Genre Le 3 avril 2014

Femme en Palestine : le fardeau d’une double condition

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Femme en Palestine : le fardeau d’une double condition

© lamontagne.fr

Colonies ravageuses, checkpoints humiliants, mur honteux : les mots sont légion pour décrire le processus de cannibalisation entamé par Israël depuis 1967. Les Palestiniens sont en permanence dans le viseur de la politique de « Bibi » et sa clique. Mais un autre agresseur se terre au sein même du peuple de Palestine. Il harcèle, violente et tue, de manière bien plus insidieuse, sans être systématiquement dénoncé par les médias internationaux : l’homme, au sens le plus masculin du terme, qui, quotidiennement, abat sa colère sur les mères, les sœurs, les épouses, les filles, les femmes… État des lieux d’un quotidien effrayant1.

À force d’entendre les journalistes occidentaux confronter systématiquement l’armée et le gouvernement israéliens au peuple palestinien, il serait confortable d’accuser Tsahal d’être le seul vecteur d’angoisse pour les Palestiniens. Ils le sont, sans nul doute, comme l’illustre « Five Broken Cameras2 », documentaire réalisé par Emad Burnat et Guy Davidi, qui plonge le spectateur dans un climat de persécution, entretenu par les patrouilles israéliennes lors de leurs descentes incessantes dans le village de Bil’in, où les paysans ont décidé d’organiser une résistance non violente contre l’avancement des colonies juives. Les femmes de ce village vivent dans la crainte de voir leurs maris et enfants arrêtés pour une période indéterminée, avec toute l’insécurité économique que cela engendre, puisque ces familles vivent de l’agriculture et que la force de travail masculine reste indispensable. Elles vivent dans la crainte de voir leur maison détruite par les bulldozers israéliens. Elles vivent dans la crainte d’être harcelées par les militaires sur les routes, aux checkpoints ou tout autre lieu public.

Mais une femme palestinienne vit aussi dans la crainte de ses congénères. Son mari, son frère, son père, ses concitoyens. Au sein même de son ménage, elle est souvent battue et il n’est pas question d’en parler, comme le relate une femme du village d’Hebron : « If I faced a problem like this (being beaten), I would keep silent with my secret (…) Yes, it is difficult to speak up (…), you would risk to be killed »3. Une autre femme de Nablus témoigne: « Our neighbor was beaten by her husband every night. Neighbours used to knock on the door. He would say: “This is my wife, so no one should intervene”. He was stricken with cancer and died. (…) Now the problem is that her son beats his mother since his father’s death4.» Il est aussi toléré que les individus mâles d’une famille arrangent des privilèges sexuels aux autres hommes de la famille avec l’une des femmes du foyer5. Mais selon l’expression commune, chacun balaie devant sa porte.

À cela s’ajoute les mariages arrangés avec de très jeunes filles et, dans une moindre mesure, la polygamie. Le mariage jouit d’ailleurs d’un statut extrêmement ambigu puisqu’il signifie pour certaines filles, la fin du joug et des violences familiales. Ou alors le début des violences conjugales.

Les crimes d’honneur ou « féminicides » sont également légion et cachent souvent des problèmes d’héritage : « My husband is a prosecutor ; he handles so many cases of honour killings. In the past, he had cases of people who were fighting, thefts, murders and inheritance issues, but now honour killings resemble a fascination6» (femme originaire de Jenin).

Il s‘avère que filles et femmes ne peuvent compter sur le corps médical, la police ou les cours de justice pour les protéger. Ou au minimum, les soigner des blessures découlant des violences à leur encontre : « Society considers it unacceptable that you go to the police to inform against your husband »7. Le linge sale se lave en famille, le silence pervers prévaut. Dans les institutions publiques, la délation ne pose par contre aucun problème : un juge ou un médecin n’hésite pas à trahir le secret professionnel auquel il est tenu si une femme ose lui parler du climat de violence qu’elle affronte jour après jour : « At court, we mostly suffer from a lack of confidentiality »8 (travailleuse, Jénin). Dans les rapports médicaux, il n’est pas rare que le docteur réfute ou supprime les propos d’une femme battue9. Un cercle vicieux, dans lequel les femmes palestiniennes sont enfermées malgré elles.

Sans vouloir excuser toute cette spirale infernale, il est possible que la frustration ressentie par les hommes de ne pouvoir assurer la sécurité de leur famille, de la mettre à l’abri du besoin rejaillisse sur la population féminine palestinienne ; sans négliger le manque de stabilité et d’unité au sein du gouvernement palestinien ainsi que l’absence d’unité dans la législation palestinienne (mix des lois de l’Empire ottoman, de la période du Mandat britannique, des lois jordaniennes, égyptiennes et même des lois militaires israéliennes) qui représentent une enceinte infranchissable pour toute femme qui souhaiterait se défendre. Au final, les lois ancestrales, les lois tribales et la Charia priment et le « mukhtar », chef du village, endosse le rôle de juge suprême.

Pour l’instant, la peur d’être stigmatisée et ostracisée prévaut. La peur de subir les foudres du reste de la communauté fait taire les femmes. La peur d’être exécutée leur ôte toute volonté de revendication. Les femmes du monde entier peuvent être victimes de discriminations, d’actes sexistes ou de violences. Les femmes palestiniennes sont d’autant plus méritantes qu’elles trimballent un double fardeau : être palestinienne en territoire occupé et être femme dans une région où il n’est encore pas question de la respecter selon le principe universel de la dignité humaine mais plutôt d’après le schéma d’un sexe fort qui assouvit le sexe faible.


1. Les informations utilisées dans cet article, sauf note contraire, sont issues du rapport « Palestinian Woman and Security: Why Palestinian Women and Girls Do Not Feel Secure », Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces.

2. Plus d’informations sur http://www.youtube.com/watch?v=v1KADzXHtco, consulté le 21.03.2014.

3. Op.Cit., note 1, p. 31.

Traduction : « Si je devais rencontrer un problème comme celui-ci (être battue), je resterais silencieuse (…) Oui, il est difficile d’en parler (…) tu risquerais d’être tuée.

4. Traduction : « Notre voisine  était battue par son mari tous les soirs. Les voisins avaient l’habitude de frapper à notre porte. Il disait : « c’est ma femme alors personne n’a le droit d’intevenir ». Il fut atteint d’un cancer et mourut. Maintenant, le problème est que c’est le fils qui bat sa mère depuis la mort de son père ».

5. Op.cit., note 1, p. 35.

6. Op.cit., note 1, p. 38

Traduction : « Mon mari est procureur. Il doit faire face à tellement de crimes d’honneur. Autrefois, il avait de nombreux cas de disputes, vols, meurtres et conflits d’héritage, mais maintenant les crimes d’honneur semblent être une fascination ».

7. Op.cit., note 1, p. 41.

Traduction: « La société considère qu’il est inacceptable d’aller informer la police du comportement de votre mari ».

8. Op.cit., note 1, p. 42.

Traduction : « Au tribunal, nous souffrons du manque de confidentialité ».

9. Op.cit., note 1, p. 44.

Commentaires

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john

Quels préjugés ??? Parler du sort des femmes palestiniennes qui subissent la violence est important. Elles sont trop oubliées malheureusement.…

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Quentin

Article tellement pleins de préjugés qu'on en lit que deux paragraphes. Dommage, y avait certainement beaucoup à dire en effet.

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Quentin

Article tellement pleins de préjugés qu’on en lit que deux paragraphes. Dommage, y avait certainement beaucoup à dire en effet.

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john

Quels préjugés ??? Parler du sort des femmes palestiniennes qui subissent la violence est important. Elles sont trop oubliées malheureusement. Et le mariage de fillettes existent. Tout cela doit changer.. Il faut évoluer….

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