Politique Le 13 avril 2018

Lancé dans un marathon électoral

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Lancé dans un marathon électoral

L’équipe des jeunes Vert-e-s au marathon de Genève en 2017 © François Haas

Ils seront 623, ce dimanche, à se présenter à la course au Grand Conseil genevois. Parmi eux, François Haas, 19 ans et benjamin de ce « Grand Prix électoral ». Un an à peine après avoir acquis le droit de vote, le jeune Vert revendique un siège au parlement cantonal où il entend défendre la place de la jeunesse, mais aussi l’égalité des genres et la cause animale. Arrivant au bout de son « marathon électoral », il livre aujourd’hui son ressenti sur Jet d’Encre.


 

On y est presque, J-3 avant le grand jour. Oui, cher-e lecteur-trice, de la façon dont j’exprime mon attente et mon enthousiasme, tu pourrais croire que je m’apprête à partir à l’aventure pour découvrir le monde sur un bateau de pêche avec un groupe d’ami-e-s, à la recherche de cultures et de savoirs encore inconnus à ma personne. Eh bien, pour ne pas te mentir, c’est à peu près ça dans les faits. Dans les faits, oui et non… enfin c’est compliqué ! On va dire que le ressenti est le même, et que le bateau sert d’allégorie. En effet, malgré ma forme peu sportive dans le domaine, je suis lancé dans la course au Grand Conseil genevois dont les résultats et les médailles seront décernés ce dimanche 15 avril 2018. Pour ne pas faciliter mon parcours, j’ai 19 ans, donc il s’avère que je suis le plus jeune candidat parmi les 623 personnes participant à ce Grand Prix électoral et que j’ai à peine eu le temps de m’échauffer lors de diverses sorties de printemps comme le détroit de Billag ou la montée de la Forta.

Certain-e-s m’ont déjà dit perdant avant d’entendre le coup de pistolet, mais pourquoi je n’aurais pas le droit d’y croire un peu ? Pourquoi je ne pourrais pas devenir le Dennis Kimetto de la politique genevoise ? Je n’ai pas de blessures et de fractures dues à d’anciennes courses ou à des scandales de stupéfiants, je ne me fais pas offrir l’inscription par des sponsors sud-américains. Au contraire, je cours avec un groupe venant de tous les horizons sous un étendard vert. On est de tous âges, de toutes professions et, surtout avec moi comme extrême, de toutes conditions sportivo-politiques. J’ai l’envie et le courage, la motivation et l’abnégation, mais surtout je suis encouragé par ma famille, mes ami-e-s, mes maîtres et coach sportif-ve-s, et ça, c’est mon EPO à moi.

Bon, ne faisons pas comme ces marcheur-euse-s du dimanche qui n’ont de marche que le nom et soyons franc-he-s. Oui, je me lance dans un parcours du combattant, oui j’ai peut-être parfois des crampes aux pieds dès qu’il faut les garder sur terre, et oui c’est ma première course. Mais j’ai envie d’y croire, et surtout envie de montrer que les jeunes sont des grand-e-s sportif-ve-s et que 42 km, ça ne leur fait pas peur. J’ai envie de prouver que la forme politique, elle s’obtient facilement et que qu’elle ne nécessite pas du matériel high-tech. Pour te répondre, oui il est important de faire des jeunes de grand-e-s coureur-euse-s, parce que demain, ce ne sera pas aux actuel-le-s champion-ne-s de courir en politique, mais à nous autres. C’est une vraie mise en garde. Laissons-nous la chance de battre des temps et des records électoraux parce que sinon nous allons nous retrouver à faire du surplace et sincèrement, nous n’en avons pas du tout l’envie, et toi non plus.

Trêve de galéjades et arrêtons le sport ici, car mon souffle se coupe. A me lire, tu pourrais penser que je ne m’engage que pour la jeunesse parce que je suis jeune et cela serait restreindre mes ambitions et mon programme. Oui, la jeunesse et son engagement sont les premiers aspects que je veux porter au Grand Conseil. Aujourd’hui, la jeunesse ne vote pas assez, ne s’engage pas assez (que ce soit en politique ou autre) ou encore ne parle pas assez. Pourtant il est important qu’elle le fasse à sa manière, forte et franche. Car oui, la jeunesse genevoise est forte, ambitieuse et surtout audacieuse ! Le problème est donc la différence entre sa capacité et ce qu’elle montre au reste de la société. J’ai dès lors envie de me battre pour qu’elle puisse s’exprimer comme elle le peut et surtout qu’elle sache qu’elle en est capable. J’ai bien peur que certain-e-s jeunes, aujourd’hui, ne saisissent pas l’opportunité de parler et de se montrer.

J’ai une envie de jeunesse politique. Mais me réduire à cela serait me réduire à ma condition de jeune adulte. Je porte également d’autres engagements forts comme la condition animale, la mobilité douce ou encore l’égalité des genres et des orientations sexuelles face à la loi. Ah oui, mince, ce sont des thèmes jeunes. Non pas que les personnes qui ne sont pas de ma génération ne défendent pas ces problématiques, mais ces thèmes sont très souvent défendus au quotidien par la jeunesse. En quelque sorte, je me réduis moi-même à ma condition de jeune, car oui, je n’ai pas de notions ultra poussées de fiscalité, ou bien d’ambition de réforme économique approfondie.

J’ai une pensée pour les réac’ qui lisent cet article avec les mots jeunesse repris sempiternellement et nous voient, nous les jeunes, comme le grand remplacement, avec la peur d’une politique progressiste. Eh bien vous savez quoi, cela ne me dérange pas. Car aujourd’hui, il est plus que temps que la jeunesse prenne la place (et les sièges) qui lui revient de droit ! N’en déplaise à certain-e-s.

 

« Accepte ta jeunesse, elle a du caractère. » Médine, Grand Paris

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