Société Le 25 janvier 2013

Les adeptes de la laïcité s’affirment dans une nouvelle forme de « propagande de la foi »?

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Les adeptes de la laïcité s’affirment dans une nouvelle forme de « propagande de la foi »?

Introduction

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Depuis la fin du 19e siècle, plusieurs sommets suisses ont été ornés de la croix du Christ par superstition ou suivant diverses connotations spirituelles liées à la montagne. Elles font désormais partie du paysage et beaucoup ne les remarquent même plus. Pourtant de tels symboles ne laissent pas tout le monde de marbre. Entre octobre 2009 et février 2010, deux de ces croix ont été abattues dans les Préalpes fribourgeoises. L’auteur des faits, Patrick Bussard, a avoué que l’objectif de cette opération « coup de poing » était très clair pour lui. Le guide de montagne «[voulait] que les croix disparaissent, comme tout autre signe religieux, dans le canton de Fribourg ou ailleurs ». Il avouera même avoir voulu « briser un tabou et provoquer le dialogue »1.

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Ce fait divers illustre plusieurs symptômes sociétaux qu’il est important d’analyser car ils démontrent la direction dans laquelle se dirigent les sociétés contemporaines. Par exemple, ce guide de montagne nous rappelle que désormais un quidam est en mesure de faire parler de lui sans passer par des organes traditionnels de gestion et de diffusion de l’information. Ce constat, banal certes, témoigne néanmoins des retombées de la recherche et du progrès technologique. Mais ce n’est pas tout. Ce fait divers atteste également que les signes religieux présents dans l’espace publique ne font plus l’unanimité. Ainsi, dans un autre registre, certainement moins probant que le progrès technologique, mais tout aussi considérable, on constate que le fait religieux a, lui aussi, passablement évolué. Comment mesurer ce changement ? Quels en sont les enjeux ?

La plupart des observateurs sont soit amusés, soit passionnés par l’évolution des multimédias. Mais lorsqu’il s’agit du fait religieux, les conséquences ne sont non seulement pas prises au sérieux mais encore beaucoup plus difficiles à estimer. A titre d’exemple, l’ouvrage sociologique de référence de Max Weber, l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (paru en allemand en 1905 : Die protestantische Ethik und der “Geist” des Kapitalismus) indique l’envergure du problème. Les tranches de la société influencées par la religion sont insoupçonnées. Les religions font partie des sociétés et conditionnent le fait social. C’est pourquoi nous proposons ici d’analyser le paradigme religieux dans lequel se trouve la société suisse du 21e siècle. Conscients que la question ne peut être présentée d’un seul et unique jet d’encre, nous concentrerons notre propos autour d’un fait divers de prime abord banal. Nous essayerons ainsi de comprendre ce que le geste passionnel de Patrick Bussard révèle du rapport des Suisses au fait religieux.

Pour ce faire, nous nous intéresserons dans un premier temps aux mouvements dits de la libre pensée. Car ce sont les libres penseurs qui ont relayé les positions du guide de montagne lorsque ce dernier a réussi à susciter le dialogue. Quelles sont leurs convictions ? Leurs projets ? Quelles sont les valeurs qu’ils défendent ? Il convient ensuite de s’arrêter plus en détail sur le concept de laïcisation, ou sécularisation, des sociétés étroitement relié à l’émergence de la libre pensée. Ce paragraphe sera l’occasion de retracer le mouvement de la pensée qui a engendré un changement paradigmatique important du religieux. Et pour terminer, nous essayerons d’expliquer la place qu’occupent ces actions « coup de poing », à l’image de l’affaire Bussard, dans la propagation des convictions des libres penseurs et les conséquences qu’elles peuvent avoir sur la population suisse.

 

Les revendications des libres penseurs

En Suisse, Reta Caspar est une des figures principales de la libre pensée. La secrétaire générale de l’Association suisse des libres penseurs apparaît, en effet, régulièrement dans les médias où elle se fait porte parole de ce mouvement. Ce dernier trouve, selon elle, son origine dans le siècle des Lumières2. En Suisse, son principal objectif est de séparer l’Eglise de l’Etat. Selon sa secrétaire générale, le mouvement a également pour but de s’adresser aux gens qui ne vont plus à l’Eglise et qui ne croient pas en Dieu. Les libres penseurs estiment qu’il est important pour cette minorité croissante de se faire entendre dans les sociétés modernes.

De surcroît, dans sa déclaration d’adhésion, l’Association suisse des libres penseurs reconnaît deux axes primordiaux3. Tout d’abord elle promeut une pensée libre et critique basée sur une éthique humaniste, sans dogmes, liée à aucune idéologie politique. Et deuxièmement, l’association se donne pour tâche de défendre la liberté de foi, de conscience et d’opinion. De plus, elle dit militer pour l’égalité de traitement de tous les groupements philosophiques. Elle se prononce aussi, comme déjà signalé, pour que ces mêmes groupements soient parfaitement indépendants vis-à-vis des autorités étatiques.

Ces informations ne sont pas sans lien avec les croix sommitales ayant été rasées ou vandalisées dans les Préalpes fribourgeoises. Alors que le récit du guide de montagne pourfendeur de croix paraissait n’être qu’un fait divers parmi tant d’autres, il apparaît que la problématique sous-jacente dépasse de loin les apparences. La place du signe religieux dans la sphère publique est au cœur d’un débat sur la laïcité. Ses défenseurs faisant face à différents mouvements, pour la plupart religieux, qui tentent de conserver au fait religieux une place de choix, y compris dans l’espace public.

 

La laïcité : un concept, plusieurs définitions

Pour comprendre ce débat, il est indispensable de définir les concepts de laïcité, de laïcisation et de sécularisation. Ces notions importantes sont plurielles et doivent être pensées en fonction de leur contexte d’énonciation. En l’occurrence, dire que la société suisse est sécularisée, à l’instar de tous ses voisins européens, ne signifie rien. C’est en effet rapprocher la Suisse de la France par exemple, alors que cette dernière fonctionne selon un modèle de laïcité stricte bien différent de celui de la Confédération Helvétique. La Suisse se rapprocherait plus du régime séculier danois par exemple, tentant de garantir à chacun sa place et sa visibilité dans un respect mutuel. En ce qui concerne la nuance entre les processus dits de sécularisation, d’une part, et de laïcisation, d’autre part, elle n’est pas significative. La première est plus facilement liée aux pays de tradition réformée alors que la seconde est née dans les régions de confession catholique où les laïcs étaient, à l’origine, les membres de l’église impliqués dans l’institution sans être consacrés à la prêtrise. Nous laisserons ces quelques nuances aux spécialistes. Les concepts de laïcité ou de sécularisation seront donc dorénavant utilisés comme des synonymes. Mais de quoi s’agit-il concrètement ?

Selon l’historien Jean Baubérot, « la sécularisation concernerait avant tout le rôle de la dynamique sociale et impliquerait une relative perte de pertinence sociale, culturelle des univers religieux par rapport à la culture commune. Ceux-ci sont moins (voire plus du tout) des cadres normatifs orientant les conduites sociales dans de nombreux secteurs4». Cette définition permet, certes, de mettre en exergue toute la complexité du phénomène en question, mais n’est pas entièrement satisfaisante. En d’autres termes, il faut comprendre que les sociétés sécularisées marquent une distanciation constitutionnelle de l’Eglise et de l’Etat. C’est cette distanciation stricte sur tout le territoire suisse que défend l’Association suisse des libres penseurs. Distanciation qui passe par une autonomisation des sphères politique et religieuse. Dans ce cas, l’Etat a pour mission d’établir les libertés de conscience et de religion et il se porte garant du libre exercice religieux de ses citoyens. Par ailleurs, il veille à la non-discrimination dans le souci constant d’une cohabitation saine et pacifique entre pensées plurielles5. C’est du moins ce que garantissent les textes. Mais les faits ne coïncident pas toujours avec cet idéal théorique. Les actes posés par Patrick Bussard sont là pour témoigner de la difficulté qu’il existe parfois à assurer la non discrimination des différents acteurs du débat.

 

Le processus de sécularisation et ses défis ne datent pas d’hier

Historiquement, la sécularisation doit se concevoir en mouvement. Elle est d’abord le fruit  d’une évolution progressive se calquant sur l’évolution de la pensée. Le berceau « primitif » de la libre pensée, par exemple, remonte certes aux Lumières mais également à la Réforme religieuse qu’initia Martin Luther en 1517 et à laquelle Calvin donna l’envergure qu’on connaît à Genève dès 1536. Ce qui peut paraître paradoxal vu la guerre qui met désormais aux prises les défenseurs de la libre pensée et les héritiers des réformateurs. Les deux partis en conflit partagent un héritage commun. D’un autre côté, la suite du processus historique peut expliquer cette séparation, notamment lorsqu’à la Révolution française,  l’aboutissement constitutionnel de la laïcisation est consommé. Il faut ensuite attendre le siècle dernier pour qu’une généralisation de la pensée rationnelle finisse par éroder le champ religieux. L’Occident change alors son rapport au monde, érigeant la science en toute puissance. Lui conférant par là même un statut d’autorité.

En politique, de profonds réaménagements ont lieu. En France, la loi de 1905 met fin au Concordat et institutionnalise la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Genève suivra deux ans plus tard. L’Eglise n’a plus son mot à dire en politique et se voit dès lors privée d’une partie de son autorité. La dernière pierre de l’édifice a été posée par les soixante-huitards. Toutefois, une crise suit presque immédiatement cette dernière étape. Dès les années septante, le mythe de toute puissance de la science perd de sa crédibilité et les gens se tournent à nouveau du côté de la religion mais sous d’autres formes plus exotiques. Le cadre institutionnel fort des églises historiques – protestantes et catholiques – ne plaît plus et les spiritualités orientales connaissent un engouement croissant. Le brassage culturel que connaît l’Europe a fortement contribué à cela. Selon une étude menée par swissinfo, en 2012 « une personne sur dix résidant en Suisse croit en d’autres formes de spiritualité, un mélange éclectique qui repose sur un ensemble de traditions, y compris la croyance en la réincarnation »6.

Parallèlement, l’individualisme croissant a transformé la demande religieuse. L’Eglise est passée du lieu communautaire où l’on se rend le dimanche à un des nombreux articles du supermarché du religieux7. Elle a perdu son influence sur la société en même temps que ses membres et le constat est significatif au sein des nouvelles générations. Et les sociologues de la religion identifient, de fait, une même tendance à la sécularisation au sein des jeunes générations de musulmans8.

 

Les conséquences de la sécularisation ne peuvent être négligées

Ces différentes circonstances rapidement brossées, trop rapidement assurément, illustrent le déploiement du processus de sécularisation désormais installé dans les mœurs occidentales. Ce qui n’est pas sans susciter des transformations majeures. Gérard Delteil, ancien professeur de théologie pratique à la Faculté protestante de théologie de Montpellier et spécialiste des questions relatives à la transmission, mettait déjà en exergue, dans les années nonante, trois problèmes dus à ce phénomène9 : Premièrement, la perte de mémoire et de repères traditionnels qui caractérisent de plus en plus les jeunes générations. Deuxièmement, le durcissement des identités religieuses en réaction à leur marginalisation et finalement un pluralisme culturel et religieux qui renouvelle le défi de cohésion sur lequel veillent les états laïques. Ce diagnostic semble, vingt ans après, se concrétiser davantage.

Ces trois problèmes sont implicitement présents lorsque les croix sont attaquées en tant que symboles religieux dérangeants. Le conflit de génération est certainement dû à la perte de mémoire et de repères. Tout le monde ne peut pas donner la même signification aux croix de montagne et certains y voient par exemple un certain impérialisme. Les Croisés portaient aussi des croix en partant à la conquête du Moyen-Orient. Le durcissement des identités religieuses pose aussi problème et peut être particulièrement préoccupant dans la mesure où il provoque des affrontements entre les partisans des différentes opinions et empêche toute cohésion dans des sociétés empruntes de pluralisme religieux.

Notons que la Suisse n’est pas épargnée. Dans son dernier ouvrage10, Jörg Stolz, professeur de sociologie des religions et doyen de la faculté de théologie et sciences des religions de l’université de Lausanne, évoque une polarisation probable de la société « avec d’un côté une partie croissante de la population qui se sécularise, peu ou pas du tout croyante, et de l’autre une montée des évangéliques, surtout charismatiques, très croyants et effervescents »11. Dans ce contexte, le professeur Stolz explique que les religions qui survivent au processus de sécularisation et à l’exode ecclésial constaté en Occident sont celles qui ont recours aux techniques du marketing12.

C’est là que la place du mouvement de la libre pensée doit être étudiée. Peut-on le considérer comme un mouvement idéologique au même titre que les mouvements religieux ? Est-ce un acteur à part entière de la lutte identitaire ? Si la société suisse tend bien vers une polarisation entre laïcs – notamment libres penseurs – d’un côté et fondamentalistes religieux de l’autre, et que les églises sont vides, la majorité de la population est sans doute partisane de la sécularisation pour l’instant. Lorsque Patrick Bussard abat des croix dans son milieu de prédilection, il ne fait rien d’autre que propager des convictions idéologiques. Peut-on parler de prosélytisme de la libre pensée ? Bien que le guide ait choqué la plupart des habitants des Préalpes fribourgeoises, il se pourrait bien qu’il exprime l’avis d’une proportion non négligeable de la population voulant, elle aussi, voir disparaître les signes religieux de l’espace public. L’initiative de novembre 2009, visant à interdire la construction de minarets en Suisse, n’est pas sans rappeler le même combat. Elle avait été acceptée par 57% des électeurs13.

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Les adeptes de la laïcité oeuvrent apparemment pour rallier le plus grand nombre à leur cause. Peu après l’affaire Bussard, Reta Caspar rappelait d’ailleurs sur la RTS (radio et télévision suisse) que son association soutient toute action de ce genre dans le débat public14. Par ailleurs, si tout le monde n’a pas forcément pris garde à ces croix sommitales vandalisées, les différentes caricatures Charlie Hebdo peuvent également illustrer les méthodes des défenseurs de la sécularisation. Elles illustrent un autre genre d’action « coup de poing » ayant pour cible des symboles religieux.

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Dans le débat sur la laïcité, notons donc que la « propagande de la foi » n’est pas l’apanage des croyants. Il est important de prendre conscience des enjeux d’une telle évolution du fait religieux. Chacun peut en effet être la cible de ces actions de « propagande de la foi » s’inscrivant dans un mouvement plus grand de durcissement des identités religieuses. Vu le faible intérêt pour le fait religieux, les populations occidentales sont à la merci de ces tensions confessionnelles. Certainement que plusieurs phénomènes à l’échelle internationale pourraient être expliqués si on prenait le temps d’analyser ces troubles. Ce pourrait être l’occasion d’un nouvel article, au moins. Quoi qu’il en soit, une affaire comme celle de Patrick Bussard ne devrait donc pas faire partie de ces faits divers qu’on entasse avant de les oublier. Ce geste révèle une problématique sous-jacente, un défi lancé aux sociétés sécularisées qui ne sont plus dans leurs premiers jours. Défi de se positionner et de ne pas négliger la dimension religieuse lorsqu’elle définit son identité et ses valeurs fondatrices. Crises institutionnelles, replis d’autorité et de référence au religieux mais aussi perte de repères et de racines, sans parler de l’individualisme, tant d’éléments révélateurs de réalités insoupçonnées. Le fait religieux a toujours été central dans la construction des sociétés. C’est certainement en lui accordant plus de crédit, dorénavant, que les pays sécularisés seraient amenés à penser et à composer des sociétés stables. Si tant est que nous voulions construire efficacement le monde d’aujourd’hui et, surtout, garantir l’équilibre de demain.

 

 

 


[1] BOTTI, Dominique, Patrick Bussard : « c’est moi qui ai profané les croix », dans le Matin, religion, du lundi 15 mars 2010, consulté en ligne le 25 mai 2012 : http://www.lematin.ch/actu/suisse/patrick-bussard-profane-croix-250093.

[2] Faut pas croire. Dieu n’existe probablement pas, 31.10.2009 : http://www.rts.ch/video/emissions/religion/faut-pas-croire/11886-dieu-n-existe-probablement-pas.html ; consulté le 10 janvier 2013.

[3] http://www.librepensee.ch/fr/accueil/mitmachen/declaration-dadhesion, consulté le 5 janvier 2013.

[4] BAUBEROT, Jean, « Laïcisation et sécularisation. Mode d’emploi « à la française », Communication présentée au Centro di Alti Studi in Scienze Religiose en novembre 2004 tiré de http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/archive/2005/02/19/secularisation_et_laicisation.html, consulté le 11 janvier 2013.

[5] Pour la Suisse : article 15 de la Constitution fédérale de la Confédération helvétique et  dans l’article 261 du code pénal.

[6]http://www.swissinfo.ch/fre/societe/Les_suisses_prennent_leur_distance_avec_les_religions.html?cid=33208148, consulté le 10 janvier 2013.

[7] Terme employé notamment par le philosophe Frédéric LENOIR, Les métamorphoses de Dieu, Paris, Plon, 2003.

[8]http://www.swissinfo.ch/fre/societe/Les_suisses_prennent_leur_distance_avec_les_religions.html?cid=33208148, consulté le 10 janvier 2013.

[9] DELTEIL, Gérard, « Présentation » dans BOST, Hubert, Genèse et enjeux de la laïcité, Genève, Labor et Fides, 1990,  p.9

[10] Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet, Emmanuelle Buchard, Le phénomène évangélique. Analyses d’un milieu compétitif, Genève, Labor et Fides, 2013.

[11] Hebdo magazine, 10 janvier 2013, p. 18.

[12] Idem.

[13]http://www.swissinfo.ch/fre/societe/Les_suisses_prennent_leur_distance_avec_les_religions.html?cid=33208148, consulté le 20 janvier.

[14] Faut pas croire. Cachez ces croix, 13.11.2010 : http://www.rts.ch/video/emissions/religion/faut-pas-croire/11886-dieu-n-existe-probablement-pas.html, consulté le 8 janvier 2013.

 

Commentaires

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Yves

Merci pour cet article fort intéressant! J'ai également été sensible aux réflexions développés dans les commentaires. Je remercie et félicite…

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Kampotela Luc Bulundwe

(En réponse au commentaire du 30 janvier 2013 22h34). Je tiens à te remercier pour ton commentaire rédigé en passant…

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Un passant

Une annexe : Concernant l’enseignement de la religion cela a dans tous les cas cela d’intéressant qu’elle donne un point…

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Yves

Merci pour cet article fort intéressant! J’ai également été sensible aux réflexions développés dans les commentaires. Je remercie et félicite ici l’auteur de l’article qui a su prendre le temps de répondre et de compléter avec des informations pertinentes et enrichissantes.

En ce qui me concerne, je dirais que ce sujet dérange de par le fait qu’il nous impose une situation de tension. En effet, comme le soulignait Kampotela Luc Bulundwe en commentaire, la foi semble être un élément sous-jacent pour toutes reflexions. Les libres penseurs se doivent de poser leur foi sur certains postulat de base afin de pouvoir développer leur pensée (libre). Ainsi, rejeter un autre système de foi et l’agressé semble être un comportement des plus paradoxale et insensé. La libre pensée serait précisément de reconnaître et d’accepter les différences, d’être à même de repérer que la foi permet à tout un système de se construire et qu’on ne peut pas se passer de la foi et garder uniquement les parties qui nous intéresse dudit système. Je suis donc plus que surpris que les libres penseurs soutiennent un tel acte. Cela revient à dire qu’au nom de notre liberté, nous refusons que les autres et notre histoire soit libre… C’est bien surprenant!

C’est parfois difficile d’être précis et clair et j’espère que celui, celle ou ceux qui me lira (liront), saura (-ont) voir ce que je tente de rappeler ici. Pour reprendre une fois de plus les propos de l’auteur, foi et loi doivent être compris ensemble, la foi, est un fondement et on ne peut pas sans passer…

J’ose aller jusqu’à dire que l’athéisme, si nous souhaitons le pousser jusqu’au bout, doit alors être compris comme un système de foi, une base qui s’articule autour du fait que nous ne croyons en rien… là encore une position paradoxale en soi…

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Kampotela Luc Bulundwe

(En réponse au commentaire du 30 janvier 2013 22h34). Je tiens à te remercier pour ton commentaire rédigé en passant sur Jet d’Encre. C’est toujours intéressant de pouvoir dialoguer. Je commencerais, en préambule, par préciser que Patrick Bussard ne se dit pas adepte de la Libre Pensée. Cela ne ressort en tout cas nulle part dans les sources que j’ai utilisées. Il a néanmoins été soutenu par l’Association Suisse des Libres Penseurs une fois qu’on l’a reconnu comme l’auteur de ces actes de vandalisme perpétrés au sommet des montagnes.
C’est une fois qu’on précise ce point qu’on peut, peut-être, aller dans ton sens et affirmer qu’une telle association doit faire attention à ce qu’elle compte soutenir ou utiliser comme arguments dans le débat. Nous entendons ici les arguments de fond et de forme. Surtout lorsque le débat est si délicat. Nous pouvons d’autant plus l’affirmer maintenant que la justice fribourgeoise a reconnu le guide de montagne coupable d’atteinte à la liberté de croyance et de culte. Mais si nous ne l’avons pas précisé dans l’article c’est parce que ce fait divers n’était utilisé que pour exprimer une problématique sous-jacente.
En ce qui concerne la question sur la foi ou la loi dans l’état, il convient de préciser, avec tout le respect que j’ai pour les réflexions de passage, qu’elle ne peut être posée de cette manière. Est-ce que la foi peut se déployer sans loi? Et la loi sans foi? Je pense que même les « sans foi ni ni loi » répondront que ce couple est bien trop fusionnelle pour que quiconque ne tente de les séparer.
Je te rapporte donc à l’héritage commun qui existe entre les religieux d’une part, ou adeptes de la foi, et les Libres Penseurs, d’autre part. J’ai souligné dans l’article que pour trouver cet héritage il fallait remonter à la Réforme du 16ème siècle. Je peux même préciser, pour ta question, qu’il faut se rapporter au fils adoptif préféré de Genève. Il s’agit bien sûr de Jean Calvin. Même si les avis sont partagés sur lui, entre amour inconditionnel pour la renommée qu’il a assurée à la grande Geneva et la haine parfois exprimée par les Genevois pour son côté « père rabat-joie », c’est bien lui qui va me permettre de te répondre. Il était, en effet, magistrat de formation et on ne saurait estimer convenablement l’influence qu’il a eue sur la foi protestante.
Un personnage aussi « paradoxal » illustre qu’une communauté de foi ne peut se maintenir sans loi, sans législation. Et qu’elle gagnerait même à s’intéresser aux lois. Et d’autre part, les lois sont toutes basées sur une foi. Que cette foi tienne sa source dans le bon sens ou dans des valeurs. Valeurs souvent si bien ancrées dans les mœurs qu’on oublie d’où elles sont issues. C’est là précisément que nous exprimions la nécessité de se référer au fait religieux pour comprendre le monde d’aujourd’hui et pour préparer celui de demain.
Pour conclure, et en espérant n’avoir décourager personne de lire ce commentaire, nous dirions donc, en passant, que dans l’Etat c’est la foi et la loi ou rien !

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Un passant

J’aime bien l’idée des pousser à réfléchir sur des manifestation de ceux qui peuvent être appelés libre penseurs. Cette réaction de se chercher un ennemi, quelqu’un à blâmer quand « la plaie » est tapie en chacun de nous et tu en as bien mentionné quelques expressions, je soulignerai l’individualisme. Cet acte de vandalisme à la limite du fascisme, me laisse songeur sur les valeurs et la vision prônée par l’association de Reta Caspar.

Ceci dit, je peux comprendre l’émotion d’une telle action, en connaissance de ce dont nos ancêtres ont étés victimes il n’y a pas si longtemps pour des divergences théologiques, surtout dans la région en question.

Dans ce sens, je comprends l’idée de viser un état laïque (type danois ou suisse). En effet, la religion est une affaire personnelle. Cette religion ou conviction peut alors se refléter dans l’expression et les actions de la personne.

D’un autre côté la foi étant une conviction profonde, une pensée, il serait alors aussi curieux en tant que penseur de l’exclure complètement du paysage de l’expression personnel au niveau même de l’enseignement par exemple. Ce fondement incontournable ne devrait pas être écarté, ne serait-ce que d’un point de vue historique et culturel.

Pour revenir sur les actions de notre bipède purificateur des sommets, je considère que le symbole arraché constitue un symbole des valeurs/pensées qui étaient aux fondements de la Suisse. Dans ce sens, son action me semble aussi déplacée que de saccager des monuments historiques, qu’elle soit représentée par la statue d’un Dufour ou d’un Dunant, ou d’une dynastie familiale pour cause de mécontentement personnel (individualisme ?). Dunant me semble d’ailleurs une image particulièrement appropriée et intéressante dans cette question.

Pour conclure une question pour Kampotela : La loi ou la foi dans l’état ?

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Un passant

Une annexe :
Concernant l’enseignement de la religion cela a dans tous les cas cela d’intéressant qu’elle donne un point de repère (auquel on peut adhérer ou non) qui traverse les cultures, les temps et qui permet de prendre du recul sur le monde et l’époque dans lequel nous vivons (…) et devrais d’après moi pas être écartée.

Je trouverai intéressant (peut-être cela existe-t-il) de voir un ouvrage laïque qui propose un recueil d’expérience au fil de des siècles de bonnes pratiques, de philosophies, comme l’a été par exemple la bible. Bien qu’un tel ouvrage soit forcément partial un tel recul pousserait probablement aussi à se poser de bonnes questions et à rafraichir nos mémoires, comme le propose Kampotela.

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