Une tornade dévaste Hollywood dans Le jour d’après – © virginmedia.com
Qu’adviendra-t-il de l’humanité dans quelques décennies, siècles ou millénaires? Hollywood vous offre la réponse !
Les films post-apocalyptiques fusent en ce moment sur la côte Ouest des États-Unis avec une ample palette de choix, en passant du traditionnel « blockbuster » – World War Z – dans lequel une épidémie réduit l‘Homme en zombie, à un style bien plus exotique et rocambolesque comme Pacific Rim. À mi-chemin entre Godzilla et Tranformers, ce long-métrage relate un affrontement grotesque entre l’humanité armée de « super-robots » géants et de monstrueux « dinosaures » provenant d’une autre dimension, ou peut-être bien d’une galaxie lointaine, très lointaine…
Omniprésentes depuis les années 1950, les grandes tendances du genre catastrophe et post-apocalyptique oscillent de manière récurrente autour des mêmes thèmes. En les analysant de près, les nombreuses versions de « la fin du monde » ne sont que l’écho artistique des frayeurs potentielles de la société, les films à succès étant ceux qui les décrivent le mieux en s’inscrivant dans un contexte politique, social ou économique. Chaque époque possède son lot d’événements, créant ainsi ses phobies et les laissant prospérer tant qu’elles restent plausibles, ou plutôt « commercialisables ».
En effet, pendant que les plus puissantes nations du monde se tournaient vers la quête de l’espace durant la Guerre froide, la peur d’une invasion extraterrestre s’était progressivement et profondément installée dans la psyché du commun des vivants, engendrant par la suite une quantité de films tels que La chose d’un autre monde (1951) ou Le jour où la terre s’arrêta (1951), deux productions introduisant aussi la menace d’une guerre nucléaire entre les blocs de l’Est et de l’Ouest. D’autres illustres longs-métrages sont également devenus des classiques du genre comme La Guerre des mondes (1953), première adaptation du livre avant-gardiste de H. G. Wells (écrit en 1898 déjà), ou plus tardivement, Les envahisseurs sont parmi nous (1983) et, avec une pointe de dérision, Mars Attacks ! (1996). À l’évidence, cette thématique prospère dans le monde du cinéma avec cette année Oblivion de Joseph Kosinski, rebondissant et captivant mais dénué dans l’ensemble d’originalité, empruntant des concepts à droite et à gauche dans un méli-mélo d’idées qui pèse ainsi sur le scénario, rendant le tout farfelu.
Par ailleurs, lorsque les premières crises pétrolières ont créé des conflits sans précédent dans les années 1970, le sanglant Mad Max (1979) fut tourné, suggérant un monde chaotique en proie à des affrontements internationaux dus au pétrole. Avec l’essor généralisé de la technologie, la menace d’une ascension des machines au pouvoir esclavageant leurs créateurs apparût sur nos écrans avec la quadrilogie Terminator (1984, 1991, 2003 et 2009). Puis, avec l’extension de l’utilisation d’Internet au grand public, s’ensuivit l’excellentissime trilogie Matrix (1999, les deux derniers en 2003), ou encore I robot (2004), reflétant explicitement la peur de l’intelligence artificielle.
Depuis que les scientifiques ont réussi à détecter et à observer l’évolution de maladies comme le SIDA ou la grippe saisonnière dans les années 1950, un des thèmes récurrents est évidemment l’épidémie dont l’accent est parfois mis sur l’effet de panique anxiogène, comme dans Contagion (2011). Néanmoins, une préférence pour la mutation domine la thématique et ce, sous différentes approches : transformant l’espèce humaine en « homme fou de rage » comme c’est le cas dans 28 jours plus tard (2002), ou, plus typiquement, de manière post-mortem avec Je suis une légende (1964 et 2007, deux adaptations du livre de Richard Matheson) et le culte Resident Evil (2002) qui font la part belle aux morts-vivants. On peut donc le constater, il y en a pour tous les goûts! Et cette année, c’est World War Z, déjà cité précédemment, qui a tenu le haut de l’affiche. Enfin, depuis que les gouvernements à caractère fasciste ou communiste ont montré leurs insuffisances, la peur d’un retour au totalitarisme post-apocalyptique correspond également à un thème relativement présent, que ce soit après une guerre mondiale nucléaire avec 1984 (1984, adaptation du livre de George Orwell), dans Equilibrium (2002) ou finalement après une prétendue attaque terroriste chimique comme dans V pour Vendetta (2006).
Les temps changent
Ces dernières années, la « grande » innovation en termes d’apocalypse est la pointe d’écologisme qui a fait surface dans le monde du cinéma. Et ceci à travers des cataclysmes environnementaux dantesques, notamment dans un des premiers du genre, Waterworld (1995), puis dans Le jour d’après (2004) ou, avec une touche d’humour et d’apprentissage, dans le film d’animation Wall-E (2008). Et c’est dans cette même préoccupation écologique que s’inscrivent, dans l’ensemble, la plupart des différentes versions post-apocalyptiques d’aujourd’hui, avec une planète bleue devenue inhospitalière. Dans After Earth, deux hommes – un père et son fils – se crashent accidentellement sur la Terre, désormais délaissée par l’humanité qui l’a fuite il y a 1000 ans de cela après avoir bouleversé l’environnement. Ceux-ci sont rapidement confrontés à la nature qui a évolué avec l’ambition d’exterminer l’espèce humaine par l’intermédiaire d’un cocktail d’animaux et d’insectes féroces dans un climat hautement instable. Un film exacerbant un militarisme excessivement autoritaire et austère, essayant de parfumer le tout avec des flash-back confrontant l’émotionnel au glacial, transcendant une philosophie simple autant qu’exaspérante : « La peur est un choix ». Puis, dans Elysium, la Terre, désœuvrée en l’an 2154, est le théâtre d’inégalités sociales : un futur où l’élite mondiale, vivant sur une plate-forme spatiale dans le but de fuir la pollution terrestre, gouverne la population restée malgré elle sur la planète bleue jusqu’au jour où le système s’effrite. Un jeune homme — Matt Damon, toujours aussi brillant qu’imposant par son charisme —, transformé nonchalamment à l’occasion en « RoboCop », décide de se rebeller pour sa propre survie. Un long-métrage conceptuellement pittoresque dans la façon de présenter une oligarchie futuriste, néanmoins gâché par un scénario fade plus que trop prévisible. Finalement, l’ambitieux Cloud Atlas (adaptation du livre de Daniel Mitchell) des frères Wachowski et Tom Tykwer développe aussi en partie cette idée, dans l’une des cinq intrigues dans laquelle la Terre serait devenue inhabitable. Une production souvent mise à mal par la presse internationale en dépit d’un casting fastueux, comprenant l’époustouflant Tom Hanks ou l’irrésistible Halle Berry.
Globalement, les films sortis cette année ne sont pas si décevants qu’ils pourraient le paraître. Effectivement, les effets spéciaux croissant en réalisme et en fracas permettent de passer au moins une bonne heure et demie de divertissement sensationnel malgré un scénario, la plupart du temps, futile et redondant, mettant en place des personnages souvent superficiels et stéréotypés, cultivant un abject héroïsme américain.
Un essoufflement du genre?
Malgré que l’apocalypse ait toujours frénétiquement inspiré l’imagination des réalisateurs et scénaristes du septième art, les genres catastrophe et post-apocalyptique semblent s’être affirmés ces dernières années, faisant apparemment toujours vendre. En effet, l’être humain a un curieux plaisir, pour le moins grandissant, à voir sa propre espèce à la limite de l’extinction. Serait-on devenu misanthrope? Ou sommes-nous simplement excédés par notre propre société dont seul un cataclysme pourrait révolutionner le mode de fonctionnement?
Quoi qu’il en soit, l’année 2013 sera bel et bien l’année de l’apogée de ce genre. Un an après le présage raté du calendrier Maya, ce type de longs-métrages ne peut que s’essouffler. À moins qu’un prochain événement, ou une prédiction, ne suggère aux producteurs une nouvelle version de la fin du monde. Après tout, l’Europe est bien au bord du gouffre, la croissance stagne chez les pays émergents alors que les États-Unis peinent à retrouver leur croissance d’antan, les disparités sociales croissent en Occident, les tensions au Moyen-Orient sont toujours plus intriquées et les pays du BRICS s’opposent de manière accrue à la politique occidentale. Alors, une idée de ce qui pourrait nous amener à une apocalypse et à quelle situation celle-ci aboutirait ? Pourquoi pas un film mélangeant toutes les angoisses et hantises de l’être humain : une guerre nucléaire causant la création d’un gouvernement mondial totalitaire, soumis au pouvoir des machines contrôlées par des extraterrestres, esclavageant une population contaminée par la radioactivité s’étant transformée en morts-vivants? Pas si farfelu que ça comme proposition, surtout après le visionnage de certains de nos « chefs-d’œuvre » actuels.
http://www.rottentomatoes.com/m/oblivion_2013/
http://www.economist.com/blogs/prospero/2013/02/new-film-cloud-atlas
http://www.premiere.fr/film/Elysium-2470705/(affichage)/press
http://www.economist.com/blogs/prospero/2013/08/new-film-elysium
http://www.economist.com/news/united-states/21579821-why-superman-matters-cape-good-hope
http://www.rottentomatoes.com/m/pacific_rim_2013/
http://www.virginmedia.com/images/landmarkdestruction-the-day-after-tomorrow-590×350.jpg
http://cdn.business2community.com/wp-content/uploads/2013/04/Cloverfield-DoubeNegativeSpecial-5-1-.jpg
http://i.telegraph.co.uk/multimedia/archive/02038/end-of-the-world_2038061c.jpg
Article intéressant. Dans la liste des blocks bouses, ne pas oublier le "mémorable" 2012 de Roland Emmerich et ses méchants…