L’affiche de la 16e édition du Festival FILMAR en América latina a été réalisée par Carlos Mancini.
Le mois de novembre n’est pas particulièrement réputé pour sa douceur et son ensoleillement sous nos latitudes. Pour mettre du baume à nos cœurs engourdis, le Festival FILMAR en América Latina propose plus de quatre cents projections, du 15 au 30 novembre, à Genève, dans diverses autres villes de Suisse romande et en France voisine. Entre fictions et documentaires, les cinéphiles découvriront un panorama très éclectique du septième art latino-américain, jonglant entre passé et présent. Un voyage temporel, sensoriel et visuel à travers les histoires, les doutes, les cultures, les musiques, les conflits et les joies de ce fascinant continent.
Après les pays andins – Équateur, Pérou et Bolivie – lors de la précédente édition, FILMAR a choisi cette année de donner un coup de projecteur au cinéma argentin, en lui consacrant une rétrospective. Pourquoi l’Argentine ? « 2014 est une année anniversaire pour le cinéma de ce pays », explique Sara Cereghetti, la directrice du Festival. « En effet, c’est en 1914 que le premier long-métrage argentin voit le jour (Amalia, d’Enrique García Velloso). Nous avons donc eu envie de nous confronter à ce siècle d’histoires. » Au total, quatorze oeuvres incontournables sont au programme de cette rétrospective, afin de découvrir ou redécouvrir les films ayant fait connaître la production cinématographique argentine dans le monde entier (dont Así cantaba Gardel d’Eduardo Morera, 1935) et ceux, plus récents, illustrant le Nuevo Cine Argentino (Mundo Grúa, 1999, de Pablo Trapero ou Tan de repente, réalisé en 2002 par Diego Lerman).
Distribuées dans les différentes sections thématiques du programme de cette 16e édition, une trentaine de productions plus contemporaines donneront un large aperçu de la cinématographie argentine actuelle. Parmi celles-ci, on peut citer trois films affichant au casting le génialissime acteur Ricardo Darín : Un cuento chino (2011) réalisé par Sebastián Borenstein, El secreto de sus ojos (2009) de Juan José Campanella et Relatos selvajes (2014) de Damián Szifron. Déjà couronné de succès cette année, ce dernier était en compétition pour la Palme d’Or au Festival de Cannes et est désormais détenteur du plus grand nombre d’entrées en salles de l’histoire du cinéma argentin. À noter que le public aura l’opportunité d’échanger directement avec quatre réalisateurs, dont Diego Lerman et Inés María Barrionuevo (la jeune et talentueuse réalisatrice du long-métrage Atlántida), présents cette année à Genève. L’acteur Nahuel Pérez Biscayart, l’étoile montante du cinéma argentin, assistera lui aussi à certaines représentations.
Trailer du film Relatos Selvajes, réalisé par Damián Szifron :
L’Argentine tout entière est devenue un terreau cinématographique fertile : fini le temps où les porteños1 de Buenos Aires monopolisaient la production de longs-métrages ! Une réelle décentralisation s’est opérée ces dernières années, permettant l’éclosion de nombreux cinéastes de « province », notamment dans la région de Córdoba au centre-nord du pays. Pouvant compter sur de solides bases, le septième art hecho en Argentina est donc aujourd’hui en plein essor. « En résumé, conclut Sara Cereghetti, je dirais que le mystère du tango réside dans l’étreinte. J’aime penser que celui du cinéma aussi. Le cinéma argentin, lui, dose passionnément la force de ce geste. El abrazo juste! »
FILMAR proposera également un hommage à l’écrivain colombien Gabriel García Márquez, décédé cette année, à travers trois films tirés de ses écrits : Del amor y otros demonios (de Hilda Hidalgo, 2009), Eréndira (Ruy Guerra, 1983) et El coronel no tiene quien le escriba (Arturo Ripstein, 1999). Peu de gens le savent, mais Gabo – journaliste à l’époque – a passé sa première nuit en Europe à… Genève, dans un hôtel proche de la gare Cornavin, nous rappelle le président du Festival FILMAR Jean-Pierre Gontard. La boucle sera donc bouclée pour le légendaire auteur de Cent ans de solitude.
Outre le focus sur le cinéma argentin, les cinéphiles auront la possibilité d’élargir leurs perspectives en visionnant les plus récentes productions du continent dans la section Regards actuels. Des inédits, quelques « premières » suisses, des films primés dans les plus grands festivals internationaux : le choix sera pléthorique. En résumé, un large panorama pour se plonger corps et âme dans ce qui se fait de mieux actuellement en matière de cinéma latino-américain. Et ce, sans aucune restriction d’âge ! En effet, le tout nouveau FILMARcito, le festival des petits, offrira lors de cette 16e édition une sélection de courts et longs-métrages destinés aux plus jeunes spectateurs. Dans les autres sections thématiques, signalons encore le coin réservé aux documentaires – Entre ciel et terre –, lequel donnera la preuve que la cinématographie « latino » est profondément ancrée dans les réalités sociales, politiques, culturelles, économiques et environnementales de ses territoires. Enfin, avec Sur les notes du cinéma, c’est un voyage musical aux quatre coins du continent qui est au menu. Tango, boléro, salsa, cumbia, rock, rap : cinq documentaires et une fiction lors desquels le public pourra difficilement rester immobile sur son siège.
Trailer du film Refugiado, du réalisateur argentin Diego Lerman :
Plus qu’un catalogue de projections, le Festival FILMAR en América latina voit plus loin que le bout de son nez. Grâce notamment à divers partenariats avec le milieu associatif local et avec le service « Agenda 21-Ville durable » de la Ville de Genève, des débats sont organisés pour pousser la réflexion après les différentes séances. Le jeudi 27 novembre par exemple, le film argentin Mujeres con pelotas (2014) de Ginger Gentile sera suivi d’une discussion sur le football féminin en Suisse romande, dans le cadre d’une soirée « Genre et sports » aux Cinémas du Grütli. De plus, cinq oeuvres2 traitant des questions de genre sont à l’affiche en partenariat avec des associations LGBTIQ3 de Genève. Un grand nombre de documentaires seront eux aussi sujets à débat, en rapport aux problématiques abordées.
Trailer du film Atlántida. Ce long-métrage raconte l’éveil sensuel de deux jeunes adolescentes de Córdoba, la ville natale de la réalisatrice Inés María Barrionuevo.
Véritable pont entre les arts, le Festival FILMAR en América latina conjugue cinéma avec musique, littérature, danse et poésie. Un parcours multiforme, transdisciplinaire et temporel à travers les rêves, les drames et les espoirs du continent sud-américain est proposé aux spectateurs, confortablement installés dans les sièges moelleux des différentes salles obscures. Des cinématographies tout à la fois vivantes, séduisantes et intrigantes pour découvrir les multiples facettes de l’Amérique du Sud, des Andes à la Terre de Feu, de Buenos Aires à La Havane en passant par le Nordeste brésilien. Le tout en faisant la part belle aux cinéastes indépendants, dont les styles et les créations sont le fruit d’une inconditionnelle liberté. Car, pour reprendre les mots du président du Festival Jean-Pierre Gontard : « le cinéma n’est pas une industrie. FILMAR en América latina est une fête. »
Le programme complet de la 16e édition du Festival FILMAR en América latina, contenant les différents lieux et horaires des projections, est disponible ici.
1. Surnom donné aux habitants de la capitale argentine.
2. Atlántida d’Ines María Barrionuevo le 16 novembre, Praia do futuro de Karim Aïnouz le 20, Naomi Campbel de Nicolás Videla le 21, La importancia de llamarse Satya Bicknell Rothon de Juliana Khalifé Ponce le 24 et Quebranto de Roberto Fiesco le 25.
3. Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Intersex et Queer
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