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Stage de 6 mois à l’ONU : le rêve.
5 jours / semaine ; 8 heures / jour : normal.
Activité non-rémunérée : pardon ?
Alors que depuis quelques années le Bachelor en Relations Internationales de l’Université de Genève connaît un succès phénoménal, le secteur, lui, semble en crise. En effet, en particulier dans ce domaine, une majorité de stages ne sont pas payés (dans certains cas, ils sont faiblement indemnisés). La plupart des ONG, organisations internationales et missions, malgré qu’elles se battent pour de nobles valeurs telles que la paix, la justice sociale, l’égalité ou le développement, ont en fait du mal à suivre leur propre protocole… même si certains employeurs tentent de se justifier en combattant les clichés : « Certes on ne paie pas, mais chez nous, au moins, vous ne ferez pas de photocopies, ni de cafés. On est reconnu pour être très formateur »1. Ah oui ? Et vous êtes aussi reconnus pour être très exploiteurs ? Parce que lorsque le travail est substantiel, il a d’autant plus le mérite d’être gratifié.
Jeudi dernier 20 juin 2013, la campagne « Payez vos stagiaires »2, lancée par « l’Association des stagiaires de Genève (GIA) »3, a mobilisé près de 100 partisans sur la fameuse place de la « Chaise cassée » en face du Palais des Nations. Coordonné par la « Coalition internationale pour des stages équitables »4, le mouvement a lieu à Genève, mais aussi à New York et Londres. Il s’agit des principales villes où la concentration des activités autour de la politique internationale permet de profiter du taux de chercheurs d’emploi largement plus élevé que les places à pourvoir. Mais « l’exploitation » des stagiaires est un fait qui s’étend à bien d’autres villes comme Vienne, La Haye ou Washington5.
Ainsi le problème se globalise, et dans le même temps, les termes s’officialisent. « Internship generation », « Generation Praktikum », « Génération stagiaire » deviennent des histoires réelles. Depuis les années 90, les étudiants fraîchement diplômés de l’université commencent à faire un premier stage dans l’optique de se faire embaucher par la suite. Sauf que ce n’est que rarement le cas. La situation économique n’est pas prospère et les patrons ont vite compris qu’en ne rémunérant pas les stagiaires, ils font des économies et que, de tout façon, ils trouveront toujours des jeunes qui cherchent une première expérience professionnelle à la fin de leurs études. Ces jeunes, au passage, sont titulaires au minimum d’un Bachelor, souvent d’un Master, et parfois d’un Doctorat. De plus, il n’est pas rare que certains se soient même endettés pour financer leurs études et le fait d’effectuer un stage « gratuitement » contribue à peser sur leurs dettes. Après le premier stage qui n’a pas débouché sur un emploi, ils se retrouvent au chômage… Mais étant donné que « chômage » a une connotation négative, on se dit qu’il vaut mieux refaire un deuxième stage. Et c’est parti ! A partir de ce moment, on n’est plus à un stage près. D’autant plus qu’une lacune dans le CV, ça ne le fait pas non plus, alors on y va pour un troisième. Le tout non rémunéré.
Cependant, en France, le débat de la sous-enchère à travers les stages fait presque partie du passé déjà. Grâce au système des conventions, c’est-à-dire que les entreprises signent un contrat établi par une université ou une école et un étudiant, on évite que les jeunes se fassent exploiter d’une part, et qu’ils entrent dans le cercle vicieux de l’enchaînement des stages d’autre part. Ainsi, le fait de ne pas rémunérer les stagiaires est « justifié » par le fait qu’ils sont étudiants et que l’expérience fait partie de la formation. En tout cas, il est difficile de trouver un stage sans convention. Et mieux encore, à l’été 2011, le progrès continue avec l’adoption de la « loi Cherpion ». Désormais, après le deuxième mois de stage, une rémunération d’un peu plus de 400 euros est obligatoire.
Or partout ailleurs, le cercle vicieux semble toujours difficile à briser. La transition entre les études universitaires et le monde professionnel reste problématique. Et finalement, au-delà du débat sur l’exploitation, le secteur des relations internationales en ouvre un autre. Au niveau gouvernemental plus particulièrement, les organisations internationales comme l’ONU ont déjà la réputation d’être composées par une sorte d’élite (« fille ou fils de ») et elles proposent des stages qui ne permettent pas de se prendre en charge –même pas en partie– alors que financées par les États, elles ont des moyens. Leur accès est donc restreint. Encore une fois, contrairement aux valeurs qu’elles promeuvent, où est passée l’égalité des chances ? Pas sûr que tout le monde puisse s’offrir des stages non rémunérés pour seulement tenter de se faire une place au sein de ce milieu si convoité.
ca ce n'est pas grave il faut voir et habiter dans le mexique; la compagnie ne paie rien et l@…