Sport Le 20 juin 2018

Comment la Suisse a fait déjouer Neymar et le Brésil

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Comment la Suisse a fait déjouer Neymar et le Brésil

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L’équipe de Suisse de football est bien entrée dans son Mondial 2018 avec un match nul face au Brésil. Les protégés de Vladimir Petkovic ont notamment su faire déjouer la star auriverde Neymar. S’appuyant sur des séquences filmées du match, Valentin Schnorhk décortique la prestation tactique de la Nati.


 

C’était le principal défi de l’équipe de Suisse dimanche soir : comment défendre sur Neymar, sachant que le Brésil tend à passer par lui le plus souvent possible. Avec Marcelo et Coutinho dans sa zone, il était très probable que les enchaînements soient récurrents. Vladimir Petkovic a donc déployé un plan en plusieurs étapes, illustrées dans la vidéo ci-dessous.

 

Plan défensif de Valentin sur Vimeo.

 

L’idée première était surtout de faire en sorte que très peu d’attaques brésiliennes passent par l’axe. Sachant que Neymar aime aussi toucher des ballons dans le couloir central, le danger pouvait se faire ressentir à chaque instant, que ce soit en concédant des coups de pied arrêtés ou en ouvrant des espaces sur les côtés.

La Suisse a donc pris le parti d’orienter le Brésil vers les côtés. L’approche peut être perçue comme irrationnelle, compte-tenu de la présence de Casemiro au milieu. Le joueur du Real Madrid n’est pas le plus technique qui soit. Souvent, les adversaires du club madrilène aiment attendre que le Brésilien ait le ballon (en faisant en sorte qu’il le reçoive) pour déclencher un pressing intense sur lui et récupérer haut dans le camp adverse. Petkovic n’y a pas vu d’intérêt, voulant éviter tout passage par l’axe. Il a alors placé Dzemaili au marquage, afin d’être sûr que Casemiro ne soit pas servi. La Suisse a donc défendu en 4-4-1-1, avec Seferovic chargé simplement d’orienter un minimum les transmissions brésiliennes vers les côtés. Le but premier : faire en sorte que les Auriverde perdent la balle.

Mais avec les joueurs de classe que le Brésil possède, notamment à gauche, il était peu envisageable de récupérer le ballon à tous les coups. Le deuxième étage de la fusée ? S’assurer que la balle ne revienne pas à l’intérieur du jeu. Si tel est le cas, tâche à Valon Behrami (ou Xhaka, les deux ont ponctuellement permuté les positions) d’agresser le porteur, souvent Neymar. Le milieu suisse a récupéré plusieurs ballons dans cette zone du terrain, en remportant 6 duels sur 7, d’après les statistiques d’Opta.

 

Source: Opta

 

Sauf que cela a parfois ouvert des espaces dans le dos de Behrami, sa couverture n’étant pas toujours directement assurée (les sorties au pressing à 20 mètres de la part du joueur de l’Udinese n’étaient pas forcément prévisibles pour ses partenaires). C’est le risque face au Brésil : avec la maîtrise technique qu’a ce dernier, même un plan bien appliqué peut ne pas suffire.

Alors il y avait la dernière lame pour la Suisse : les compensations et couvertures multiples, surtout en situation de bloc bas. A savoir que lorsque le Brésil a réussi à amener le ballon jusque dans le camp suisse, sortir au pressing devenait très risqué. Il fallait pouvoir bloquer l’axe, en défendant à plusieurs sur l’adversaire. Si un joueur est passé, charge à un second d’intervenir. Si celui-ci n’y parvient pas, charge au troisième, et ainsi de suite. Il fallait pour cela anticiper les courses brésiliennes et « construire des barrages » pour chaque tentative de pénétration de l’axe. C’est pourquoi Behrami (puis Zakaria) s’est parfois placé entre Lichtsteiner et Schär, laissant le soin à Shaqiri ou à Dzemaili de fermer le couloir central plus haut.

Le plan défensif n’était pas parfait : rien ne permet d’être totalement sûr qu’il fonctionnera face au Brésil. Il a parfois fallu un peu de chance, de réussite. Mais l’approche a le plus souvent permis de s’assurer que la bande à Neymar ne se procure pas d’énormes occasions sur ces séquences. En cela, le devoir a été accompli. Il a aussi été facilité par la recherche constante par les Brésiliens de leur côté gauche (et la réticence de Neymar à lâcher la balle). De quoi navrer certains de ses partenaires. Tant mieux pour la Suisse.

 

L’analyse complète de Valentin Schnorhk est à retrouver sur son blog « Sauter le verrou », en compagnie d’une multitudes d’autres analyses footballistiques.

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