© lexpress.fr
Rome, un soir d’avril 2013. Un lundi comme les autres dans la capitale italienne, les gens se lèvent, prennent leurs capuccinni sur le pouce dans l’un des nombreux cafés de la ville, et s’en vont travailler. Les touristes investissent la Place Saint-Pierre, le Colisée et d’autres sites majestueux qui font la fierté de la ville.
Rares cependant sont ceux qui feront la visite le soir de l’Olimpico1, le stade que se partagent les tifosi2 de la Roma et de la Lazio. Ils ont tort, car le football à Rome, comme dans toute l’Italie, est plus qu’un sport, il fait partie intégrante de la vie socio-culturelle de tout un chacun. On parle d’ailleurs dans la péninsule de fede calcistica, à savoir une véritable foi footballistique.
Du paysan à l’homme d’affaire, l’emploi du temps dominical de l’Italien peut se résumer de la façon suivante : le midi à l’église, l’après-midi au stade. Et ceci, jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat. Citons à cet égard Silvio Berlusconi, qui a longtemps porté la double casquette de président de l’AC Milan et de président du Conseil. Pour les plus anciens, c’est le nom de l’inoxydable Giulio Andreotti, sous secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil en charge du sport entre 1947 et 1953, et également sept fois président du conseil jusqu’en 1992, qui revient le plus. Il confessera durant sa carrière politique « qu’il avait au cours de sa vie professé une double foi, Dieu et la Roma ».3
L’équipe de Jet d’Encre, présente à Rome ce lundi d’avril, n’est pas là pour faire du tourisme. Dans la légendaire Curva Nord, tribune où siègent les tifosi laziales, elle s’apprête à vivre un des derbies les plus chauds d’Europe qui voit s’affronter l’aigle de la Lazio et la louve romaine : la stracittadina di Roma.4
Aux racines du Derby
La Societa Sportiva Lazio est le premier club fondé à Rome le 9 janvier 19005. Elle tire son nom de la région où se situe la capitale italienne, le Latium. L’Associazione Sportiva Roma, quant à elle, naît en 1927 de la fusion de plusieurs clubs de la ville. Avant cette date, pas moins de huit équipes romaines participent au championnat italien de première division : la Lazio donc, le Roman, la Juventus, le Furtitudo, l’Alba, l’Audace, l’UC Romana et la Pro Roma. Certaines de ces équipes commencent à se regrouper entre 1920 et 1927.
Elles ne seront plus que trois dans les bureaux d’Italo Foschi6 le 22 juillet 1927 pour la première réunion officielle de l’A.S. Roma. Durant toutes ces années de regroupement, la Lazio n’a jamais voulu entendre parler de ce projet. Toujours en retrait lors des négociations, elle va garder une indépendance totale. A l’aube des années trente, la capitale italienne ne compte donc en son sein plus que deux équipes, qui vont devenir les deux symboles sportifs de la ville, et s’implanter durablement dans les masses populaires : l’A.S. Roma et la S.S. Lazio.
Ce qui distingue au premier coup d’œil ces deux institutions est leurs couleurs respectives : le bleu et le blanc pour les laziales, le jaune et le rouge pour les romanista7. Le fait que les giallorossi8 aient choisi les couleurs du drapeau du Capitole va rapidement rendre populaire l’A.S. Roma dans les vieux quartiers historiques de la ville, et dans sa périphérie urbaine9. De plus, la louve, mère de Romulus et Remus, est officiellement affiliée au logo de l’A.S. Roma depuis un accord avec la ville de Rome en 1997, renforçant l’identité purement romaine de ce club.10
Les couleurs laziales puisent leurs origines en Grèce, le club ayant été fondé dans une période de renaissance de l’esprit olympique antique11. En effet, la date de fondation de la Lazio se situe quatre ans après les premiers jeux olympiques de l’ère moderne à Athènes. Le bleu et le blanc honorent donc la Grèce, patrie de l’Olympie. De par son nom, et ses couleurs assez éloignées de celles de la ville de Rome, la plupart des tifosi de la Lazio se situe dans une aire géographique plus large.
Du terrain…
Le derby est surtout une histoire d’hommes. Qu’on se le dise, ceux qui ont marqué l’histoire de cette confrontation fratricide sont tous des grands joueurs. Le premier à s’illustrer lors de ce match se nomme Rodolfo Volk. Arrivé de Florence où il jouait précédemment sous le nom de « Bolteni », afin d’éviter de devoir se soumettre à ses obligations militaires, cet avant-centre italien de l’A.S. Roma marque le premier but de l’histoire officielle du derby. Il permet qui plus est à son équipe de l’emporter, inscrivant là l’unique réalisation de la rencontre. Le premier derby de l’histoire revient à l’A.S. Roma.
Coté laziale, comment ne pas citer Giorgio Chinaglia12, a.k.a « Long-John » ? Ce joueur, émigré dans sa jeunesse aux Pays de Galles, fit le bonheur de la grande Lazio des années 70, celle du premier scudetto13 de l’histoire du club en 1974. Un bad-boy, un vrai, un de ceux capables de tacler son propre équipier suite à une mauvaise passe, et qui garde toujours un flingue dans sa voiture, au cas où. Attaquant racé, Giorgio fut l’auteur de cinq réussites dans les derbies, marquant ce match de son fort caractère. Il finit sa carrière aux New-York Cosmos, aux côtés de Beckenbauer et Pelé, excusez du peu. Au pays de l’Oncle Sam il inscrivit pas moins de 242 buts en 254 matchs, éclipsant totalement ses illustres coéquipiers. Revenu en Italie à la fin de sa carrière de footballeur, il fit une pige à la présidence de la Lazio, sans succès. La fin de sa vie sera marquée par des soupçons de corruption et d’appartenance à la mafia à son encontre. Un monsieur.
Plus récemment, Rudi Völler, Roberto Mancini, Vincenzo Montella, Giuseppe Signori, Marco Delvecchio, Miroslav Klose, Juan Sebastiàn Verón, Pavel Nedved, et nombre de grands joueurs ont forgé la légende du derby.
Di Canio bien sûr, resté dans la légende pour sa fameuse corso sotto la Sud, où il se précipite sous la tribune sud de l’Olimpico et pointe du doigt les supporters romanistes d’un air moqueur.
Montella, pour son match de folie du 10 mars 2002. L’A.S. Roma explose littéralement la Lazio cinq buts à un, le bonhomme claque quatre buts, performance inédite dans la stracittadina. La voix de Carlo Zampa est portée disparue depuis ce jour-là.
Totti14, forcément, pour son record de buts dans le derby, neuf, et pour ses années de capitanat chez les giallorossi, quinze. Le même prénom que le nouveau pape, mais une cote de popularité bien plus élevée dans la capitale italienne.
Totti, Totti, Totti… Le symbole de l’A.S. Roma. Le soir du match où Jet d’Encre est de la partie une banderole émerge de la Curva Sud où l’on peut lire : « noi 20 anni di Totti, voi 20 anni di Tutti »15. La guerre des banderoles est lancée, comme à chaque derby depuis près de vingt ans. Cette manière pacifique de crier sa haine de l’adversaire n’est, malheureusement, pas la seule forme d’expression des tifosi des deux camps.
Aux tribunes
Chaque derby a son lot d’incidents. Certaines années, les affrontements sont particulièrement violents. C’est le cas du derby d’octobre 1979 où des supporters de la Roma lancent depuis leur tribune trois fusées éclairantes en direction de leurs ennemis, un supporter de la Lazio est touché Vincenzo Paparelli, 33ans. Il décèdera dans les bras de son amie. Le contexte est particulièrement tendu cette saison là : lors des deux années précédentes se sont formés deux importants groupes ultras, le Commando Ultra Sud du coté romaniste, et les Eagle’s Supporters coté laziale.16
Ultras est le terme communément employé pour désigner les groupes de supporters actifs des clubs de football. Ils s’occupent de l’animation des tribunes que ce soit lors de matchs à domicile, ou à l’extérieur. Sébastien Louis, spécialiste du mouvement italien, les définit de la manière suivante : «Ultras est la dénomination qui est donnée pendant la Restauration à ceux qui voulaient pousser à leurs dernières conséquences les principes de la royauté. Ce terme est repris pour désigner les jeunes supporters italiens qui s’organisent au sein d’associations pour soutenir activement les équipes de football à partir de la fin des années 1960.17 »
La mort de Paparelli va être un des évènements constitutifs de la haine que se vouent les deux Curvas. Pour illustrer cet élément, notons l’ignoble banderole sortie par les ultras de l’A.S. Roma lors de la saison 1998-1999. « 28/10/79 : ESEMPIO »18, en référence à la mort du supporter laziale.
Il est d’usage d’affirmer que les ultras de la Lazio sont souvent assimilés politiquement à des nationalistes, flirtant avec l’extrême droite. On constate facilement cela les jours de match de l’un des deux clubs de la capitale. Nombreux sont les drapeaux italiens qui fleurissent la Curva Nord, et de manière plus occasionnelle, des bannières ornées de la croix celtique19 les accompagnent. Symbole de cette dérive extrémiste des supporters laziales : le fameux salut fasciste de Di Canio envers la Curva Nord, après une défaite contre Livourne, club connu pour ses supporters d’extrême gauche. Il aggrave son cas en récidivant quelques années plus tard dans le derby. Un geste qu’il qualifie de « salut romain, en direction de ceux qui partagent les mêmes opinions que lui ».
Côté romaniste peu, voire pas du tout de drapeaux italiens, on s’identifie davantage aux couleurs, jaunes et rouges, du club, ainsi qu’aux insignes S.P.Q.R20, de la ville. La tribune sud de l’Olimpico est réputée historiquement de gauche, voire d’extrême gauche, plus centrée sur le prestige de la Rome antique que sur celui de l’Italie contemporaine. Cependant, résumer les deux Curvas à une orientation politique ou l’autre est réducteur. Sébastien Louis, dans son ouvrage sur le mouvement ultras en Italie, nous explique qu’ « à l’inverse des années 1970, où les penchants gauchistes dominaient parmi les ultras, il y a désormais une percée de l’extrême droite »21. Toutes les tribunes d’Italie, dès le début des années 1990 sont touchées de près où de loin par le phénomène, que nous retrouvons même chez les ultras de l’A.S. Roma, qui ont pourtant une réputation de gauchistes. Tout cela n’est pas anodin, on constate durant cette période de graves problèmes d’immigration en Italie. À cette occasion, des partis ouvertement populistes et xénophobes font une entrée fracassante dans le paysage politique de la Péninsule.22 À l’aube de la rencontre à laquelle nous allons assister, perdure toujours le mythe d’une Curva Sud antifasciste, gauchisante, et une Curva Nord nationaliste, bien ancrée à droite, parfois ouvertement fasciste et xénophobe.
Cependant, ce qui rassemble les deux Curvas de l’Olimpico, c’est leur moyenne d’âge. On y trouve beaucoup de jeunes et très peu de familles. La barre doit certainement se situer entre 25 et 40 ans. Les violences qui ont émaillé certains matchs de Série A ne poussent pas les plus jeunes générations, ainsi que les personnes âgées, à se rendre au stade. La folie qui s’est emparée de Rome lors du derby du 21 mars 2004, en est la preuve. À l’approche de la mi-temps, alors que le score est toujours de 0-0, une folle rumeur s’empare des travées du stade. Un enfant aurait été tué par les forces de l’ordre à l’extérieur de l’enceinte.
L’Olimpico s’embrase, certains chefs de la Curva Sud pénètrent sur la pelouse pour interpeller Francesco Totti et lui demander l’arrêt du match. Sous la pression populaire, le président de la Fédération italienne de Football ordonne l’interruption de la rencontre. Cette rumeur, finalement infondée, provoque un chaos complet dans la capitale. Affrontements entre supporters et policiers, prise d’assaut du siège de la fédération, Rome ressemble à un champ de bataille. Pas étonnant alors que ce climat d’insécurité qui se dégage des stades italiens n’incite pas les mineurs, les familles ainsi que les « seniors » à venir supporter leur équipe, à domicile et encore moins à l’extérieur.
Il est vrai que le déplacement d’un groupe Ultras en Italie ressemble à tout sauf à une partie de plaisir. Les supporters laziales qui ont fait le déplacement à Milan le 11 novembre 2007 peuvent en témoigner. Une banale rixe sur une aire d’autoroute précipite le destin de Gabriele Sandri. On ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé ce jour-là. Seule certitude : un policier abat ce jeune supporter de 26 ans, dans une confusion totale. La police invoque une balle perdue, les supporters hurlent à l’assassinat.
Le mouvement ultras italien, dans son ensemble, riposte. Des matchs de Série A sont annulés, et des émeutes éclatent un peu partout dans la péninsule, surtout à Rome.23 Un an plus tard, un magnifique hommage est rendu à Gabriele, par la légende Francesco Totti himself. Accompagné par des membres de la Curva Sud, il dépose un bouquet de fleurs au pied de la tribune laziale. Les larmes n’ont pas de couleur, comme le dit si bien la banderole déployée, un momento profondamente bello :
Le match
La météo est clémente ce lundi 8 avril, jour de derby dans la capitale italienne. Après s’être attelé à la dégustation de quelques bières locales, l’équipe de Jet d’Encre quitte le quartier du Prati où elle loge, direction le Stadio Olimpico. Notre résidence se situant dans le centre de Rome, à deux pas du Vatican, rien d’étonnant à ce que nous croisions essentiellement des supporters de l’A.S. Roma au départ de notre périple. Durant tout le chemin, une impressionnante ferveur se dégage de la ville : aujourd’hui c’est le derby, et ça se ressent sur tous les visages. Les écharpes et maillots sont de sortie, les terrasses bondées. Septante-mille Romains convergent d’un pas décidé vers le stade. Les bus sont blindés et à chaque carrefour trône un agent de la circulation qui se démène tant bien que mal pour fluidifier le trafic. Une entreprise perdue d’avance.
Quarante-cinq bonnes minutes de marche plus tard, nous nous retrouvons au pied de la Curva Sud. Il nous paraît opportun, dès lors, de cacher les deux-trois écharpes laziales achetées pour l’occasion afin de ne pas s’attirer la foudre de certains supporters de l’A.S. Roma. Devant le stade, la présence policière impressionne : des fourgons à perte de vue, la cavalerie nationale et même un hélicoptère, quadrillent le périmètre du stade. Les forces de l’ordre sont sur le qui-vive, et ils ont raison. En effet, devant l’enceinte nous assistons à un début d’échauffourée entre supporters des deux camps, rapidement maîtrisé par les carabinieri24. En se frayant, tant bien que mal, un passage à travers les différents barrages mis en place par la police, nous atteignons enfin l’entrée de la Curva Nord.
Désormais, les couleurs jaune et rouge sont remplacées par le bleu céleste des supporters de la Lazio. Chauffés à bloc par un de nos collègues genevois, supporter de la Lazio qui effectue là son premier déplacement à l’Olimpico, nous ressortons nos écharpes et nous dirigeons vers notre secteur. L’équipe de Jet d’Encre passe un premier contrôle de billets, s’en suit un immense tourniquet où un petit filou en profite pour se glisser à l’intérieur de l’enceinte en compagnie de l’un des membres du groupe. Un de nos amis, abonné de la Juventus, nous chuchote que c’est une pratique courante en Italie. Résultat, dans de nombreux matchs de Série A, les différentes tribunes accueillent souvent plus de monde que prévu, certains spectateurs prenant place parfois dans les escaliers. Dernière étape avant la libération, une fouille minutieuse nous est imposée par la police. Nous pénétrons finalement dans l’enceinte, excités comme des enfants devant leur cadeau de noël.
Au vu des coutumes locales, on comprend très vite que les places indiquées sur nos billets ne sont qu’indicatives. On repère rapidement un petit trou pas loin de nos « vraies » places, et on s’y engouffre. Postés entre un « crew » de quarantenaires, adeptes de la fumette, et un groupe de jeunes aux crânes dégarnis, nous sommes enfin prêts à vivre pleinement le derby. Force est d’admettre que nous n’avons pas croisé une seule personne de couleur ou issue de l’immigration jusqu’à notre arrivée à nos sièges.
Une heure avant le match, les groupes de supporters des deux clans donnent déjà de la voix. Les supporters laziales prennent un malin plaisir à rappeler à leurs homologues qu’ils sont la Prima Squadra della Capitale25. Ce slogan se retrouve sur de nombreuses écharpes, t-shirts, et drapeaux. Les premières banderoles haineuses commencent à fleurir dans les deux Curvas. Tout le monde en prend pour son grade : les joueurs adverses, les dirigeants des deux clubs, et même Michel Platini26 qui a ordonné deux matchs de huis clos européens à la Lazio, suite à des débordements.
Les deux équipes entrent tour à tour sur la pelouse pour l’échauffement. La Roma effectue le sien sur la piste d’athlétisme qui sépare le terrain de ses supporters afin de prendre la température de ses partisans. L’équipe de Jet d’Encre, qui a pourtant roulé sa bosse dans plusieurs stades en Europe, assiste pour la première fois à un échauffement de ce type. Quoi de plus stimulant que de se chauffer à quelques mètres seulement d’une tribune en folie ?
Parlons football, puisque c’est de cela qu’il s’agit avant tout. Ce derby peut se résumer à un homme : Hernanes, le milieu brésilien de la Lazio. Il ouvre le score d’une splendide frappe du pied gauche qui va se loger dans la lucarne de Maarten Stekelenburg, le gardien hollandais de l’A.S. Roma. Gros chaos dans la tribune, le mouvement de foule nous emmène deux rangs plus bas, et quinze sièges sur la gauche. Un moment indescriptible, que cette vidéo va tenter d’illustrer au mieux.
En début de deuxième mi-temps, Hernanes rate l’occasion de donner deux longueurs d’avance à son équipe en manquant totalement la cible sur un penalty. Afin de finir la soirée en beauté, il se paye le luxe de commettre une faute dans sa surface qui est sanctionnée d’un nouveau penalty par l’arbitre. Francesco Totti, lui, ne tremble pas. Il égalise pour son équipe et rejoint Da Costa et Marco Delvecchio au classement des buteurs dans un derby avec neuf pions. Le match se finit sur ce score de parité.
Nous refermons cette parenthèse footballistique, car vous l’aurez compris : « le spectacle se déroule surtout dans les tribunes. » Nous avons beaucoup entendu cette phrase, nous venons d’en découvrir le sens.
À la fin du match les joueurs viennent saluer leur public, les derniers chants haineux retentissent dans l’enceinte et nous prenons la direction de la sortie. Le chemin du retour, agrémenté de bières et de sandwichs à la salsiccia27, se passe sans encombre. Une fois arrivés dans notre logis, la télé italienne nous apprend que l’avant-match a été plutôt mouvementé. Des bagarres ont éclaté dans la ville et aux alentours du stade. Bilan : trois supporters blessés à l’arme blanche et une ambulance attaquée. Preuve nécessaire que se rendre à ce genre de rencontres comporte toujours son lot de risques et d’incertitudes, raison pour laquelle être accompagné de personnes ayant l’expérience du « terrain » est quasi nécessaire. Nous n’avons jamais eu l’impression d’être en danger. Certes, les groupes ultras savent généralement se reconnaître, et il n’est pas rare qu’ils se donnent carrément rendez-vous dans certains lieux avant les rencontres. Cependant, nous avons ressenti beaucoup de tension, surtout avant la rencontre, et une certaine nervosité à l’approche du barrage policier séparant les deux entrées du stade, Sud et Nord. Pas en danger donc, mais pas en sécurité absolue.
Contents de ne pas avoir eu à éviter ces affrontements, et fatigués par cette longue journée, nous entamons une (très) courte nuit de sommeil avant notre retour à Genève. Certains s’endorment en fredonnant des chants de la Curva Nord, les autres avec les images encore toutes fraîches en tête de l’expérience unique qu’ils viennent de vivre.
Le débrief’
Les incidents d’avant-match du dernier derby ne laissent rien augurer de bon pour la finale de la Coupe d’Italie. En effet, pour la première fois de leur histoire les deux clubs vont en découdre en finale d’une compétition. Le rendez-vous est fixé au 26 mai 2013 et le spectacle, qu’il soit sur le terrain ou en dehors, promet d’être à nouveau bouillant. Le match a d’ailleurs été programmé à 18h, le préfet de la ville ne voulant plus que le derby se déroule en soirée depuis les incidents de ce 8 avril.
La passion et la ferveur qui entourent ce match, si particulier pour les Romains, a ému Jet d’Encre. La violence qui l’entoure l’a choqué. Le tifo28 de la Curva Nord l’a impressionné de par sa beauté. Pour tout fan de football qui se respecte, vivre un tel match est une obligation, une sorte de pèlerinage par lequel on doit passer pour se rendre compte de l’importance de ce sport de l’autre côté des Alpes. Une expérience à nulle autre pareille.
Jet d’Encre était là-dedans, quelque part en haut à gauche de l’image.29
Bibliographie
Fabien Archambault, Le contrôle du ballon : les catholiques, les communistes et le football en Italie. Ecole française de Rome, Rome. 2012.
Sébastien Louis, Le phénomène ultras en Italie, Editions Mare et Martin, Paris. 2006.
STRADERBY, Numero Unico dell’Aprile 2013 in supplemento a : News Roma Tv. Distribué gratuitement devant le stade le jour du match
1 Stade Olympique de Rome
2 Supporters en italien
3 Fabien Archambault, Le contrôle du ballon : les catholiques, les communistes et le football en Italie. Ecole française de Rome, Rome. 2012. P. 4.
4 Les romains appellent le derby de cette façon
6 Homme politique italien, ayant quelques affinités avec le fascisme, premier président de l’A.S. Roma
7 Le nom des supporters de l’A.S. Roma
8 Les jaunes et rouges en italien.
10 Cf. Supplément STRADERBY
11 Cf. Supplément STRADERBY
12 Pour plus d’informations sur ce phénomène, lire le magnifique hommage de SoFoot, quelques jours après son décès : http://www.sofoot.com/chinaglia-mort-d-un-bad-boy-155292.html
13 Titre décerné au vainqueur du championnat italien
14 Pour de plus amples informations sur Francesco Totti, lire le magnifique article de Stefan Renna dans ces mêmes colonnes : https://www.jetdencre.ch/francesco-totti-le-huitieme-roi-de-rome-2550
15 Comprenez : « Nous 20 ans de Totti, Vous 20 ans de tout. »
16 Sébastien Louis, Le phénomène ultras en Italie, Editions Mare et Martin, Paris. 2006. P. 58.
17 Sébastien Louis, op cit. 2006. P.12
18 « 28 octobre 79 : un exemple », Sébastien Louis, op. cit. 2006. P. 84
19 Symbole du mouvement « White power ».
20 Senatus Populus Que Romanus. Le Sénat et le peuple romain, sigle symbolique de l’Empire Romain.
21 Sébastien Louis, 2006. Op cit. P. 114.
22 Idem. Des partis tels que la « Lega Nord » et « Aleanza Nazionale ».
23 http://www.lemonde.fr/europe/article/2007/11/11/scenes-d-emeutes-en-italie-apres-la-mort-d-un-supporteur-de-la-lazio-rome_977079_3214.html.
24 Policiers italiens
25 La première équipe de la Capitale. La Lazio est le plus ancien des deux clubs.
26 Président de la Fédération Européenne de Football (UEFA)
27 Saucisse de porc, que l’on retrouve souvent aux abords des stades italiens.
28 Animation visuelle d’avant-match : voir la vidéo ci-dessous.
29 Vidéo trouvée sur http://www.ultras-tifo.net/photo-news/1521-roma-lazio-08042013.html où l’on peut également trouver de nombreuses vidéos et photos du match.
Je découvre, je constate. Jet dencre c'est mieux que l'Équipe! Je mets le lien vers l'article sur mon blog. Faites-vous…