Politique Le 9 décembre 2016

Roger Köppel dans la droite ligne de Trump à Genève

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Roger Köppel dans la droite ligne de Trump à Genève

Photo originale © Jürg Vollmer. Photomontage « Make d’Schwiiz Great Again »: Michael Maccabez

Le rédacteur en chef de la sulfureuse Weltwoche et conseiller national UDC Roger Köppel a donné une conférence mercredi soir dans un hôtel de luxe à Genève pour, a-t-il dit, « corriger l’image que l’on a de moi en Romandie », et accessoirement tenter d’expliquer le phénomène Trump. Le thème de la conférence, « Trump, le Brexit et leurs conséquences pour la Suisse », est en effet vite apparu comme secondaire à la promotion de son propre programme politique, que le politicien zurichois a présenté comme une réponse en Suisse aux mêmes inquiétudes populaires qui ont vu émerger Trump ou le Brexit dans d’autres parties du monde.

 

« J’aime comme Trump lutte contre les médias, même si j’en fais partie »

Reprenant la rhétorique du prochain président des Etats-Unis, Roger Köppel s’est félicité de l’élection de Donald Trump malgré des médias « mainstream », «  partisans » et malhonnêtes. « J’aime comme Trump lutte contre les médias, même si j’en fais partie », a ajouté le journaliste à un public grisonnant et acquis à sa cause. Et le rédacteur en chef du journal d’extrême-droite de dénoncer un paysage médiatique suisse « catastrophique » et également « partisan ». La presse du secteur privé en Suisse romande ? « Tous de gauche, […] tu dois prendre des aspirines quand tu lis les journaux en Romandie ». La SRF ? « Un fan club d’Hillary Clinton » durant l’élection américaine qui ne l’invite plus à débattre. La RTS ? « Meilleure que la SRF » en cela qu’il est toujours le bienvenu sur les plateaux francophones. Roger Köppel semblait d’ailleurs ravi de partager, faussement complice, quelques bribes de conversation avec Darius Rochebin, qui l’avait interviewé deux semaines plus tôt1.  Et malgré une part importante de spectateurs suisse-alémaniques dans la salle, le conseiller national a mis un point d’honneur à pratiquer son français mercredi soir. Face à ces médias « de la pensée unique », Roger Köppel s’est présenté, à l’instar de Donald Trump, comme la voix discordante, celle qui ose dire tout haut ce que le Bünzli pense tout bas.

 

Drain the Bundeshaus, Switzerland First, Build the Borders

Fustigeant durant une heure et demie les élites médiatiques et politiques aux Etats-Unis comme en Suisse, l’homme le mieux élu des dernières élections fédérales2 s’est réjoui d’une libération de la parole ouvrant la voie à « une nouvelle pluralité du sens démocratique ». Malgré l’influence considérable qu’il exerce en tant qu’élu et rédacteur en chef de l’hebdomadaire alémanique, Roger Köppel a tenu à se présenter comme un homme hors du système, se remémorant notamment son père paysan au bon sens terrien, « plus intelligent que Barroso ». « Je suis un non politicien », a notamment déclaré l’élu, qui a également affirmé ne pas être familier de la « tactique politique ».

Roger Köppel a vu dans la victoire de Donald Trump celle d’une démocratie directe et d’un mouvement souverainiste, qu’il a estimé couver également au sein de la politique helvétique. Pour le Zurichois, la solution au ras-le-bol populaire est simple : « Il faut le retour d’un Etat de droit national, avec des politiciens responsables, une démocratie claire et une structure claire ». Entendons : un Etat qui contrôle massivement ses frontières et qui n’est pas astreint au droit supranational. Exeunt donc l’accord-cadre avec l’Union européenne, la Cour européenne des droits de l’homme et toutes ces institutions qui ouvrent la voie, selon l’avocat zurichois, « à une dictature ». Ces accords « ne sont pas la Suisse », a affirmé le politicien, qui a dit vouloir faire de l’indépendance de la Confédération une condition à l’ouverture des Suisses au monde. Switzerland First, en somme.

S’offusquant du coût de l’accueil des réfugiés dans son canton, il dit vouloir protéger le pays en fermant davantage les frontières aux migrants et réfugiés. « Si je laisse mon frigo ouvert, tout le monde va prendre ce qu’il y a dedans », a déclaré avec tact le conseiller national UDC. On n’est pas loin de l’idée d’un mur à la frontière sud de la Confédération.

Galvanisé par la victoire des extrêmes aux Etats-Unis, Roger Köppel s’affirme en tant qu’élu hors du sérail bien qu’il fasse partie de l’establishment du premier parti de Suisse. Il critique les médias « partisans » alors qu’il est à la tête d’un journal très anglé à la droite de la droite et se présente comme un modeste homme du peuple quand bien même il réponde à toutes les définitions d’une « élite ». Mercredi soir, le journaliste Roger Köppel n’est venu à Genève qu’avec sa casquette, écarlate, de politicien.

 


1 Retrouvez le Pardonnez-moi avec Roger Köppel ici

2 http://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/portrait-de-roger-koeppel-ludc-le-mieux-elu-de-lhistoire-politique-suisse?id=7159502

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