Économie Le 14 octobre 2013

Dette publique américaine : procrastination de l’hécatombe? Partie 1 : Origine et évolution de la dette

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Dette publique américaine : procrastination de l’hécatombe? Partie 1 : Origine et évolution de la dette

© Clay Benett

Le présent article est décomposé en trois parties. La première, ci-dessous, explore l’origine et l’évolution de la dette publique américaine. La deuxième se focalisera sur l’actualité de celle-ci depuis 2011. Et, finalement, la troisième analysera la dette en elle-même, et tirera des conclusions – voire des conséquences potentielles – d’un éventuel acte de défaut de biens des États-Unis.

16’963’379’370’296 dollars. C’est le montant faramineux de la dette publique américaine à l’heure où j’écris cet article. Plus fou, celui-ci représente 107% du PIB américain et « seulement » 30% de la dette totale des États-Unis qui, elle, atteint 60’038’068’270’850 dollars – 377% du PIB ! La réalité a dépassé depuis longtemps l’imaginaire collectif ; chaque jour, trois milliards de dollars viennent s’ajouter au déficit public de l’Oncle Sam.

Devant l’ampleur de cette situation calamiteuse, le gouvernement américain semble être impuissant. Entre le relèvement du plafond de la dette, le repoussement de leur échéance et des coupes budgétaires insignifiantes, la gouvernance Obama ne fait que ralentir l’hécatombe. Cependant, les solutions sont très limitées et mettent ainsi les États-Unis dans une situation périlleuse… Néanmoins, tant que la confiance des investisseurs, des agences de notation et du Congrès persiste, le rêve américain peut continuer. Mais combien de temps faudra-t-il avant que le rêve ne se transforme en cauchemar ?

La part d’ombre de l’économie américaine

Retour au début du 20e siècle. À cette époque, la dette du gouvernement américain représente 10% du PIB. Face à la Première Guerre mondiale, celui-ci s’endette afin de pouvoir couvrir ses dépenses militaires. La dette s’élève alors à 22 milliards $ et représente ainsi 30% du PIB. Deux ans après la fin de la guerre, la reprise économique permet de diviser ces chiffres par deux, mais cet optimisme n’est que de courte durée. La Grande Dépression, amorcée par le krach boursier de 1929, creuse l’écart entre les recettes et les dépenses publiques, pour atteindre plus de 40% du PIB américain.

À partir de la Seconde Guerre mondiale, la dette publique explose, et atteint des records astronomiques. En effet, elle passe de 51 milliards en 1940 à 260 milliards après la guerre (120% du PIB) ! Toutefois, grâce à une conjoncture économique à nouveau favorable, les USA parviennent à réduire le déficit de façon spectaculaire : « plus que » 32% du PIB en 1974. Et ce, malgré d’énormes dépenses militaires relatives à la Guerre froide, laquelle débouche notamment sur les guerres de Corée et du Vietnam.

Mais dès lors, le gouvernement américain s’endette de manière exponentielle et voit même la dette quadrupler de 1980 à 1990. Les politiques ultra-libérales menées par la gouvernance de Ronald Reagan et Georges Bush entraînent une réduction massive des impôts pour les riches et les grandes entreprises. Les dépenses gouvernementales (moyenne : 38.5% du PIB pour cette période), elles, sont largement supérieures aux recettes fiscales (moyenne : 32% du PIB).

Avec l’arrivé de Georges W. Bush au pouvoir, la dette américaine prend une nouvelle fois l’ascenseur : lors de ses deux mandats (2000-2008), il ajoute à lui seul 5’000 milliards de dollars supplémentaires au déficit ! Cette aberration peut être expliquée en premier lieu par les invasions militaires en Irak et en Afghanistan, mais aussi par sa politique fiscale, qui suit la lignée de son père et prédécesseur.

Montant de la dette sous les diverses présidences américaines © blog.sity.net

Montant de la dette sous les diverses présidences américaines © blog.sity.net

En 2009, Barak Obama reprend la présidence. Mais il doit faire face à un challenge de taille : la crise des subprimes. L’effondrement du marché immobilier américain engendre la fermeture de Lehman Brothers. Le système financier tout entier menace de s’écrouler et plonge les États-Unis dans la récession. Effet boule de neige, la crise se propage en dehors des frontières américaines, et entraîne rapidement la plupart des pays du monde dans une récession sans précédent.

Le gouvernement américain décide de mettre en place un plan de sauvetage qui vise à aider financièrement les établissements en difficulté, notamment dans l’industrie bancaire et automobile. Coût de l’opération ? 421 milliards de dollars. Le plan permet malgré tout de restaurer, de façon fragile, la santé économique de ces entreprises. Revers de la médaille, le déficit public atteint 100% du PIB en 2011.

Le Congrès tire la sonnette d’alarme…

 

 


Sources

http://www.publicdebt.treas.gov/history/history.htm

http://www.usgovernmentspending.com/federal_debt

http://www.crisedusiecle.fr/usa-bulle-dette.html

http://bonds.about.com/od/Issues-in-the-News/a/Who-Are-The-Largest-Foreign-Owners-Of-U-S-Debt.htm

http://useconomy.about.com/od/monetarypolicy/f/Who-Owns-US-National-Debt.htm

http://www.les-crises.fr/historique-budget-americain/

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/12/27/dette-americaine-la-tasse-est- pleine_1810585_3222.html

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/12/27/dette-americaine-la-tasse-est- pleine_1810585_3222.html

http://www.francetvinfo.fr/austerite-barack-obama-rejette-la-faute-sur-les-republicains_272233.html

http://www.20minutes.fr/article/992287/etats-unis-dette-16000000000000-dollars-pain- beni-republicains

http://blog.syti.net/index.php?article=337

http://www.challenges.fr/economie/20130911.CHA4137/etats-unis-le-plan-de-sauvetage- de-2008-aura-coute-421-milliards.html

Commentaires

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Fabien C.

Oui effectivement, après remarque, il y a bien confusion sur le mot « déficit publique ». Pour clarifier, cet article…

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LM

Article intéressant. J'attends la suite avec impatience. J'apporte juste une petite correction au troisième paragraphe: l’écart entre recettes et dépenses…

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Jo

Je crois qu'il y a une petite confusion entre déficit et dette publique. C'est bien la dette publique qui atteint…

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LM

Article intéressant. J’attends la suite avec impatience.

J’apporte juste une petite correction au troisième paragraphe: l’écart entre recettes et dépenses publiques représente le déficit public, pas la dette publique.

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Jo

Je crois qu’il y a une petite confusion entre déficit et dette publique. C’est bien la dette publique qui atteint plus de 100% du PIB et non le déficit public, qui se situe, bien heureusement, à des niveaux moins élevés de l’ordre de 4-8% par année.

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Fabien C.

Oui effectivement, après remarque, il y a bien confusion sur le mot « déficit publique ».

Pour clarifier, cet article est bel et bien sur la dette publique américaine. Cependant, J’essaye de dire que le déficit public contribue également à la dette publique américaine, étant donné que les dépenses gouvernementales sont largement supérieures aux recettes fiscales. Et qui, par conséquent, entraine en partie l’emprunt bancaire (sans s’attarder sur l’émission d’obligations gouvernementales – du moins pour l’instant ☺).

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