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Loin de moi l’envie de faire de la pub pour la boisson qui ne donne des ailes au commun des mortels qu’une fois mélangée à de la vodka. Il m’est arrivé en période d’exas de consommer des Redbull à la chaîne. Seule chose à s’être envolée : le rythme de mes battements de cœur. Tachycardie, quoi qu’Icare dise… Felix wossup ?
Ceci étant dit, il faut reconnaître que la firme au taureau rouge mène toujours ses opérations marketing de sabot de maître. La dernière en date – censée promouvoir sa branche musicale, la Redbull Music Academy – est en même temps une belle contribution à la culture urbaine. Il s’agit du documentaire « Revolutions On Air : The Golden Era of New York Radio 1980-1988 », qui parle comme vous l’aurez understood de l’âge d’or de la radio, dans le berceau du Hip-Hop. Présenté en anglais par la légendaire MC Lyte – une des premières rappeuses à avoir fait son trou, sans mauvais jeu de mot –, le reportage de 17 minutes enchaîne images d’archives et interviews de DJs non moins mythiques, tels Stretch Armstrong, Kool DJ Red Alert, ou Marley Marl.
Le pitch. NYC dans les eighties. Vile ville, en crise. Ghettos sales. Overdoses réelles. Et musicale. Le peuple vomit la Disco qu’il entend à longueur de journée… C’est là que le Hip-Hop arrive. Le courant, encore embryonnaire à ce moment, va vite se propager. Soirées undergound un peu partout. Block parties. Ghetto-blasters à même le trottoir, crachant du son d’un nouveau genre. Jusqu’ici, la radio menait la danse et conduisait la rue. C’est désormais l’inverse qui se produit. Révolution avec un grand F, un grand M.
Jeune rappeur – oui, laissez-moi croire qu’avant la trentaine on est encore neu-jeu ! –, amoureux de cette culture dopouiii, et tout frais animateur d’une émission Hip-Hop à la radio, je ne peux m’empêcher de comparer. Aujourd’hui, ça paraît tellement normal : Rap sur les ondes, soirées HH chaque week-end, nouveaux clips de rappeurs connus et moins connus sur le Net, au quotidien… On ne réalise pas à quel point les débuts du mouv’ ont constitué un vrai bouleversement dans le paysage médiatico-musical de l’époque. Comment Franky Crockett a fait faire au Hip-Hop ses premiers pas radiophoniques, sur la station WBLS. Comment Ted Currier a eu l’idée d’utiliser son doigt pour synchroniser le passage d’une musique à l’autre, for the first time. Et j’en passe. Perso, j’ai réellement frissoné en écoutant le mec des Latin Rascals expliquer comment il coupait/collait artisanalement les bandes – sans Ctrl+X ou V donc – pour remixer beats et breakbeats. Magique.
Le passage sur les cassettes est également un moment fort. Pas de podcasts dans les années 1980, of course. Mais des tapes, qui enregistrent les émissions, circulent de mains en mains, sont copiées, rembobinées au crayon. Qui immortalisent le légendaire show de Mr. Magic et Marley Marl, « Rap Attack ». Là, j’ai mis pause. J’ai re-maté « Juicy » de Biggie. Et j’ai littéralement eu les larmes aux yeux. Bah ouais, je suis comme ça moi, un mec sensible !
Brrref. Le reportage conclut sur le statut des DJs, véritables performeurs et icônes en leur temps, « techniquement les meilleurs, avec du goût et des connaissances incroyables », dixit Stretch Armstrong. DJ Spinna d’ajouter : « Ils ont formé l’industrie musicale, ce qu’on écoute aujourd’hui ». No disrespect, mais rien à voir avec moult « Disc Joke » actuels, qui se considèrent comme tels car peuvent enchaîner deux sons sur Serato et passent leurs playlists photocopiées, usées – Ruff Ryders, « Still D.R.E », « Lean Back » et compagnie – dans 2-3 soirées fatiguées chaque mois. Word.
À eux – car il n’est jamais trop tard pour honorer sa discipline – et évidemment à tous les passionnés de Hip-Hop, je recommande vivement de regarder ce documentaire. Sans jouer au réac’ de service, il est important de savoir d’où l’on vient, surtout dans un milieu comme le nôtre. À bon entendeur…
Écoutez ici la version audio de ce Coup de Cœur, dès 15’30. Et RDV chaque Mercredi 22h-23h sur Couleur 3 (Radio Télévision Suisse), émission DownTown Boogie !
Réseaux sociaux : @genevaGEOS / #RevsOnAir
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