International Le 9 juin 2013

Cuba : le regard visionnaire

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Cuba : le regard visionnaire

© gazettedesfemmes.ca

La différence n’imposera pas de distance, exige l’état d’esprit de l’île ; tous ensemble. L’Histoire nous montre que tout s’est programmé pour faire face aux événements du futur.

L’économie de Cuba était sous dépendance américaine au cours des années 50 sous le règne et la dictature de Fulgencio Batista, ainsi le pays était-il nommé « bordel de l’Amérique ». Cuba est bien différent de ce qu’on entend si l’on découvre l’état d’esprit de ses citoyens. Comment seul l’être humain a changé, en effet, la destinée ? Des inégalités sociales règnent encore mais au sein d’une intelligence, et collective. Comment pensent les Cubains ? Comment peut-on percevoir la communauté cubaine à ce jour ?

Le système social change de ton à Cuba. Malgré des réalités économiques difficiles, « l’être » est plus important que « l’avoir ». On peut s’offrir le luxe d’avoir une bonne conversation avec beaucoup de gens tandis que partout ailleurs on fait usage des technologies pour rompre avec la solitude.

Les maisons ouvrent les portes, et la famille revit une deuxième journée à la sortie de l’école quand les enfants et les adolescents reprennent leur vie familiale et communautaire. Le temps appartient aux Cubains, tout comme la solidarité et l’entraide. Une écolière rapporte que les repas de tous se partagent pour que la ration soit équitable entre tous les élèves. La différence s’inclut, la distance s’exclut.

Une manière de vivre naturelle, mais pas seulement. Puisque Cuba n’est pas à l’abri des influences hégémoniques du monde unipolaire, l’objectif s’ancre dans la persévérance à construire un modèle alternatif de bien-être. Se développer n’est pas posséder toujours davantage, mais « être » davantage, autrement dit développer davantage d’humanité, ce qui suggère de vivre bien et non pas de vivre mieux. La solidarité entre alors en jeu et amène à trouver des solutions novatrices à de nombreux problèmes qui existent dans la communauté.

Partout ailleurs, encore une fois, la communauté s’est réduite au simple noyau familial : le grand collapsus est inévitable. L’isolement jusqu’à la dépression l’emporta inéluctablement. Sur cette terre cubaine, la société est tissée en réseaux sociaux qui se confondent dans le maintien de l’éthique solidaire. Comment fait donc le Cubain ?

À travers ses valeurs, il met en actes les principes, se défendant de contredire ces derniers. La crise de valeur, non ! Celui qui ne consomme pas ne sera reconnu. Les valeurs ne comptent pas dans une société avide de biens matériels superflus respirant des valeurs contraires au bien-être collectif. Qui cultive la banalité, le superficiel s’appauvrit spirituellement et s’éloignera des autres. Le Cubain construit sa prévention sociale, en communauté. Comment peut-il tomber dans la pauvreté mentale, les préjugés de classe ou de race, des stigmates sociaux, sources du chômage ? C’est l’exception à Cuba si cela arrive.

Cuba bat des records sur le maintien de la survie ; apparaît-il comme un modèle en matière de santé ? Des services de santé gratuits pour tous ses citoyens se sont intégrés au développement économique et social après la refonte du système de santé à but lucratif en 1959. La politique met l’accent sur la prévention, les services dans la communauté et la participation active des citoyens, nécessaires à l’équilibre de cette priorité nationale qu’est le soin de santé.

L’aspect le plus fidèle à ce système « familial » ou le plus représentatif se reconnaît dans le soutien féminin : Federación de Mujeres Cubanas, la FMC, notamment impliquée dans la Convention de 1961, la campagne d’alphabétisation cubaine. La fédération des mères cubaines inspire les femmes à sortir de la maison, à réorganiser des foyers paysans qui maintiennent les femmes dans des postes subalternes, à réaliser l’égalité des chances pour les femmes ou mobiliser des femmes dans le travail politique et l’administration gouvernementale. On y retrouve les assistantes sociales ; elles apportent les solutions aux problèmes sociaux en définissant clairement les différents facteurs négatifs. Ce mouvement apparaît en 1967, tout comme les mères d’élèves qui participent depuis de façon volontaire à la vie de l’école. Le soir elles accueillent les enfants chez elles en leur donnant le soutien nécessaire à leurs devoirs, combattent la désertion scolaire de surcroît. Ce qui est étonnant, c’est qu’elles se chargent de stimuler le travail de création de l’enseignant et le remplacent s’il est absent.

La réalité tend à désigner Cuba comme pionnier en matière de droits des femmes. La majorité des femmes demeuraient pauvres et analphabètes dans les années 20, mais elles pouvaient divorcer et accédaient au droit de vote en 1934. En 1959, l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro fait tourner la roue pour ces femmes. Ce dernier a concentré ses efforts sur l’abolition des discriminations et a fait naître la Fédération des femmes cubaines, dirigée par Vilma Espín, la femme de Raúl Castro. Nombreuses étaient les femmes qui s’étaient engagées dans le corps de l’armée de Castro, mais pas aussi nombreuses que les militantes de la FMC à ce jour que l’on chiffre à trois millions.

Cuba détient cependant le record de suicides en Amérique latine, les gens de l’île ont été émotionnellement brisés depuis l’échec des plans du président Fidel Castro en 1970. Derrière les activités les plus brillantes de citoyens se cachent des prisonniers politiques qui subissent diverses exactions dont la privation de soins médicaux. Une autre galerie révise la liberté du Cubain puisque « les Cubains qui osent critiquer le gouvernement vivent constamment dans la peur, sachant qu’ils pourraient se retrouver du jour au lendemain en prison pour avoir tout simplement exprimé leurs opinions », selon les propos de José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques à Human Rights Watch.

Fernando Ortiz avait-il le titre de visionnaire lorsqu’il a pensé « dans la production du tabac prédomine l’intelligence : le tabac est libéral, voire révolutionnaire. En revanche, dans la production sucrière prévaut la force : elle est conservatrice, si ce n’est absolutiste » avant que Fidel Castro ait fait le choix de mettre toutes les forces productives au service d’une récolte de dix millions de tonnes de canne à sucre. Ainsi s’accentuait la soviétisation des institutions cubaines.

À moi de conclure que le (tabac) bien-être favorise l’audace et la rêverie, tandis que le second (le sucre), l’être humain à son origine, ne contient pas de rébellion ni de défi. On peut forcer quelqu’un à adhérer à ce qu’il refuse, il restera digne dans une société digne de solidarité et de pensées sécurisantes. Tôt ou tard, il retrouvera sa liberté de pensée car c’est un être humain qui arbitrairement habite avec d’autres penseurs. Une interdépendance triomphante si l’on continue à croire au modèle.

Pour aller plus loin

Deux films documentaires sur la réalité cubaine :

Cuba a grandi :

http://blogues.lapresse.ca/desiront/2010/05/06/comment-vivent-les-cubains/

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/trois-femmes-recompensees-par-le-prix-nobel-de-la-paix_1038027.html

 

Sources

http://america-latina.blog.lemonde.fr/2012/11/29/une-memorable-replique-dorson-welles-sur-cuba/http://america-latina.blog.lemonde.fr/2012/11/29/une-memorable-replique-dorson-welles-sur-cuba/

http://www.gazettedesfemmes.ca/6479/cuba-paradis-egalitaire/http://www.gazettedesfemmes.ca/6479/cuba-paradis-egalitaire/

http://www.hrw.org/fr/news/2009/11/18/cuba-ra-l-castro-emprisonne-les-opposants-au-r-gime-et-touffe-toute-forme-de-contest

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2315760

http://www.legrandsoir.info/un-regard-sur-le-modele-cubain.html

http://www.legrandsoir.info/un-regard-sur-le-modele-cubain.html

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