L'encrier Le 12 novembre 2017

Les profs ont la main verte

0
0
Les profs ont la main verte

L’Encrier accueille aujourd’hui un texte en rimes sous la plume de Yann Füllemann. L’auteur opère une comparaison entre l’enseignement et le jardinage.


 

Enseigner, c’est comme jardiner. Il s’agit de cultiver et de construire. En un mot : instruire.

Il est nécessaire d’arroser l’élève de temps en temps mais pas trop sinon il en a ras le bol dès le commencement.

Le bassinage n’est pas une solution, ni l’étalage de culture sans raison.

C’est un subtil équilibre à trouver, entre la finesse de la taille d’un bourgeon et l’arrachage de drageons.

Chaque année, il faut procéder au dépotage afin que l’écolier ait suffisamment de place pour augmenter son bagage.

Parfois, il faut élaguer et faire un éclaircissage pour que le savoir soit plus aisé et sans cafouillage.

Attention à ne donner de l’engrais qu’avec parcimonie, sinon le système de récompense favorisera les lubies.

Pour être sûr de respecter la bonne procédure, suivons le principe de l’épandage en couverture. Définition : application d’engrais au moment où les végétaux cultivés se trouvent déjà plus ou moins développés. Il s’agit donc de trouver le bon moment pour enseigner ses amendements.

Pour favoriser l’érudition, il est obligatoire de respecter les saisons. Sous peine de faire basculer les cerveaux en hivernage et là, c’en est fini de l’écolage.

Il faut cultiver son jardin disait Voltaire. Moi, sans lui déplaire, je dirais qu’il faut jardiner son essaim.

Toutes ces métaphores et l’on n’a pas encore ouvert la boîte de Pandore : la discipline.

Tel le jardinier qui vient sentir ses roses, le professeur lui récolte un bouquet d’épines.

Situations moroses pour l’enseignant la plupart du temps, l’apprentissage du respect et de l’obéissance n’est pas signe de réjouissance.

« Serrez la vis ! » qu’ils disent. Si on le fait trop, on casse le pas et c’est la fin de l’armistice. A chaque entrée en classe, on s’attend à un champ de guerre pire qu’un champ de tournesols après l’hiver. Si on ne la serre pas assez, on ne peut que patienter en attendant de voir quand l’orage va éclater.

L’enseignement n’est parfois pas un métier passionnant, surtout quand il faut sans cesse rempoter les mêmes avertissements.

Heureusement, on peut se consoler en pensant que lorsque viendra la récolte du miel dans la ruche, on saura qu’on n’a pas fait de baudruche.

Mieux, voir une jeune pousse devenir un arbre grâce à son intervention est la plus grande source de satisfaction.

Finalement, l’enseignant se rendra compte qu’il n’a pas fait de bricolage le jour où il pourra contempler ses forêts depuis les nuages.

 

Laisser un commentaire

Soyez le premier à laisser un commentaire

Laisser une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Jet d'Encre vous prie d'inscrire vos commentaires dans un esprit de dialogue et les limites du respect de chacun. Merci.