L'encrier Le 19 avril 2018

« Les morts », un poème en prose grec

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« Les morts », un poème en prose grec

Dans sa série de traductions de poèmes grecs, Valia Tsaita-Tsilimeni nous propose « Les morts », d’Ursula Foskolou. A lire en français et en grec (en dessous).


 

Les morts

Hier dans l’après-midi, un peu avant que le soleil se couche, les morts ont commencé à émerger des arbres : blancs, en os, mais propres ; ils sentaient le savon.

J’ai vu mon oncle marcher droit, la moustache soignée, le pli du pantalon bien repassé et les manches immaculées, boutonnées aux poignets d’un petit bijou – ciselé, je pense – de nacre. Il trainait derrière lui un long ruban de soie, sur lequel des bouquets de cheveux blonds étaient attachés.

Les autres le regardaient en diagonale et de la jalousie gouttait des orbites de leurs yeux. Au lieu de lui demander de me dire ce qui vient après, je me suis mis à lui parler de toi : de tes cheveux denses et ondulés, de tes petits lobes qui sont comme des gouttes d’eau pure, de l’odeur de ta chair qui a collé sur moi et ne me lâche pas.

Je l’ai prié ensuite de me prendre avec lui quand il partirait. D’un regard sévère – étincelant, bien que vide – il m’a fait signe de ne pas me dépêcher ; il m’a montré le ruban qu’il trainait et c’était comme s’il me disait que même là-haut tu me manqueras.


 

Οι νεκροί

Χθες το απόγευμα, λίγο πριν δύσει ο ήλιος, αρχίσανε να ξεπροβάλλουν απ’ τα δέντρα οι νεκροί: άσπροι, οστέινοι, μα καθαροί· και μύριζαν σαπούνι.

Είδα τον θείο μου να περπατά στητός, με το μουστάκι φροντισμένο, σιδερωμένη τσάκιση στο παντελόνι και τα μανίκια ολόλευκα, πιασμένα στον καρπό μ’ένα μικρό – και σκαλιστό, νομίζω – κόσμημα από φίλντισι. Έσερνε πίσω του μια μακριά μεταξωτή κορδέλα, που ‘χε δεμένα επάνω της μπουκέτα από ξανθά μαλλιά.

Τον κοίταζαν οι υπόλοιποι κλεφτά κι έσταζε από τις κόγχες των ματιών τους ζήλια. Αντί να τον ρωτήσω τι έρχεται μετά, κάθισα και του μίλησα για σένα: για τα πυκνά, κυματιστά μαλλιά σου, για τους μικρούς λοβούς σου, που είναι σαν σταγόνες καθαρού νερού, και για τη μυρωδιά της σάρκας σου, που ‘χει κολλήσει επάνω μου και δεν μ’αφήνει.

Τον παρακάλεσα έπειτα, όπως φεύγει, να με πάρει. Με βλέμμα αυστηρό –αστραφτερό, αν κι άδειο – μου ‘γνεψε να μη βιάζομαι· μου έδειξε την κορδέλα που έσερνε κι ήτανε σαν να μου ‘λεγε πως κι εκεί πάνω θα μου λείπεις.

 


Quelques mots sur l’auteur

Ursula Foskolou est née à Athènes en 1986. Elle travaille en tant que graphiste et est collaboratrice permanente de la revue littéraire Frear. Des traductions et des nouvelles qu’elle a réalisées et écrites ont été publiées dans de nombreuses revues grecques dont Nea Efthini, Neo Epipedo, To Dentro, (de)kata, Eneken, manifesto.

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