Culture Le 21 janvier 2014

Yves Saint Laurent, une icône réincarnée

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Yves Saint Laurent, une icône réincarnée

Affiche du film © allocine.fr

Yves Saint Laurent est sans nul doute l’un des plus grands créateurs de haute couture français du XXème siècle. Né en 1936 à Oran en Algérie et mort à Paris il y a cinq ans, il fait récemment l’objet de convoitises – ou est-ce seulement un effet de mode ? Deux films sont en compétition pour retracer la brillante carrière du couturier. Le premier, Yves Saint Laurent, réalisé par Jalil Lespert, est sorti en ce début d’année, tandis qu’il faudra attendre encore quelques mois pour apprécier Saint Laurent, réalisé par Bertrand Bonello, dont la sortie est cette fois prévue pour le mois d’octobre 2014.

Deux acteurs de la Comédie-Française

Pierre Niney en YSL et Guillaume Gallienne en Pierre Bergé © Thibault Grabherr et Anouchka de Williencourt / SND

Pierre Niney en YSL et Guillaume Gallienne en Pierre Bergé © Thibault Grabherr et Anouchka de Williencourt / SND

Dans le long-métrage réalisé et co-écrit par Jalil Lespert, Pierre Niney symbolise à merveille le personnage d’Yves Saint Laurent. On ne peut qu’apprécier son fabuleux jeu d’acteur. Sa ressemblance physique n’est pas le seul atout qu’il possède, puisque le jeune acteur s’est également approprié les tics et la gestuelle d’Yves Saint Laurent. On le croirait réincarné lorsqu’on entend parler Niney avec tant de retenue, ou qu’on le voit remonter nerveusement ses lunettes à maintes reprises. L’amant et associé d’YSL, Pierre Bergé, est quant à lui interprété par Guillaume Gallienne. Si la ressemblance physique entre l’acteur et la personne est moins frappante, le jeu d’acteur reste néanmoins très bon.

La passion au cœur de tout

Au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, c’est un Yves Saint Laurent de plus en plus passionné que l’on observe. Passion dévorante pour son art (« avec mes robes, avec mes dessins j’essaye de m’exprimer mais si on m’en empêche, je vais mourir »), qui le pousse à se donner corps et âme pour son travail. Il crée sa propre maison de couture au début des années 1960 après avoir été évincé de Dior à la suite d’un séjour en hôpital psychiatrique. Son amour de la création l’épuisera encore plus lorsqu’en 1966, il lancera avec Pierre Bergé Yves Saint-Laurent Rive Gauche, sa marque de prêt-à-porter, qui l’amène à créer non plus deux mais quatre collections par an.

Son penchant pour les sorties nocturnes et les divers alcools et drogues l’entraîne dans une spirale néfaste. Il s’éloigne de Pierre Bergé, qui tente alors de le protéger de ses nouvelles relations, et va même jusqu’à lui être infidèle à maintes reprises. Son amour pour son amant et « homme de sa vie » reste néanmoins solide. Pierre Bergé incarne le pilier fondateur de la vie d’Yves Saint Laurent, sorte de pierre angulaire du couple, qui lui restera fidèle et dévoué jusqu’à la fin de sa vie. Pierre Bergé a permis à Yves Saint Laurent de vivre entièrement sa passion pour la création. Il dira : « Le talent tu l’as. Le reste je m’en occupe ».

Une histoire écourtée

Pour rappeler les origines du créateur, le film débute à Oran, dans la maison familiale des Saint Laurent. Encore très jeune, il travaille ses premiers dessins – presque trop sagement – dans sa chambre. Couvé du regard attentif et admiratif de sa mère et de ses invitées, il représente l’enfant timide et réservé qui sera propulsé à la direction artistique de la maison Dior à la mort de son fondateur en 1957.

Les années s’écoulent au rythme des collections et des mannequins défilant sur les podiums. Le réalisateur alterne moments d’effervescence et de stress dans les coulisses, pendant les défilés ou lors des nombreuses sorties nocturnes, puis moments plus calmes et de détente comme les séjours à Marrakech qui permettent à Yves Saint Laurent de dessiner ses collections.

Après avoir retracé vingt-et-un ans de la vie du créateur, le film s’arrête brusquement en 1976. Suite à une ellipse temporelle de trente ans, nous retrouvons, le temps de quelques images, un Pierre Bergé désormais seul et nostalgique de l’homme qu’il aura aimé jusqu’à la fin.

Un film à ne pas manquer!

YSL ajustant les costumes pour Les chants de Maldodor - 1962 © à gauche: Botti/Gamma-Rapho | à droite: Guillaume Faure

YSL ajustant les costumes pour Les chants de Maldodor – 1962 © à gauche: Botti/Gamma-Rapho | à droite: Guillaume Faure

Grâce à une mise en scène millimétrée et un esthétisme particulier, Jalil Lespert a recréé quasiment à l’identique certains évènements forts de la vie du créateur (cf. photo). Dans un réel souci du détail, le réalisateur, avec le soutien de Pierre Bergé et de sa fondation1, a tourné certaines scènes dans les lieux d’origine tels que l’appartement du couple en plein cœur de Paris ou encore le Jardin Majorelle à Marrakech. Certains objets originaux ont également été utilisés par les acteurs comme les lunettes du créateur ou encore ses robes2. Cela s’ajoute au jeu des acteurs et confère au biopic une force supplémentaire. Néanmoins, deux questions mériteraient d’être posées au réalisateur : pourquoi illustrer la vie d’Yves Saint Laurent uniquement au travers des deux décennies choisies pour ce film ? De plus, pourquoi celui-ci se termine-t-il si brusquement ?

 


1. Interview réalisée par J.-L. Brunet. Décembre 2013 http://www.cineplus.fr/pid5866-cine-premier.html?vid=993647

2. Secrets du tournage d’Yves Saint-Laurent http://www.allocine.fr/film/fichefilm-217634/secrets-tournage/

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