Politique Le 10 février 2014

L’aube nouvelle pour les pro-européens

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L’aube nouvelle pour les pro-européens

Le peuple suisse a accepté l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » à une très courte majorité (avec un écart inférieur à 20’000 voix). Les vainqueurs chantent déjà en chœur la fin de la politique européenne du Conseil fédéral. Une oraison funèbre qui n’a pas lieu d’être. Le rêve européen de la Suisse n’est pas mort: il n’est même pas encore né. Aujourd’hui, tous ceux qui, comme nous, sont favorables à un rapprochement de la Confédération et de l’Union européenne prennent acte d’un sentiment têtu chez les Suisses. L’indépendance à tout prix. La peur de ne pas pouvoir compter parmi les puissants. Les besoins de se démarquer impérativement de ce grand ensemble qui, selon eux, ne peut faire qu’une bouchée de notre petit pays. Dans son ouvrage « La Suisse que je souhaite », l’ancienne ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey résume bien ce sentiment d’infériorité vécu comme inéluctable par nos compatriotes. Ils sont si sûrs que la Suisse n’a pas d’arguments, qu’ils sont prêts à se replier sur eux-mêmes plutôt que de tenter un partenariat plus actif. La Confédération a pourtant bien des avantages concurrentiels à faire valoir.

Sa situation géographique en fait un partenaire essentiel pour une grande partie des États membres. Traverser la Suisse est une nécessité pour bien des échanges commerciaux entre pays de la Zone euro. Ses exportations, la qualité de ses produits, sa culture de la gestion des conflits, le grand dynamisme de son économie, en font un allié naturel de l’Europe et de sa construction. Cette dernière n’est pas achevée, loin s’en faut. Nombreux sont ceux qui rêvent d’une Union européenne basée sur un modèle similaire aux États-Unis. Nous partageons tous l’idéal de Denis de Rougemont. Une Europe qui intègre l’ensemble de ses États membres, comme la Confédération l’a fait avec ses nombreux cantons. Tout cela est possible, même si nombreux sont ceux aussi qui nient toute possibilité d’évolution du système institutionnel de l’Europe. C’est une erreur. Et nous ne pouvons pas rester en-dehors en attendant que l’Union européenne réponde à nos attentes. Nos partenaires ont un grand respect pour la Suisse. Ils reconnaissent aussi volontiers la méconnaître, ne pas la comprendre, être étonnés qu’un tel système démocratique puisse exister et durer depuis plus d’un siècle.

Comment pouvons-nous espérer raisonnablement améliorer nos relations avec l’Union européenne, et la compréhension de nos mécanismes politiques, si nous refusons tout rapprochement (sans même parler d’une quelconque adhésion)? Nous sommes perdants à plus d’un titre. Notre incapacité à faire entendre nos points de vue nous pousse à devoir accepter des accords qui ne nous sont pas toujours pleinement favorables. Notre entêtement à ne pas collaborer avec davantage de bonne volonté agace nos voisins, qui ont eu jusqu’ici la conscience de leurs intérêts bien compris comme garde-fou à une rupture du partenariat Suisse-UE. Mais pour combien de temps? Est-ce que dénoncer un accord est la meilleure façon de pérenniser nos relations avec l’Union européenne? Sachant que ses effets négatifs pouvaient être corrigés sans remettre en cause l’existence dudit accord… La réponse qui en découle est évidente. Nos compatriotes suisses craignent l’Europe, et nous ne sommes pas en mesure de les condamner pour cette peur: c’est un sentiment. C’est à ceux qui, comme nous, sont convaincus des avantages indiscutables d’une collaboration en bonne intelligence avec l’Union européenne qu’incombe le rôle de rassurer les Suissesses et les Suisses. C’est aux pro-européens à leur montrer qu’il existe une alternative autre qu’une fin de non-recevoir à toute proposition de nos partenaires. Il faut que nous prenions nos responsabilités et que nous travaillions main dans la main pour abattre les frontières entre les pro-européens et les eurosceptiques. Vingt-deux ans de politique anti-européenne n’ont que trop duré.

Source: Newsnet

Source: Newsnet

Les pro-européens doivent reconquérir leur espace de parole. Ils doivent monter au front avec force, conviction, ne plus se laisser intimider par une opinion publique défavorable. On ne bâtit pas de grands monuments qu’en période de beau temps. Il faut parfois braver les intempéries pour être en mesure de poser les premières pierres. Et c’est justement ce qui a manqué à ces deux décennies qui ont suivi le refus de l’adhésion à l’Espace économique européen en 1992. Deux décennies où l’Europe a été un mot grossier. Ce nouvel échec des partisans de l’Union européenne est la démonstration qu’une absence prolongée des tribunes médiatiques et du terrain ne peut constituer les prémices d’une conquête de l’opinion publique. Ce 9 février ne doit pas être interprété comme un nouveau dimanche noir. Nous devons au contraire le porter aux nues et remercier les détracteurs de l’Europe qui enfin nous réveillent et nous rappellent à nos obligations. Ce n’est pas un dimanche noir, c’est le lever d’une aube nouvelle. Pleine de promesses. Il ne tient qu’à nous d’avoir le moyen de nos ambitions. Unissons-nous. Montrons le chemin. Cette votation pourrait signer une renaissance plutôt qu’être un signal funeste. Affirmons-nous, et nous réussirons. Dispersons-nous, et la Suisse demeurera isolée. Nous sommes maîtres de notre destin.

 

Commentaires

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Quentin

Les pro-européens pourront faire tout ce qu'ils veulent, tant que l'Europe ne devient pas une Union démocratique fédérale la Suisse…

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V.S.

Il n'y a pas à collaborer avec une telle Europe, néolibérale et qui asservit les peuples. Les Grecs, les Espagnols…

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Meeaad

L'Europe... vaste entreprise d'accaparement des richesses des peuples européens. Technocratie social-démocrate pour le remboursement de la dette, pour l'asservissement des…

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Quentin

Les pro-européens pourront faire tout ce qu’ils veulent, tant que l’Europe ne devient pas une Union démocratique fédérale la Suisse n’y touchera pas, nous avons conscience de nos devoirs vis à vis de nos citoyens et vis à vis du Monde. Ce devoir c’est de garder notre force, et rappeler aux peuples soumis au diktat européen que notre système reste un espoir pour eux. Si les pro-européens veulent se faire entendre ils n’ont qu’une seule solution : Fédéraliser l’Europe sur le modèle Suisse. Si L’Europe ne se fédéraliste pas, elle ne pourra jamais profiter de notre pays, et surtout, elle ne tiendra pas. L’UE dans sa construction actuelle est un échec, et elle est vouée à un échec absolument total. Aucune dictature ne peut venir faire subversion à des peuples qui se sont battus durant des siècles contre le despotisme et toute forme de royauté ou pouvoir centralisé.
Même la jeunesse socialiste demande que le parti socialiste supprime de sa charte l’idée d’une adhésion, car ils se sont eux même rendu compte qu’il est scandaleux de vouloir intégrer un système de dictature anti-démocratique.

Et comment pouvez-vous être naif au point de croire que la Suisse aurait sa place dans l’UE ? Tout les pays de l’Union doivent fermer leur gueule, même les pays puissants, parce que l’UE est administrée par des gens non-élu, que le parlement n’a aucun pouvoir législatif directe, que l’UE n’a pas d’argent, que la BCE ne travail pas pour le bien être des citoyens mais pour tenter de bricoler une Europe financière contre des puissances économiques basés sur des fondations solides (USA/Suisse/etc).
Si la Suisse entre dans l’UE ce sera la fin de la démocratie directe, la centralisation du pouvoir hors de nos frontières et l’imposition de décision qui ne nous concernent en aucun cas et qui ne reflétera pas l’avis du peuple. Vous n’avez pas compris ca dimanche ? Que contrairement aux élites le peuple voit les réalités différemment ? Les réalités du terrain, celui de la vraie vie, et pas la réalité d’un hémicycle grassement payé!

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V.S.

Il n’y a pas à collaborer avec une telle Europe, néolibérale et qui asservit les peuples. Les Grecs, les Espagnols ont beaucoup souffert de devoir rembourser des dettes qu’on leur a imposées; et ce n’est pas fini, ils devront rembourser tous les prêts, etc. Cette Europe, répressive et suante de violence sociale, n’est pas un objectif que nous devons atteindre.
Quant à la changer de l’intérieur, la Suisse, même en y envoyant une armée de révolutionnaires, n’y parviendrait pas seule.
Tout est à changer. Les autorités, en Suisse et dans les cantons, n’ont pas su répondre aux préoccupations des Suisses qui subissent la libre circulation. C’est bien fait, ça leur donne une leçon. Et tant pis si, sur la forme, cela s’apparente à une victoire de l’UDC.

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Meeaad

L’Europe… vaste entreprise d’accaparement des richesses des peuples européens. Technocratie social-démocrate pour le remboursement de la dette, pour l’asservissement des nations, en faveur d’une union qui n’a pas lieu d’être entre des peuples presque totalement différent. Le seul véritable lien entre les européens c’est la guerre ! Parce qu’entre un Roumain et un Portugais il n’y a pas de similitudes quelconque et qu’en plus leurs économies respectives ont besoin d’une monnaie respective qui est en accord avec leurs économies respectives. L’Europe est une entreprise américaine il suffit de lire les articles du site Horizons et débats, notamment http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2744. Si il y a toujours moins de militantisme en faveur de la technocratie oligarchique qu’est l’Europe c’est parce que les esprits lucides ont bien compris que c’est une vaste bureaucratie inutile qui n’a aucun enjeu sauf de manger un peu plus l’argent du peuple. Je suis un peu halluciné par cet article quand je vois l’état de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, etc. etc. Bref il faudrait plus lire Todd et écouter Nigel Farage pour se faire une idée juste et dépouiller de tout délire idéologique !

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