International Le 11 août 2014

Regard d’ailleurs par ici : Le Liban

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Regard d’ailleurs par ici : Le Liban

La série « Regard d’ailleurs par ici » a pour objec­tif de dres­ser ponc­tuel­le­ment un por­trait syn­thé­tique et vul­ga­risé d’un pays ou d’une région de notre monde. Dans cet exer­cice de style et d’histoire, je sou­haite mettre en lumière des éléments cultu­rels, poli­tiques ou écono­miques afin de situer ce pays ou cette région d’ailleurs, vu d’ici.

En dressant un portrait de la Suisse dans la dernière édition, je me suis rendu compte de la difficulté d’un tel exercice par peur de transformer le portrait en caricature, ou encore, en esquisse. Que cette difficulté soit recherchée ou subie, j’invite donc le lecteur à partager son point de vue, ce d’autant plus s’il s’agit d’un pays que l’on ne connait qu’à travers un livre d’histoire.

 

« Regard d’ailleurs par ici » : Le Liban

 

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Liban aspirait à devenir la Suisse du Proche-Orient. L’or occupait une place importante dans l’économie, les affaires étaient florissantes et le tourisme prenait son essor. Un peu à la façon de la Suisse sous d’autres cieux, le pays est devenu une île, puis une terre d’asile.

Une terre d’asile c’est également ce que Lord Balfour a promis à son compatriote sioniste Chaim Weizmann en 1917 ; un refuge pour la diaspora juive. Ce vœu sera exaucé par l’ONU qui, du haut de ses balbutiements de nouveau-né, et à l’aube de l’ère des décolonisations, renoue avec les pratiques mandataires de feu la Société des Nations. Un Plan de Partage de la Palestine est voté et l’État d’Israël est créé en 1948. Mais cette oasis pour le peuple juif germe dans la violence et à défaut du partage planifié, un peuple sera poussé à l’exil. La « Nakba » résonnera dans les vallées de la Suisse du Proche-Orient qui, d’un coup d’un seul, va faire les frais de la survie de ce nouvel État en terre arabe.

En vingt ans, et seulement Six-Jours, plus de trois cent mille Palestiniens viennent s’abriter sous les cèdres libanais, ce qui entrainera un tremblement de terre démographique et politique. L’architecture institutionnelle du Liban aura toutes les peines du monde à s’adapter à cet afflux massif de réfugiés palestiniens sunnites en demande de représentation, dans un système politique confessionnel qui essaie tant bien que mal de maintenir un équilibre constitutionnel entre les chrétiens de confession maronite et les musulmans de confessions sunnite et chiite. Trop fortes, les tensions couvées au Parlement finiront par s’exprimer dans la rue par milice interposée. Avec les attentats et les représailles, la guerre civile sera inéluctable.

La Syrie aura beau intervenir et imposer un cessez-le-feu, la consternation libanaise n’aura d’égal que la colère grandissante d’Israël pour une Organisation de libération de la Palestine qui planifie ses opérations depuis Beyrouth. En passant à l’offensive en 1982, l’État juif met la capitale millénaire à feu et à sang. Les forces onusiennes seront les spectatrices d’un désastre humanitaire et d’une tragédie régionale qui n’en est qu’au prologue.

Les conflits du Proche-Orient résonnent aujourd’hui comme une litanie sans fin au moment où l’embrasement de la Syrie et de Gaza fait craindre un retour de flammes au Liban. N’oublions donc pas que les rêves du Liban ont été brisés par un peuple qui poursuivait les siens propres et qui un jour a pu s’emparer d’une terre, puis d’un mont, puis d’une source. N’oublions pas depuis la Suisse que le Liban nous ressemble avec ses montagnes, ses vignes, ses rivières et ses vallées, ainsi que son amour pour le commerce, la diversité et le respect des minorités.

 

Dans la prochaine édition de la série « Regards d’ailleurs par ici », on ne découvre pas un seul pays mais plusieurs, à travers l’histoire des grands canaux du Monde.

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