Économie Le 31 mai 2013

Dans les remous d’une crise

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Dans les remous d’une crise

© Chappatte

Au fond, une crise économique, c’est comme un tsunami. D’abord tout est calme. Quelques insouciants se promènent ou se prélassent à la plage sans se préoccuper un instant de leurs économies d’une vie. Et puis, subitement, le capital se retire à toute bombe de son placement, dévoilant au passage des parties immergées que jamais le public profane n’était supposé voir : les turpitudes de banquiers peu scrupuleux, les calculs indignes d’actionnaires et de traders ignominieux, les prétendus bienfaits de l’économie libérale. Des poissons agonisant gisent déjà par-ci par-là et préludent une hécatombe. Elle ne tarde pas. Elle vient vite. Elle roule ses trombes et arrache tout sur son passage. Aux petits poissons se succèdent les gros, avec leurs maisons et leurs banques. Leurs affaires tournoient dans les remous, se font aspirer par le fond, émergent juste assez pour que le public effaré puisse reconnaître la traitrise, l’avarice et la cupidité.

Mais ça ne s’arrête pas là. À la confiance succède la méfiance. On scrute l’horizon. La moindre vague nous effraie. Le pouvoir public asphalte de nouvelles voies de secours et légifère à tout va des issues inutiles. On veut consolider les côtes et faire table rase d’un modèle qu’on dit périmé : « plus jamais ça ! ». La bourse convulse, mais s’électrise à coup de milliards pour finir par reprendre à rythme stable.

L’écho des discours politiques résonne encore que déjà certains surfent à nouveau sur les titres pendant que d’autres se frictionnent au change à la manière de plaques tectoniques. La vague a pourtant laissé des traces et continue à produire ses effets néfastes. De tremblements en tremblements, des pays entiers sont au bord du précipice et candidats à la banqueroute. Aux années socialistes et leurs avantages succèdent les plans d’austérité, les mouvements de droite et les mouvements de foule. Les gens n’ont même plus de pavés à lancer : les mêmes qu’il aurait fallu prendre pour construire de nouvelles maisons et de nouveaux petits commerces ont été sacrifiés sur l’autel du grand capital à reconstruire.

Toutefois, ce chômage, ce mécontentement légitime des peuples, cette impression d’avoir été volé dans sa vie et violé dans son cœur, détermine aussi la houle et la violence sa célérité. Il n’y a pas que les spéculations de boursicoteurs qui créent les grands mouvements et les grandes crises. L’Histoire nous l’a enseigné. Face aux grandes catastrophes de l’humanité, il aurait fallu – et il faut aujourd’hui – rétablir les liens sociaux et la solidarité du peuple car quand on le prive de ses biens légitimes, n’oublions pas que lui aussi est à l’origine des vagues.

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