Société Le 27 octobre 2012

À grandes bouffées vers la cigarette 2.0

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À grandes bouffées vers la cigarette 2.0

© Chris­tof­fer Ellegaard

La cigarette se met à la page. A l’heure où nos vies sont dirigées par l’électronique, c’est au tour de la cigarette de se donner un coup de jeune. Alors que l’initiative fédérale du 23 septembre 2012 visant à interdire les zones fumeurs dans tous les lieux de travail et espaces publics fermés a été rejetée par plus d’un million quatre cents mille Suisses (ils ont dit non à plus de 66%), les fumeurs aux cigarettes sans fumée, électroniques, sont en vogue. On se demande si c’est un effet de mode, un gadget qu’il faut avoir et à qui il s’adresse.

Lorsqu’on nous parle de cigarette électronique, on imagine un bout de plastique ou de métal, qui clignoterait aux LED de mille couleurs. On est donc un peu déçu lorsqu’on s’aperçoit que, pour la plupart (car il en existe de nombreux modèles), elles ont une forme de cigarette tout à fait banale.
On se souvient alors des paquets de cigarettes chewing-gum ou au chocolat que nous achetions certaines fois après l’école, pour se donner des airs de grands et rebelles, mais dont la fumée au sucre glace était bien éphémère. Parlons encore de ces fausses cigarettes pour adultes aux embouts de tous coloris vendues dans les tabacs.
Ici, on est bien loin de la gomme à mâcher, du chocolat ou du plastique coloré au goût de menthe. L’innovation est dans le mécanisme de ces petites choses si critiquées en tant normal. En effet, il s’agit d’un embout ressemblant (ou non) à une cigarette. Il ne contient pas de tabac et fonctionne grâce à un pulvérisateur qui, en contact avec une capsule contenant du liquide, envoie de la vapeur en guise de fumée lorsque le fumeur (ou vapoteur comme l’appellent certains) aspire, comme avec une vraie cigarette.

La question vient alors très vite à l’esprit : quel besoin, si ce n’est d’inventer un gadget de plus afin « d’être à la page », y avait-il de créer ce type de cigarette ? Puis, en navigant entre les sites web de plusieurs revendeurs, on apprend que la motivation principale du produit est d’aider les fumeurs à lutter contre leur dépendance. On propose ainsi au consommateur de choisir entre de nombreux modèles, allant de la cigarette à la pipe, en passant par le cigare! Quant au goût, il ne se limite pas à celui du tabac, puisque le consommateur choisit s’il veut son e-clope à la menthe, au tabac, au melon, à la pomme ou bien d’autres. On peut doser également le degré de nicotine dans le produit, voire l’exclure totalement. Finalement, le prix est attrayant, puisqu’on en trouve dès 70 CHF sur un site suisse et les recharges valent en moyenne 8 CHF, sachant qu’en durée, chaque capsule de recharge promet celle d’une cartouche de cigarettes. Le budget et une meilleure santé sont donc les principales motivations de ses consommateurs. Il n’y a alors a priori, aucun danger pour les consommateurs de ces nouvelles cigarettes, ni pour leur entourage.

 

Fumeurs électroniques, fumeurs non-nocifs?

En effet, le principal produit contenu dans ces cigarettes du XXIe siècle est le propylène glycol, qui sert à la production de vapeur. Lorsque l’on se renseigne sur ce type de composant il est dit que de nombreux aliments en contiennent, qu’il s’agit d’un additif alimentaire souvent utilisé, servant d’édulcorant et remplaçant dans la plupart des cas la glycérine.  Mais il est également utilisé par l’industrie du tabac et, plus étonnant, par le milieu du spectacle, puisque les machines lançant la fumée dans les boîtes de nuit fonctionnent selon le même principe que les cigarettes électroniques lorsqu’elles recrachent de la vapeur. Le succès de ce produit inquiétant les institutions de la santé publique, plusieurs recherches sont en cours, mais aucune donnée n’est pour l’instant communiquée (on ne connaît pas, par exemple, les effets du propylène glycol à long terme sur l’organisme).
Lorsqu’on cherche l’avis de consommateurs sur Internet, dans les forums, on trouve beaucoup de commentaires de ces fumeurs du futur. Si certains disent avoir arrêté de fumer ou avoir fait de grandes économies sur leur budget, d’autres parlent de la possible nocivité du composant cité plus haut, ou encore de fortes dépressions liées au produit. En Australie, la e-cigarette est interdite, tandis que le tabac, bien qu’à un prix très élevé, se vend en toute légalité. Il faudra donc pour ces consommateurs, dans les années futures, rester attentifs à l’évolution des recherches.

 

Retour de la clope dans les bistrots?

Si le degré de nocivité des e-fumeurs n’est pas encore très bien défini, il semble que pour l’instant, la question de la fumée passive soit également écartée. Puisque le produit n’émet pas la fumée d’une cigarette classique, il devrait être toléré dans les établissements publics (bien qu’on pressent qu’il ne soit pas accueilli à bras ouverts), tels que les bars, discothèques, restaurants, transports en commun et même au sein des bâtiments publics et sur les lieux de travail!

La cigarette électronique serait-elle donc une revanche des fumeurs face à ces restrictions, plus sévères encore dans le canton calviniste? Avis aux réfractaires…

 

Commentaires

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Phillipe Maurice

Un bon article à mon sens, y compris la remarque conclusive. En quoi le fait que les industriels aient économiquement…

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Lectrice

Bonjour, L'article est intéressant mais les conclusions totalement erronées selon moi. Comment peut-on conclure que l'e-cigarette est une revanche des…

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Lectrice

Bonjour,

L’article est intéressant mais les conclusions totalement erronées selon moi. Comment peut-on conclure que l’e-cigarette est une revanche des fumeurs marginalisés par la nouvelle loi anti-tabac, quand on sait que ce sont les industriels qui sont les inventeurs et premiers intéressés de ce nouveau type de cigarette?

Je pense que votre animosité envers les fumeurs vous a aveuglé lors de la rédaction de ce billet.

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Phillipe Maurice

Un bon article à mon sens, y compris la remarque conclusive.

En quoi le fait que les industriels aient économiquement intérêt à commercialiser la cigarette électronique discrédite-t-il l’assertion selon laquelle ce nouveau produit pourrait bien représenter une certaine revanche pour des fumeurs exclus des lieux publics?

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