Pauvre saint Valentin envoyé en prison !
Pourquoi ? Parce qu’il mariait ceux qui s’aimaient
En tout bon fidèle chrétien qu’il était !
Claude II jugea que c’était une raison.
C’était en deux cent soixante-neuf que son sang
Coula à cause d’un sanguinaire tyran.
Mais avant de mourir il rencontra Julia
Dans sa geôle, elle-même la fille du geôlier.
Pauvre petite, ses yeux étaient aveuglés
Car la cécité était sa seule loi.
La cage n’était pas seulement trop exigüe,
C’était des ténèbres que nul n’avait vu.
Alors notre saint lui raconta tout
Et plus rien ne lui était dès lors inconnu.
Il décrivit le monde de bout en bout :
Le jour, le soleil, la lune, le soir.
On raconte qu’une lumière est apparue
Et qu’ensuite elle finit par tout voir.
Appréciant que très peu ce grand prodige
L’empereur quémanda son bourreau
Pour trancher à nouveau un cou nouveau ;
La tête du martyr tomba comme une tige.

Et moi je suis là à vous embrasser mon ange,
Sans scrupule sur ce banc. Et bien ça m’arrange !
Acceptez cette rose en l’honneur de vos yeux
Et en souvenir d’un pauvre saint malchanceux !