Société Le 1 mars 2017

Les trois larrons de la violence ordinaire : le terroriste, le mafieux et… le populiste

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Les trois larrons de la violence ordinaire : le terroriste, le mafieux et… le populiste

L’analyse des origines du totalitarisme d’Hannah Arendt est toujours d’actualité. [WikiMedia]

Mon précédent article (« Le terrorisme est (aussi) un problème théorique ») appelait une approche phénoménologique du terrorisme, consistant à voir la manière dont il se présente à nous, à en rechercher les composantes et à essayer de les rapprocher d’autres phénomènes présentant des formes similaires. En suivant la sociologie compréhensive weberienne1, il s’agit de mettre en évidence la parenté entre les phénomènes considérés.

Ce rapprochement phénoménologique permet de dépasser la logique causale unilinéaire pour mettre en évidence des processus de renforcement mutuel. Il s’agit ainsi de trouver les « affinités électives » entre le phénomène du terrorisme et d’autres phénomènes à identifier. Je n’étais alors pas parvenu à voir de quels autres phénomènes le terrorisme se rapprochait. La lecture d’une réponse à mon article a stimulé la réflexion que je livre maintenant ici.

 

Des risques de dérive totalitaire

Dans son article intitulé « Quels points communs entre la mafia et le groupe Etat islamique ? », Alessandro Luppi relève le défi de trouver les affinités électives que j’évoquais. Les parallèles qu’il dresse entre la mafia et le groupe État islamique (EI) sont très intéressants. Je partage très largement son analyse, avec toutefois un doute sur la capacité de l’EI à offrir une possibilité d’ascension sociale et économique similaire à celle que propose la mafia, car l’honneur ultime n’y est pas le même : il se solde dans la glorification du martyre pour l’EI, et ce n’est pas le projet de la mafia. Par contre, il est très pertinent de relever que ces organisations se posent « en alternative aux institutions classiques (école, travail, État), là où elles sont faibles » et qu’elles peuvent être attrayantes pour des êtres marginalisés quand « le manque de perspectives frustre ces gens dans leur recherche de sens, d’identité, de notoriété et de réputation ».

Mais ce qui me semble le plus pertinent dans cette analyse des similitudes, c’est le constat fait par Luppi sur la « capacité socialisatrice « totale »» de ces organisations : « L’EI et la mafia sont des institutions (au sens sociologique du terme) dans la mesure où elles constituent un ensemble de règles, de valeurs, de symboles et de codes comportementaux qui envahissent la totalité des actions des affiliés en leur apportant un système de contraintes et d’opportunités ».

Je pense qu’on a même affaire à des institutions totalitaires, au sens donné à ce vocable par Hannah Arendt2. Face au terrorisme, nous sommes aujourd’hui à peu près aussi démunis intellectuellement que l’était nos grands-parents à la fin de la Seconde Guerre mondiale face à la découverte de ce qui s’est passé dans les camps de concentration. L’analyse des origines du totalitarisme par Hannah Arendt a fourni des outils conceptuels qui ont été précieux et qui le sont encore pour éclairer la réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Arendt donne des clefs de lecture qui peuvent permettre de dépasser notre impuissance à penser le terrorisme, ou plus précisément notre focalisation sur ses manifestations visibles qui ne permet pas d’accéder à une compréhension de sa nature profonde. Une analyse plus approfondie doit permettre de repérer dans des phénomènes connexes des risques de dérive totalitaire. Arendt parle de « liberté politique »3 comme d’un « espace » dans lequel peuvent se mouvoir des individus qui construisent l’horizon des possibles à travers leur réflexivité propre.

Elle emprunte à Montesquieu « cette idée maîtresse selon laquelle les conditions politiques d’existence des individus sont indissociables de leur être même en tant que personnes morales, dotées de conscience et de dignité »4. Quel précurseur que Montesquieu (1698 – 1755)5 qui cherche derrière les lois un « esprit », c’est-à-dire ce qui relie leurs conditions d’exercice à la subjectivité des individus ! La nature de chaque gouvernement y est vue comme régie par des « passions humaines » qui lui donnent une « structure particulière ». Montesquieu identifie ainsi trois types de régimes – républicain, monarchique et despotique – qui correspondent à trois « principes » ou « passions » : « la vertu (ou l’amour de l’égalité et de la loi), l’honneur (ou la passion de se distinguer) et la crainte »6.

 

Syntonies et décalages

On peut encore aujourd’hui appliquer cette typologie pour éclairer l’actualité. La correspondance entre la nature et le principe du gouvernement est ce qui assure sa pérennité. Inversement, toute crise politique peut être vue comme un décalage entre nature et principe du gouvernement. Dans ce cas, la machine institutionnelle (nature du gouvernement) n’est plus supportée par les « passions » qui la faisaient vivre. Par exemple, dans un régime démocratique (république), si l’amour de l’égalité et de la loi faiblit, la structure du gouvernement se vide de son contenu et est menacée par la ruine7. La chose est évidemment plus scandaleuse lorsque ce sont les élus eux-mêmes qui sapent le sentiment sur lequel repose la nature du gouvernement8.

La typologie établie par Montesquieu nous permet donc de penser aux décalages qui existent entre nature et principe du gouvernement dans les différents pays. On peut constater qu’il n’y a en fait jamais de syntonie9 parfaite entre les deux parce qu’il y a des « passions » mélangées. Dans tout groupe humain, qu’il s’agisse d’une nation, d’une entreprise ou d’une association, il y a des dosages différentiels de vertu, d’honneur et de crainte. Dès lors, « le » politique peut être vu comme la recherche de correspondance entre nature du gouvernement et passions des individus, avec une dominance suffisante pour garantir la stabilité du régime. La démocratie requiert ainsi une dominance suffisante de la vertu, la monarchie une dominance suffisante du sentiment de noblesse, et la dictature une dominance suffisante de la crainte. Autrement dit, il est impossible d’imposer une dictature à des hommes qui n’ont pas peur, de régir tel un monarque quand personne ne croit en la noblesse de certaines « manières », et de favoriser la démocratie si l’égalité en droits n’est pas un principe reconnu.

Avec cette vision des correspondances du « politique », tendant vers des syntonies, on remarque d’autant mieux les décalages qui sont sciemment utilisés ou accentués par certains acteurs. C’est précisément dans « la » politique que l’on peut repérer ces velléités de basculement. Les programmes idéologiques portés par des acteurs qui entendent profiter de ce jeu qui permet la (re)distribution du pouvoir représentent « la politique » – « ce terme galvaudé et péjoratif par lequel nous entendons généralement le conflit, l’oppression, la manipulation et le mensonge »10 et qui selon Arendt n’a absolument rien à avoir avec « le politique ». En somme, la politique est le jeu auquel se livrent des acteurs dans les interstices du politique, et qui ouvre sur la « brèche » visible depuis cet « étrange entre-deux » où se tient Arendt11.

Montesquieu, le premier homme à avoir vu un « esprit » derrière les lois. [WikiMedia]

 

Le troisième larron

C’est ainsi que l’on peut voir le populisme comme un programme spécifique qui exacerbe le décalage entre la nature et le principe du gouvernement démocratique en faisant entrer dans ce dernier des passions reposant sur l’honneur et surtout la crainte. Les partis populistes qui importent des passions qui appartiennent à un autre ordre politique dévoient ainsi la démocratie. Dans les cas extrêmes, ils arrivent même à faire passer la crainte comme une vertu (« on a raison d’avoir peur »). Leurs slogans et leurs affiches sont pleins de mépris et même de haine pour ceux qui sont désignés comme des inutiles, voire comme des ennemis. A côté du terroriste et du mafieux, il y a donc un troisième larron : le populiste. Il y a effectivement des « affinités électives » entre le terrorisme et l’extrême-droite. Le fait que cette dernière se targue d’être la seule force capable de contrer le terrorisme doit justement nous faire voir que la mécanique de l’un et de l’autre est identique : la glorification d’un honneur soi-disant perdu. Cela constitue leur réponse commune à la crainte et à l’absence de sens qui se diffusent dans la société quand le décalage entre nature et principe du gouvernement atteint un certain seuil.

L’élection de Donald Trump, largement nourrie de populisme, a été rendue possible par le décalage grandissant entre nature et principe du gouvernement : les sondages n’ont pas su capter ce décalage car, devant les sondeurs qui représentent à leurs yeux le gouvernement, beaucoup d’électeurs n’ont pas osé exprimer leurs « passions ». La « majorité silencieuse » s’est formée en partie secrètement, et précisément dans la brèche hyper-médiatisée ouverte par Donald Trump avec ses slogans accrocheurs. Sa campagne politique, sans programme précis, peut être vue comme un dévoiement du régime républicain (au sens de démocratie) par des sentiments issus de la monarchie et du despotisme. Il n’avait pas besoin de programme précis : il lui a suffi de « déchaîner les passions ». Cette expression est on ne peut plus exacte, au sens propre comme au sens figuré : Donald Trump a enlevé les chaînes qui relient les passions vertueuses (égalité et légalité) à la nature démocratique du gouvernement qu’il dirige désormais. Il a largement ouvert les portes de la Maison Blanche à l’honneur et à la crainte. Et ces courants d’air claquent des portes et font du bruit ! Ce sont les courants d’air de la violence ordinaire, celle qui va maintenant prendre les apparences de la routine (les décrets présidentiels qui vont se suivre).

Dire qu’il y a des affinités électives entre terrorisme et populisme, c’est se donner la chance d’en éviter la mécanique implacable avant qu’il ne soit trop tard. Toutefois, les populistes ne peuvent pas aussi facilement prendre le « contrôle « politique » du territoire » dont parle Luppi à propos de la mafia et de l’EI. Là où les mafieux pratiquent le racket d’argent et les terroristes le racket des âmes, les populistes pratiquent le racket de voix. La désignation de boucs émissaires sur lesquels peut se projeter la frustration des laissés-pour-compte est la parade que trouvent les populistes pour gagner des voix. Où ils accèdent au pouvoir, la violence verbale et physique augmente. Mais, contrairement au mafieux et au terroriste, le populiste doit se maintenir dans la légalité.

Donald Trump entend interdire le territoire américain à des personnes en raison de leur nationalité et de leur religion. Cette confiscation de droits à certains est (déjà) la goutte qui fait déborder le vase. Les institutions politiques américaines commencent cependant à stopper cette dérive12 et il reste très probable qu’on n’assistera pas à une dégradation des institutions pareille à celle qu’on observe en Turquie13. Cependant, le décret Trump sur l’immigration ne peut que renforcer les réactions violentes. On se situe ici au début d’un cercle vicieux dont il s’agit d’éviter l’emballement. Ce cercle vicieux se met en place par affinités électives entre terrorisme et populisme. Et la louve qui les nourrit est l’utilitarisme. Le terrorisme et le populisme sont les deux mamelles de l’utilitarisme auxquels s’abreuvent, chacun de son côté, les frères ennemis.

 

L’utilitarisme comme soubassement

Le populiste d’extrême-droite est donc le « troisième larron », à côté du terroriste et du mafieux, qui fait de la crainte son principe discursif central, une peur qui brouille l’esprit et qui amène finalement à confondre la sécurité avec la distinction entre ceux qui méritent et ceux qui ne méritent pas de vivre sur un territoire donné14. L’analyse d’Arendt sur « l’homme superflu » garde malheureusement toute son actualité. Elle ne s’est pas éteinte avec le procès de Nuremberg ni celui de Jérusalem où Eichmann clamait qu’il n’a fait « qu’exécuter les ordres »15. Arendt a montré comment les crimes les plus atroces peuvent prendre les traits de la violence ordinaire, à travers les actes d’agents qui se voient comme de simples rouages d’un système « rationnel » auquel ils ne sauraient se soustraire ni désobéir. La force de cette analyse est qu’elle montre que la routinisation de la violence peut se trouver dans tout ordre découlant d’une raison supérieure indémontrable :  il peut s’agir de « la volonté de Dieu », de « l’homme nouveau », de la « loi du marché » ou de toute autre injonction ayant sa rationalité propre et à laquelle on doit simplement croire. Cette dimension vertigineuse de la violence ordinaire transparaît dans des « mesures administratives », des « ajustements structurels », des « délocalisations », toutes choses soutenues par la logique utilitariste.

Le terroriste est un utilitariste égoïste16 : il envisage ses actions selon une logique coût-bénéfice (mort-honneur, et dans sa version islamiste martyre-accès au paradis) absolument égoïste. Il est conséquentialiste, envisageant la justice uniquement à travers le prisme des effets voulus de ses actes (c’est-à-dire ses propres représentations), ce qui le conduit à déformer, voire à nier, la nature odieuse de ses actes. Ainsi, assassiner devient un moyen et n’est plus vu comme l’acte le plus odieux qui puisse être (s’arroger le droit d’ôter la vie d’autrui). L’acte terroriste est vu par le terroriste comme « utile », et cette utilité prend à ses yeux le dessus sur toute autre considération.

Le populiste est également utilitariste : il envisage ses slogans comme le moyen d’assouvir ses intérêts égoïstes auxquels il est prêt à presque tout sacrifier17. L’utilitarisme du populiste est évident : il utilise la frustration comme arme. Le plus tristement célèbre des populistes est Adolf Hitler. Il a poussé l’utilitarisme à son paroxysme en nationalisant le sentiment d’humiliation des bourgeois déclassés par la crise de 1929 : « Arendt insiste sur le rôle joué dans cette histoire par une figure « idéale-typique », celle du philistin, qu’elle juge représentative d’une évolution économique et sociale aux conséquences politiques si désastreuses »18. Le système totalitaire, analysé par Arendt, repose largement sur la frustration du « bourgeois déclassé » : « Pour les impitoyables machines de domination et d’extermination, la masse coordonnée des philistins était un matériau bien meilleur et capable de crimes bien plus grands que les soi-disant criminels professionnels, pourvu que ces crimes fussent soigneusement organisés et eussent l’apparence de travaux de routine »19. La perversité du discours populiste est qu’il prépare les conditions par lesquelles s’enclenche le cercle vicieux de l’exclusion et de la vengeance.

 

Des systèmes d’action atrophiés

Il y a des correspondances entre les niveaux macro et micro-sociologiques. La réduction du politique à « la » politique est le reflet de systèmes d’action individuels qui s’atrophient car ils manquent de fluidité. Inspirée de la théorie de la structuration20, ma perspective sociologique envisage les individus comme des acteurs sociaux qui se relient au système social à travers une structure faite de règles et de ressources. Cette structure est représentée par le « système de l’acteur » qui postule que toute action mobilise des activités, des relations, des valeurs, des images de soi et des motivations, formant un système de représentations grâce et à travers lesquelles l’individu s’oriente réflexivement.

 

Le système de l’acteur21

schéma Stoecklin

Ces cinq éléments sont des dimensions de l’expérience à travers lesquelles nous lisons la réalité (intériorisation) et à travers lesquelles nous agissons (extériorisation). Elles sont à la fois structurées et structurantes. C’est l’individu réflexif qui donne à cette structure une plus ou moins grande prégnance critique sous forme d’interprétations et de réagencements continuels de ses perceptions et de ses actions.

L’idée de syntonie évoquée plus haut me semble pertinente pour comprendre la « participation » des individus à leur environnement. Tiré de la physique, où elle désigne l’état d’ondes qui oscillent à la même fréquence, le concept de syntonie permet de concevoir la participation au monde comme une correspondance entre le système social et le système de l’acteur. J’ai suivi cette perspective dans la recherche sur la capabilité participative des enfants dans les activités de loisirs organisés. On constate que les enfants s’épanouissent à travers des formes de participation caractérisées par la « syntonie » entre le système d’action de l’enfant et le système organisationnel de l’institution (les centres de loisirs fréquentés par les enfants). On peut ainsi identifier trois formes : la capabilité participative adaptative, la capabilité participative innovative et la capabilité participative coopérative22.

Cette perspective me semble aujourd’hui féconde pour éclairer d’autres champs. En s’inspirant de Montesquieu, les décalages entre nature et structure du gouvernement peuvent ainsi être vus comme des perturbations de l’équilibrage entre systèmes sociaux et systèmes d’action individuels. Une « a-syntonie » importante entre ces deux systèmes entraîne « la perte du monde commun »23. Les concepts de syntonie et d’a-syntonie me semblent fournir une vision plus complète de ces mouvements « superficiels » que sont la désaffiliation et la radicalisation qui ne sont observés qu’en se focalisant sur les individus désaffiliés ou radicalisés. Une vue plus large et plus en profondeur est possible lorsqu’on situe ces phénomènes au niveau de la « désintégration politique » identifiée par Arendt et que je propose d’analyser comme une « a-syntonie » entre systèmes sociaux et systèmes d’action individuels.

Avant et pour que de tels évènements surviennent, des individus fragilisés ont été enclins à écouter les sirènes d’une mise en récit dramatisante de leur destinée et d’une promesse de rédemption. Le cercle vicieux de l’oppression par les anciens opprimés s’enclenche alors inexorablement. Il s’agit donc de le prévenir avant qu’il ne puisse démarrer. Les systèmes d’actions individuels s’atrophient lorsque la réflexivité des individus ralentit et n’est plus assez active pour rester critique. Cela arrive lorsqu’on se repose (par paresse ou par fragilisation) sur une idéologie, un « prêt-à-penser » qui nous dispense de faire l’effort intellectuel consistant à donner un sens à nos actions : le sens est alors donné de l’extérieur. Cette hétéronomie est à la fois le moyen et l’effet pervers des idéologies. Arendt voit justement l’idéologie comme une « cohérence » trompeuse : elle fait apparaître logique un discours qui ne représente en fait qu’un blocage de la pensée. Avec le « système de l’acteur » on peut voir le processus à l’œuvre. On peut observer le processus d’une pensée mourante : quand le système réflexif ne fonctionne plus qu’en une boucle ressassant toujours les mêmes idées, lissées jusqu’à n’avoir plus aucune aspérité et donc aucune prise pour d’autres idées qui sont d’abord écartées avec véhémence pour finir par ne plus rien représenter du tout, l’esprit asséché par l’obsession étant désormais trop faible pour boire à d’autres sources. L’antidote est à la fois simple et exigeant : réfléchir et faire réfléchir !

 


Références:

1. Max Weber (2004). L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Paris : Gallimard (traduction de la version originale, en allemand, « Die Protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus », publiée en 1905).

2. Hannah Arendt (2002). Les Origines du totalitarisme – Eichmann à Jérusalem (édition établie sous la direction de P. Bouretz, traduction collective, Paris : Gallimard, collection « Quarto ». Traduction de l’original (1951). The Origins of Totalitarianism. Harcourt Brace & Co, New-York.

3. Jean-Claude Poizat (2013). Hannah Arendt, une introduction. Paris : La Découverte, Pocket, p. 43.

4. Poizat (op.cit.), p. 44.

5. Charles Louis de Secondat (baron de Montesquieu). De l’esprit des lois. Edition L. Versini, tome I, Gallimard, collection « Folio-Essais », 1995.

6. Poizat (op.cit.), p. 61.

7. A l’exemple de la République romaine, comme le relève Poizat (op. cit.).

8. Les « affaires » d’abus de biens sociaux en sont un indicateur très sensible, à l’instar de l’actuel « Penelopegate » en France (suspicion d’emploi fictif qui aurait été confié par François Fillon à son épouse).

9. La notion de syntonie désigne, en physique, des ondes oscillant à la même fréquence. Je reprends cette notion plus loin dans ce texte.

10. Poizat, op. cit., p. 25.

11. Voir l’introduction de Poizat (op. cit.) : Entre passé et futur : penser dans la brèche, p. 13-17. Sur la notion d’ « entre-deux », voir Arendt (1972). La crise de la culture. Paris : Gallimard p. 19.

12. Le 5 février 2017, Donald Trump a été désavoué par une cour d’appel qui a confirmé que le décret visant l’interdiction de territoire américain aux ressortissants de 7 pays musulmans ne pouvait être appliqué.

13. Le président Erdogan poursuit l’objectif d’être non seulement le chef de l’Etat mais également de contrôler l’exécutif et le Conseil suprême de la magistrature. La séparation des pouvoir n’est plus garantie en Turquie. Voir Ahmet Insel (2017). La nouvelle Turquie d’Erdogan. Du rêve démocratique à la dérive autoritaire. Paris : La Découverte. Les purges qui ont eu lieu dans les académies et dans le corps judiciaire en 2016 sont des signes évidents d’une orientation totalitaire. Actuellement, des professeurs d’universités turques sont régulièrement dénoncés par des étudiants lorsqu’ils sont jugés « trop critiques » (communication personnelle).

14. Parmi les représentants de cette posture, Marine Le Pen en est un exemple presque caricatural.

15. Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, responsable de la logistique de la « solution finale », retrouvé par des agents du Mossad à Buenos Aires en mai 1960, exfiltré en Israël, jugé à Jérusalem, condamné à mort et exécuté en avril 1961.

16. De nombreuses versions de l’utilitarisme se sont développées depuis Jeremy Bentham (1748-1832), père de l’utilitarisme hédoniste. La considération pour le bien-être du plus grand nombre, et non le bien-être individuel, semble a priori noble. Cependant sa mise en œuvre contient le danger du totalitarisme car le « bien-être » peut reposer sur la définition (par un ou un groupe particulier) de ce qui est souhaitable pour tous.

17. Le populiste et le mafieux sont aussi égoïstes que le terroriste, à la différence qu’eux ne sont pas prêts à « mourir pour des idées ». Le sage lui n’est pas égoïste, et il conçoit l’engagement au monde comme une modération des passions (comme le suggèrent les paroles de Brassens « mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente… », dans la chanson du même titre).

18. Poizat, op. cit., p. 53 ; Poizat spécifie : « Historiquement, le terme « philistin » vient de l’argot estudiantin allemand du XIXème siècle, et désigne ceux qui n’ont pas fait d’études (par allusion au peuple combattu par Samson dans la Bible). Par extension, il désigne le bourgeois utilitariste et vulgaire qui n’a aucun égard pour la culture et le savoir ».

19. Hannah Arendt (1972). Le Système totalitaire. Paris : Le Seuil, p. 65

20. Anthony Giddens (1987). La constitution de la société. Paris : PUF (pour l’édition française).

21. Daniel Stoecklin (2009). L’enfant acteur et l’approche participative. Le droit des enfants de participer. Norme juridique et réalité pratique : contribution à un nouveau contrat social. J. Zermatten & D. Stoecklin (Eds.), IUKB/IDE, p. 47 – 71.

Une version pratique du « système de l’acteur » est exposée dans l’ouvrage « Voir sa vie autrement », http://www.thebookedition.com/fr/voir-sa-vie-autrement-p-345412.html?search_query=stoecklin&results=1 ; voir également mes travaux répertoriés sous www.unige.ch/cide et sous www.active-self.com.

22. Daniel Stoecklin, Jean-Michel Bonvin, Ayuko Sedooka (rapport au Fonds national suisse de la recherche scientifique).

23. La perte du monde commun est, selon Arendt, l’aboutissement de la logique totalitaire : « A son stade ultime, elle entraînera la perte du monde commun pour engendrer finalement le monde de la désolation, qui est l’œuvre caractéristique de la domination totalitaire » (Poizat, op. cit., p. 55).

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