Politique Le 6 mars 2015

La Suisse comme poutre?

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La Suisse comme poutre?

L’écrivain et architecte suisse alémanique Max Frisch. © diepresse.com

Il faut bien commencer par avoir honte. Honte d’avoir oublié les réflexions de Max Frisch à propos de la démocratie. Honte de n’avoir même pas tenté de répondre aux questions qu’il soulevait dans « La Suisse comme patrie ? »1. Et nous voilà aujourd’hui avec une question similaire mais plus embarrassante : la Suisse comme poutre ? Mais quelle poutre ? Celle qu’il y a dans les yeux de la majorité des votants et qui est désormais visible depuis n’importe quel point de l’Europe.

Mais c’est à nous-mêmes qu’il faut s’en prendre quand notre pays sombre dans la peur du lendemain et que se manifestent chaque jour un peu plus des voix repliées sur elles-mêmes et dont les lobbies financent l’amplification. C’est ainsi que ces lobbies cherchent, et parviennent le plus souvent, à entériner, par un vote apparemment démocratique, des décisions qu’une majorité ainsi mobilisée voit désormais comme reflétant ses intérêts propres : les privilèges liés à la nationalité, quitte à traiter ceux qui n’y auraient pas droit comme des personnes qui seraient un peu moins valables que soi. Ce qui, en réalité, est ainsi entériné, ce ne sont pas ces quelques privilèges, car ils sont précaires (la possibilité de s’établir, l’accès à l’emploi, la couverture des assurances sociales, et donc la sécurité toute relative que cela procure). D’ailleurs, symptomatiquement, ceux qui s’accrochent le plus à ces privilèges sont ceux qui ont le plus de raisons de penser qu’ils pourraient en être privés. Non, ce qui est réellement reconduit à travers ce réflexe, c’est la primauté de la logique du marché capitaliste sur toute autre logique : la majorité absolue, c’est l’actionnariat… Au-delà de l’objet du vote, c’est la puissance elle-même qui se manifeste.

La démocratie directe – dont Max Frisch a montré à quel point elle peut être dévoyée par le jeu du pouvoir qui, par lobbies interposés, « oriente » le vote – est donc une idée bien plus qu’une réalité. Car ce n’est pas vraiment le « peuple » qui s’exprime, mais déjà des groupes spécifiques dont la somme procure l’illusion d’un « peuple ». Ce sont ces groupes que les partis dominants, quels qu’ils soient, et quelle que puisse être leur durée de vie historique, mobilisent pour faire advenir les intérêts particuliers que ces partis reflètent, représentent, et même la plupart du temps servent. Car il y a toujours un asservissement à la source du pouvoir, c’est-à-dire à l’argent. Et celui qui asservit actuellement le « peuple » suisse, à travers le parti dominant qu’il finance, passe des jours paisibles dans le château de Rhäzüns, aux Grisons. Il faut être au moins milliardaire pour arriver à soumettre tout un pays. Il l’est. Et il entend maintenant consacrer le reste de sa vie à monter la Suisse contre l’Europe. Tout cela n’a pas d’autre sens qu’un intérêt personnel.

Mais, surtout, il faut que l’on commence à se sentir honteux de n’avoir pas eu le courage d’opposer à cet intérêt personnel un débat plus large, portant sur les questions que nous a posées Max Frisch, et de mener ce débat avec toute la vigueur et l’honnêteté nécessaires à la poursuite d’une œuvre d’humanisation. Car si ce n’est pas la dignité de l’homme qui nous préoccupe – ce qui fait que nous sommes des humains et pas des machines ou des pierres – qu’est-ce donc alors qui vaut la peine d’être fait sur cette terre ? Ne sommes-nous pas voués à chercher et à donner un sens à l’existence, qui, comme le disait Friedrich Dürrenmatt, n’a pas de sens en elle-même ? Et si effectivement la vie n’a de sens que celui qu’on lui donne, pourquoi alors ne pas lui donner le meilleur sens, c’est-à-dire, au fond, le meilleur de nous-mêmes ? Car l’existence n’est finalement que ce que nous en faisons. Et donc, l’échec, voire l’inexistence même, de ce vrai débat sur la démocratie devrait nous faire honte : cela signifie tout simplement que nous n’avons pas donné le meilleur de nous-mêmes. Et non seulement nous avons failli, mais en plus nous continuons de laisser faire en nous réfugiant derrière de fausses sagesses. À commencer par celle que nous acceptons sans plus voir son inanité : à savoir que la majorité a raison du simple fait que c’est la majorité. Cela est aussi stupide que de dire que la plus grande œuvre littéraire se trouve dans le livre qui s’achète le plus. La « raison » du plus fort est une puissance et pas nécessairement une attitude raisonnée. Les affiches des initiants n’invitent justement jamais à la pensée nuancée, elles utilisent symptomatiquement le registre de l’émotion. Voter avec ses tripes, avec le ventre, avec la peur au ventre… Voilà ce que nous avons accepté de voir se passer dans notre pays. Et c’est cela qui fait honte, d’autant plus que nous n’avons plus l’excuse de ne pas savoir ce qui peut arriver quand l’étranger est dépeint comme un spectre!

Quand nous commencerons à comprendre et à nous reposer les questions de Max Frisch sur ce qu’est une majorité politique – comment elle est une entité fictionnelle servant de paravent à la puissance de l’argent – alors nous pourrons peut-être comprendre où nous sommes en train d’aller et voir ensuite de vraies alternatives à l’impasse actuelle. Nous n’avons plus non plus l’excuse de l’originalité. Dans un monde désormais globalisé, la position géographique de la Suisse au centre de l’Europe nous impose de faire des choix fondés sur une réflexion responsable à propos de la démocratie directe. Il n’est plus possible d’en réclamer fièrement le copyright2, de proclamer que nous avons le meilleur système politique (avec l’initiative et le référendum qui viennent polir le blason démocratique de l’élection) en espérant, un peu niaisement, que cette spécificité helvétique impressionnera nos pays voisins. Le temps de la Suisse bucolique est terminé. Parce que nos voisins ont des problèmes réels, auxquels nous pensons toujours encore échapper éternellement en cultivant nos fleurs. Mais leurs problèmes sont devenus les nôtres, car ils n’ont plus vraiment besoin de nos fleurs… Seulement, nous pensons encore n’être entourés que de voleurs de fleurs… Tout cela s’est progressivement cristallisé et, avec le vote du 9 février 2014, nous sommes maintenant dans l’impasse la plus totale. Le coût économique et politique du vote « contre l’immigration de masse » est colossal3. Il est tel qu’il constitue sans doute la plus grave menace sur notre pays, qu’une Suisse, avec armée ou non, ne saurait réduire qu’avec sa seule véritable richesse : la matière grise. Car, cette menace 100% made in Switzerland, nous l’avons fabriquée nous-mêmes. Il s’agit de trouver une solution urgente. Ce pays d’une lenteur légendaire est maintenant forcé de réfléchir vite. Mais il faut pour cela d’abord comprendre que l’issue d’un vote, dans toute démocratie réelle, n’est que le reflet du rapport de force; je veux dire plus précisément de la division sociale du travail sous-tendue par des rapports de forces financiers, et non le reflet d’une rationalité supérieure, détenue par ceux qui, une fois le scrutin dépouillé, se retrouvent subitement amalgamés sous le vocable « opinion majoritaire ».

Tout discours qui utilise la notion de « peuple » en le réduisant à la majorité des votants ne fait que renforcer l’aliénation des individus. En effet, cette aliénation est d’abord amenée par la division sociale du travail qui pétrifie « notre propre produit en une puissance objective qui nous domine »4. En naissant, nous arrivons dans un monde déjà là, un passé qui s’est sédimenté, et dont le dernier ouvrage de Bernard Lahire5 montre toute la prégnance : aux yeux des générations entrantes, « la société, l’État, l’économie prennent la forme de puissances étrangères, mystérieuses et écrasantes (K. Marx et F. Engels parlent d’ « aliénation ») qui échappent au contrôle ou à la volonté des individus »6. À cette aliénation historique – le produit de l’histoire extériorisé dans des institutions – s’ajoute alors l’aliénation idéologique des individus : ils ne s’appartiennent plus eux-mêmes (le mot allemand « Entfremdung » rend encore mieux l’idée de « devenir étranger ») dès lors qu’ils épousent des idées qu’ils croient être les leurs sans plus voir qu’elles sont précisément des produits de l’aliénation historique et de la domination.

Le pire de l’affaire, c’est que cela se fait à travers un langage très simple. En fait, parler le plus simplement possible est ce qu’il y a de mieux pour que l’interlocuteur pense être lui-même compris et donc reconnu. Si vous voulez convaincre quelqu’un, parlez-lui avec les mots les plus simples que vous connaissez. L’effet rassurant de paroles directes et sans nuances met autrui à l’abri d’une possible révélation publique de son ignorance, aussi relative soit-elle. C’est là l’arme démagogique par excellence. Plaire à ceux dont on veut être craint – la démagogie – voilà ce qu’il y a derrière le discours dominant sur le « peuple ». Ceux qui y succombent sont ceux qui cherchent l’assurance auprès d’un « homme fort » au lieu de la chercher dans leurs propres capacités de réflexion. Alors, la peur qui s’insinuait en eux commence à se diffuser. Peu à peu, l’habitude s’installe : face à la crainte intimement vécue, on attend de savoir ce que l’on va en dire, ce qu’il faut en penser, ce que le « peuple » est censé trouver normal, quelles sont les mesures à prendre, etc. Tous ces gens craintifs sont alors d’autant plus facilement aliénés qu’ils sont désireux, par instinct, d’appartenir à un ensemble que l’on appelle « majorité démocratique », que l’on fait équivaloir à « peuple », et qui désormais « l’a voulu ». La boucle est bouclée : à ce « le peuple l’a voulu », ils répondent désormais comme un seul homme… Car c’est ainsi qu’ils retrouvent le sentiment d’union et donc de force. Or, ce n’est qu’un sentiment et pas une réalité… L’illusion démocratique est donc totale : nous n’avons jamais été aussi faibles devant nos amis européens que lorsque certains ont cru pouvoir affirmer la force. Non, on ne décide rien tout seul.

Le vrai peuple ce sont les gens, the people, dans toutes leurs diversités, quelles qu’elles soient. Substituer l’image d’un peuple « uni », représenté par une majorité, à la vision d’un peuple composé d’une mosaïque aux reflets innombrables, voilà ce à quoi travaillent ceux qui accaparent la notion de « peuple ». Car une mosaïque est irréductible à cet ensemble homogène dont ils ont besoin pour asseoir leur pouvoir. Le premier mot est le plus important : Union. Ce qui suit n’est que décoration. Cela n’a aucune consistance réelle. L’erreur à ne pas commettre est celle que nous commettons pourtant quotidiennement, à savoir renoncer à utiliser le mot « peuple », par crainte d’être vu comme étant du côté du parti dominant qui use et abuse de ce mot. Il s’agit bien au contraire de revendiquer le droit de parler de peuple dans un autre sens, c’est-à-dire dans le sens de la diversité, car c’est là le meilleur moyen de ne plus laisser au parti dominant nous confisquer la notion de peuple, et donc précisément le débat sur la démocratie. Qu’il n’y ait plus eu en Suisse, depuis Max Frisch, d’intellectuel suffisamment éloquent pour relancer publiquement ce débat qui s’est ainsi perdu, c’est quelque chose que je ne m’explique pas. Peut-être qu’il n’y a finalement qu’un nombre tout à fait infime de vrais intellectuels qui arrivent à susciter véritablement le débat ? Il ne pleut pas des génies. Soit. Mais le débat dépendrait-il du talent d’un seul homme ? N’est-il pas plutôt de notre responsabilité à tous ? Il semble donc bien que nous ayons collectivement failli à notre proclamée humanité. On lui doit des excuses.

Il faut donc commencer par avoir honte, avant de commencer à espérer pouvoir relever la tête. Et enfin revendiquer les droits humains, y compris pour celles et ceux qui, par envie ou par nécessité, ont choisi ou veulent choisir la Suisse comme lieu de vie7. Les droits humains ne sont pas simplement des ressources à distribuer en fonction des statuts et des mérites, ils sont un héritage culturel sédimenté par les générations antérieures, et ils s’appuient donc sur tout ce qui a été amené par le brassage des populations et des idées8. La Suisse plurilingue et multiculturelle est un exemple frappant : ce pays n’a jamais été autre chose que la somme des contributions de tous ceux qui, en migrant d’un pays à l’autre, d’un canton à l’autre, d’une commune à l’autre, ont apporté avec eux une histoire plus ou moins heureuse. S’attendre à ce qu’il n’y ait que des « histoires heureuses » qui puissent accéder à l’Eldorado helvétique, c’est un peu comme croire encore au Père Noël ! La majorité démocratique doit tenir compte de toutes les histoires individuelles qui ont fait ce pays et qui le feront encore. Lorsque celles-ci se trouvent être du côté du camp minoritaire, elles ne sont pas moins constitutives du pays. Exiger qu’il faut simplement mettre en œuvre ce que la majorité a décidé, sans égards pour les conséquences de la décision, et surtout les conséquences sur la minorité, cela est totalement irresponsable : c’est l’attitude de ceux qui, n’ayant pas pu ou voulu entrevoir les conséquences de leurs actes, persistent dans leur attitude même quand ils constatent les effets négatifs de leur action. Toutes les études sur l’enfance montrent qu’à partir d’un certain degré de réflexivité, les enfants arrivent à corriger leur attitude quand ils sont confrontés aux conséquences négatives qu’elle engendre. C’est précisément à partir du moment où il arrive à concevoir les conséquences de ses actions, ce qu’on appelle aussi la capacité de discernement, que l’enfant peut croître en direction d’une responsabilité progressivement assumée. Exiger que l’on applique simplement l’action décidée par un vote majoritaire, tout en cachant les soubassements économiques de ce vote (notamment une puissance publicitaire des initiants disproportionnée par rapport à celle des opposants), c’est non seulement traiter le « peuple » comme des enfants irresponsables, mais c’est surtout agir comme des fossoyeurs de la démocratie : couvrir de terre la décomposition de l’idée de démocratie9

Comment la Suisse pourrait-elle relever la tête face à ses interlocuteurs européens ? La honte est une chose, le passage obligé d’une prise de conscience, mais on doit ensuite retrousser les manches : il faut maintenant prendre la tenaille et enlever ce clou que nous nous sommes plantés dans le pied. La tenaille, c’est l’instrument que le parti dominant a imaginé pour prendre le pays en otage. La tenaille a deux bras. L’un des bras est actionné par les sièges obtenus au parlement, l’autre est actionné par l’initiative. Le parti dominant possède le plus de sièges au parlement, mais il n’a pas la majorité des sièges. Il n’a pas la majorité politique. Pour avoir cette majorité, il recourt donc allégrement à l’initiative. Lorsqu’un parti dominant utilise l’initiative pour asseoir son pouvoir, il dévoie alors la démocratie, car l’initiative ainsi que le référendum sont des instruments qui ont été imaginés pour permettre à des minorités de faire valoir leurs points de vue. La tenaille – dominer le parlement et dominer le « peuple » – voilà très simplement le plan que les stratèges du parti dominant ont imaginé et mettent en œuvre. La tenaille au lieu du marteau et de la faucille, il fallait y penser ! On reste décidément toujours dans le registre de l’utilisation : la transformation des gens en outils.

Voilà ce qui nous a mené où nous en sommes aujourd’hui. Pour en sortir, il faut prendre cette même tenaille pour enlever ce mauvais clou : en clair, faire machine arrière. Mais si la tenaille refuse de le faire, il faut au moins l’empêcher de retaper sur le clou. Car s’il traverse un pied, puis l’autre, et s’enfonce dans la poutre, le drapeau à croix voudra dire exactement ce qu’il peut symboliser dans une tradition judéo-chrétienne. Serions-nous présomptueux au point de nous auto-crucifier ?

 


1. Max Frisch (1990). Schweiz als Heimat ? Frankfurt am Main : Suhrkamp Verlag.

2. Frisch écrit qu’en Suisse l’école inculque même aux enfants l’idée que la démocratie serait née au bord du lac des Quatre-Cantons… (op. cit., p. 489).

3. Le Conseil fédéral a mis en consultation le plan de mise en œuvre de l’initiative dans lequel il estime à 100 millions de francs suisses le coût annuel en frais administratifs supplémentaires pour les entreprises en cas de retour des contingents pour les ressortissants de l’Union européenne. L’Union patronale suisse évoque même un surcoût de 1 milliard. Cela est encore compter sans le coût social (voir : http://www.childsrights.org/actualites/editoriaux/525-rester-maitre-chez-soi).

4. Karl Marx & Friedrich Engels (1968), L’idéologie allemande, Paris : Éditions sociales, p. 63.

5. Bernard Lahire (2015). Ceci n’est pas qu’un tableau. Essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré. Paris : Éditions la découverte.

6. Op. cit., p. 43.

7. Les observations générales du Comité des droits de l’enfant sur le rapport de la Suisse mettent notamment l’accent sur les conditions intolérables dans lesquelles vivent des mineurs non-accompagnés dans certains cantons. Voir à ce propos : http://www.childsrights.org/actualites/18-actualites/sensibilisation/497-la-suisse-examinee-par-le-comite; voir aussi : http://www.humanrights.ch/fr/droits-humains-suisse/interieure/groupes/enfants/geneve-conditions-daccueil-mineurs-non-accompagnes-inacceptables; ainsi que : http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/01/29/rts-temps-present-15-ans-sans-famille-demande-refuge-en-suisse/

8. La sédimentation du passé décrite par Lahire (op. cit.) et l’observation de la Suisse m’amènent à envisager les droits humains comme un processus de cristallisation. Ce processus peut être éclairé en observant comment l’enfant « à protéger » qui est déclaré « sujet de droits », à travers la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant, peut ou non devenir réellement « acteur » de ses droits : cela dépend de facteurs individuels et sociaux en interaction. Sur les droits de l’enfant vus à travers l’approche par les capabilités : Stoecklin, D. & Bonvin, J.-M. (2014). Children’s Rights and the Capability Approach. Challenges and Prospects. Children’s Well-Being: Indicators and Research 8. Dordrecht, Heidelberg, New York, London: Springer. (http://www.springer.com/gp/book/9789401790901).

9. À propos de l’idée de démocratie, voir : Max Frisch (1990). Demokratie – ein Traum ? Dans : Schweiz als Heimat ? Frankfurt am Main : Suhrkamp Verlag, pp. 489-492.

Commentaires

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Laurent

Merci pour cet article! Option binaire

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