine manière, ce support extraordinaire et orienté contribue à rendre le terrain moyen-oriental fertile pour une course aux armements, dont d’ailleurs des terroristes pourraient tenter de tirer profit.

En troisième lieu, comme le prétend à raison Kenneth Pollack, ancien expert de la CIA et actuel directeur du Saban Center for Middle East Policy,69 le soutien immuable des États-Unis envers Israël ne porte aujourd’hui pas (ou peu) préjudice à leurs intérêts pétroliers au Moyen-Orient. En effet, étant extrêmement dépendants de ce secteur d’exportation, les pays producteurs de pétrole ont de fortes incitations économiques à le vendre à quiconque veut l’acheter. En outre, par souci d’autoconservation, les régimes en place au Moyen-Orient n’ont point d’intérêt à défier Washington quant à son accès au pétrole de la région. Néanmoins, une question aussi brûlante, émotionnelle et idéologique que le soutien américain envers Israël, concernant notamment la question palestinienne, pourrait pousser les États arabes à sacrifier en partie leurs propres intérêts afin de punir les États-Unis. Ce scénario en apparence irréaliste s’est pourtant déjà matérialisé lors de l’embargo pétrolier de 1973 !70

En quatrième lieu, nous estimons que l’appui des États-Unis envers Israël compromet voire ruine les relations qu’ils entretiennent avec d’autres États stratégiquement fondamentaux du Moyen-Orient. Le cas de l’Iran est hautement symptomatique à cet égard. Mais, surtout, même les régimes pro-américains de la région, tels que présents en Turquie, Égypte ou Arabie Saoudite, réclament que Washington change une politique jugée trop favorable à Israël qui suscite le mécontentement populaire chez eux et les menace ainsi directement.71 A titre d’exemple, en 2006, les efforts américains pour forger une coalition sunnite, incluant en particulier l’Égypte et l’Arabie Saoudite, dans l’optique de redresser la situation dégradée en Irak et contrecarrer la montée en puissance de Téhéran, se heurtent au fait qu’il apparaît politiquement dommageable pour les États sunnites de se rapprocher des États-Unis du fait de leur partialité dans le conflit israélo-palestinien.72 Par ailleurs, l’incident de la flottille de Gaza constitue un autre bon exemple du préjudice que porte le soutien indéfectible envers Israël aux autres alliances stratégiques des États-Unis. En effet, en mai 2010, proposant une enquête israélienne et non point onusienne, la condamnation américaine édulcorée de l’abordage par l’armée israélienne de la flottille de Gaza,73 ayant provoqué la décès de plusieurs ressortissants turcs, cause un profond malaise à Ankara.

En conclusion, à la lumière des résultats (partiels) de notre analyse, nous considérons qu’il n’est pas aujourd’hui dans l’intérêt stratégique des États-Unis d’Amérique de soutenir Israël de manière indéfectible. Après avoir brossé l’historique de cette alliance et défini avec exactitude la nature de ce soutien, le raisonnement s’est opéré en deux temps. D’abord, sur la base de sources émanant directement du gouvernement américain, nous avons tenté d’identifier les intérêts stratégiques majeurs des États-Unis au Moyen-Orient. Ils sont au nombre de cinq, à savoir la lutte contre le terrorisme, la problématique du nucléaire, le pétrole, la sécurité des soldats américains ainsi qu’un retrait digne et prompt des guerres afghane et irakienne, et, les alliances stratégiques notamment avec Israël, l’Égypte et la Turquie. Puis, sous réserve d’une confirmation empirique plus détaillée qui mettrait par ailleurs davantage l’accent sur les bienfaits stratégiques (même minimes) de ce soutien, nous avons constaté que le soutien indéfectible américain envers l’État hébreu porte clairement préjudice à quatre de ces cinq intérêts stratégiques, et, pourrait, à l’avenir comme par le passé, dans le cadre d’un scénario envisageable, porter atteinte au seul intérêt encore indemne (pétrole). Ainsi, bien que le soutien inconditionnel à Israël n’explique aucunement à lui seul le préjudice dont souffrent les intérêts stratégiques américains dans la région, le fait qu’au moins quatre de ces derniers soient directement affectés par ce soutien immuable nous amène inéluctablement à notre conclusion. Celle-ci nous semble d’autant plus évidente que le coût économique engendré par cette assistance inébranlable est astronomique pour le contribuable américain.

 

Identité commune, dette morale et lobby pro-israélien omnipotent

Par voie de conséquence, admettant notre conclusion, puisqu’il est impossible d’expliquer ou de justifier l’envergure du soutien actuel des États-Unis à Israël par des considérations d’ordre stratégique, il serait intéressant dans le cadre d’une autre recherche de s’interroger sur les véritables raisons qui sous-tendent cette aide inconditionnelle. A gros traits, nous en identifions essentiellement trois. En premier lieu, un peu sur le modèle de leur Manifest Destiny, les Américains s’identifient fortement au « peuple élu » juif arrivant sur une « terre promise » et ayant comme eux des « valeurs démocratiques ». En deuxième lieu, Washington se sent investi d’un devoir moral vis-à-vis de la longue histoire de souffrance et de persécution du peuple juif.74

En troisième lieu, l’influence politique du lobby pro-israélien aux États-Unis oriente sensiblement la politique étrangère américaine dans un sens conforme aux intérêts israéliens.75 Jouissant d’une influence quasi sans pareil sur le Congrès, l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est le principal groupe de pression américain défendant les intérêts de l’État hébreu.76 Contrairement aux idées reçues, le lobby pro-israélien ne compte pas uniquement dans ses rangs des membres de la communauté juive. En effet, comme nous l’explique Daniel Pipes, néo-conservateur américain et ardent défenseur de l’État d’Israël, les sionistes chrétiens sont de plus en plus la pierre angulaire de l’appui de Washington à Israël.77 Ils sont souvent plus solidement pro-israéliens et plus fermement sionistes que beaucoup de membres de la communauté juive. Ils croient en effet que le retour des Juifs en Palestine historique précédera la seconde Venue du Christ, triomphant de l’Apocalypse, annoncée dans les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament.78 Selon eux, à terme, les Juifs devraient ainsi être convertis au christianisme.

 

Une redéfinition indispensable de la stratégie américaine au Moyen-Orient

Enfin, en termes plus normatifs d’implications politiques, si on agrée à notre conclusion et on suppose que les États-Unis cherchent rationnellement à agir conformément à leurs intérêts stratégiques, alors, comme nous le proposent Walt et Mearsheimer,79 les Américains devraient opter pour une nouvelle stratégie au Moyen-Orient.

Premièrement, Israël devrait être traité comme un allié normal. Ceci signifie certes que les États-Unis devraient être prêts à intervenir si la survie de l’État hébreu était en danger, mais aussi qu’il faudrait cesser tant de prétendre que les intérêts israéliens et américains sont systématiquement similaires que de soutenir inconditionnellement l’État hébreu quoiqu’il fasse. Ceci implique également que les États-Unis devraient peu à peu réduire l’aide économique et militaire qu’ils fournissent à Israël, et ce notamment car l’aide américaine subventionne indirectement des politiques, telles que la colonisation, qui ne sont pas dans leur intérêt.

Deuxièmement, les États-Unis devraient peser de tout leur poids, quitte à contraindre Israël, afin de mettre un terme au conflit israélo-palestinien qui alimente l’anti-américanisme et sert de puissant levier aux terroristes. En définitive, traiter Israël normalement et faire cesser ce conflit permettraient aux États-Unis de réhabiliter en partie leur image dans le monde arabo-musulman, ce qui s’avérerait avantageux pour l’ensemble de leurs intérêts stratégiques dans la région.

Troisièmement, conformément aux prescriptions de Walt et Mearsheimer, la stratégie du offshore balancing nous semble tout à fait adaptée. Les États-Unis ne déploieraient ainsi leur puissance militaire au Moyen-Orient que lorsque des intérêts vitaux seraient directement menacés. Cette stratégie comporterait trois avantages principaux. D’un côté, elle réduirait substantiellement le risque pour les Américains de s’embourber dans des conflits coûteux et sanglants comme la guerre en Irak. D’un autre côté, elle permettrait de résoudre plus aisément la question du terrorisme (car une occupation étrangère donne quasi immanquablement naissance à une résistance acharnée se traduisant souvent par des formes de terrorisme). Enfin, elle donnerait moins de raisons à des États comme l’Iran de craindre une attaque américaine, et, par conséquent, moins de motifs pour obtenir l’arme nucléaire.

Toutefois, nonobstant les espoirs suscités à cet égard et le débat fomenté par les écrits de nos deux universitaires, en dernière analyse, à la lumière de son discours du 21 septembre dernier à la tribune des Nations unies, l’administration Obama ne semble pas plus que les administrations précédentes œuvrer en faveur d’un véritable changement paradigmatique de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient… en tout cas pas avant son éventuelle réélection ! Sera-ce une politique soutenable pour les États-Unis d’Amérique à l’aune d’un système international de plus en plus concurrentiel et multipolaire en ce XXIème siècle ?

 


[1] SPIEGEL, Steven, The Other Arab-Israeli Conflict : Making America’s Middle East Policy from Truman to Reagan, Chicago, University of Chicago Press, 1985, pp. 106-107.

[2] LAURENS, Henry, La question de Palestine, (Vol.1 1799-1922 : L’invention de la Terre Sainte), Paris, Fayard, 1999, p. 360.

[3] MEARSHEIMER, John, WALT, Stephen, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, (traduit de l’anglais par Nicolas Guilhot, Laure Manceau, Nadia Marzouki et Marc Saint-Upéry), Paris, La Découverte, [New York, Farrar, Strauss, & Giroux, 2007], 2009, p. 17.

[4] MACMILLAN, Margaret, Paris 1919 : six month that changed the world, New York, Random House Trade Paperbacks, 2001, pp. 422-423.

[5] SLATER, Jerome, “Ideology vs. The national interest : Bush, Sharon, and U.S. policy in the Israeli-Palestinian conflict”, in Security Studies, Vol.12, No.1, automne 2002, p. 167.

[6] LIEBER, Robert, “U.S.-Israeli relations since 1948”, in Middle East Review of International Affairs, Vol.2, No.3, septembre 1998.

[7] KRAMER, Martin, “The American Interest”, in Azure, No.26, automne 2006, p. 25.

[8] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 36-37.

[9] LAURENS, Henry, La question de Palestine, (Vol.3 1947-1967 : L’accomplissement des prophéties), Paris, Fayard, 2007, p. 609.

[10] Kramer, Martin, op. cit., p. 26.

[11] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 38.

[12] DIECKHOFF, Alain, “Obama-Netanyahou : un couple impossible?”, in Politique internationale, No.128, été 2010, pp. 295-316.

[13] Lieber, Robert, op. cit.

[14] DANNREUTHER, Roland, “Understanding the Middle East Peace Process : A historical institutionalist approach”, in European Journal of International Relations, 03.11.10, pp. 14-18.

[15] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 65.

[16] Kramer, Martin, op. cit., p. 26-27.

[17] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 65.

[18] Idem.

[19] MEARSHEIMER, John, WALT, Stephen, “The Israel lobby”, in London Review of Books, Vol.28, No.6, Londres, London Review, 23.03.06., pp. 3-12.

[20] MEARSHEIMER, John, WALT, Stephen, “The Israel lobby and US Foreign Policy”, in Middle East Policy, Vol.13, No.3, septembre 2006, pp. 30-31.

[21] Dieckhoff, Alain, op. cit.

Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 35-36.

[22] Ibidem, pp. 36-43.

Mearsheimer, John, Walt, Stephen, septembre 2006, op. cit., p. 31.

[23] Idem.

Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 44-53.

[24] Ibidem, pp. 53-60

Dieckhoff, Alain, op. cit.

[25] LASENSKY, Scott, “Friendly restraint : U.S.-Israel relations during the gulf crisis of 1990-1991”, in Middle East Review of International Affairs, Vol.2, No.3, juin 1999.

[26] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 51-52.

[27] Dieckhoff, Alain, op. cit.

[28] The White House, National Security Strategy, Washington, mai 2010, p. 24.

[29] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 11.

[30] Discours de Barack Obama, Remise de diplômes de la Nouvelle École d’économie, Moscou, 07.07.09.

[31] Idem.

[32] Discours de Barack Obama, Stratégie d’avenir en Afghanistan et Pakistan, West Point, New York, 01.12.09.

[33] Idem.

[34] National Security Strategy, op. cit.

[35] Interview de Barack Obama, Chaîne Al Arabiya, par Hisham Melhem, Washington, 26.01.09.

[36] Discours de Barack Obama, Place du Château, Prague, 05.04.09.

[37] Conférence de presse de Barack Obama, suite au discours Un nouveau départ, Caire, 04.06.09.

[38] Discours de Barack Obama, Un nouveau départ, Caire, 04.06.09.

[39] Discours de Barack Obama, Sommet sécurité nucléaire, Washington, 13.04.10.

[40] Prague, op. cit.

[41] West Point, op. cit.

[42] Discours de Barack Obama, Sur la sécurité et les valeurs des États-Unis, Washington, 21.05.09.

[43] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 84.

[44] Prague, op. cit.

[45] Caire, op. cit.

[46] Idem.

[47] Discours de Barack Obama, Parlement turc, Ankara, 06.04.09.

[48] Sécurité et valeurs, op. cit.

[49] Discours de Barack Obama, Aux troupes américaines en Afghanistan, Baghram, 28.03.10.

[50] West Point, op. cit.

[51] Idem.

[52] Idem.

[53] Idem.

[54] Idem.

[55] Discours de Barack Obama, L’état de l’Union, Washington, 27.01.10.

[56] National Security Strategy, op. cit., p. 45.

[57] Al Arabiya, op. cit.

[58] Caire, op. cit.

[59] Ankara, op. cit.

[60] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 369.

[61] DAVID, Charles-Philippe, VALLET, Élisabeth, “Obama et l’Égypte : pour le pétrole ?”, sur le site CentPapiers, 05.02.11.

[62] Lettre adressée par le Project for the New American Century (PNAC) au président des États-Unis d’Amérique, George W. Bush, 03.04.03.

[63] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 74-84.

[64] ABDALLAH, Abdel Mahdi, “Causes of Anti-Americanism in the Arab World : A Socio-Political Perspective”, in Middle East Review of International Affairs, Vol.7, No.4, décembre 2003.

[65] Interview de Peter Arnett à Oussama Ben Laden, Afghanistan, mars 1997.

[66] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 80-81.

[67] Statement general David Petraeus, on the posture of U.S. central command, senate armed services committee, 16.03.10.

[68] Dieckhoff, Alain, op. cit.

[69] POLLACK, Kenneth, A Path Out of the Desert : A Grand Strategy for Amercia in the Middle East, New York, Random House, 2008, p. 48.

[70] Slater, Jerome, op. cit., pp. 171-172.

[71] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 83.

[72] BAKER, James, HAMILTON, Lee, The Iraq Study Group Report, U.S. Institute of Peace, Washington, décembre 2006.

[73] Statement by the Press Secretary on Israel’s investigation into the flotilla incident, site internet Maison Blanche, 13.06.10.

[74] CORDESMAN, Anthony, “Israel as a Strategic Liability?”, sur le site internet du Center for Strategic & International Studies (CISC), 02.06.10.

[75] Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., pp. 16-19.

[76] Israel is a Strategic Partner of the United States, site internet de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), consulté le 25.03.11.

Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 63.

[77] PIPES, Daniel, “Christian Zionism : Israel’s Best Weapon?”, in New York Post, 15.07.03.

Mearsheimer, John, Walt, Stephen, 2009, op. cit., p. 147.

[78] Ibidem, pp. 146-147.

[79] Ibidem, pp. 367-388.

Commentaires

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Amir

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Kikoom

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Amedar

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Amir

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Kikoom

Merci pour cette analyse que je me suis permis d’ailleurs de reprendre sur mon blog. J’invite vivement à la lecture de l’ouvrage de Mersheimer/Walt ! J’ai mis ici une longue réintroduction : http://kikoom.net/_Blog/?cat=76

Merci encore pour votre site 🙂

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Amedar

I do not even know how I ended up here, but I thought this post was great. I don’t know who you are but definitely you are going to a famous blogger if you aren’t already 😉 Cheers!

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