Sport Le 5 avril 2014

L’équipe de Suisse et la Coupe du Monde de football – Partie 2: Suisse-Autriche 5-7, 26 juin 1954

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L’équipe de Suisse et la Coupe du Monde de football – Partie 2: Suisse-Autriche 5-7, 26 juin 1954

Eugène Parlier, impérial dans les airs lors de cette fameuse rencontre. © newsnetz.ch

À Brasilia, le 15 juin 2014, la « Nati » disputera le 30ème match de Coupe du monde de son histoire. De Milan à Bloemfontein, en passant par Lausanne, Sheffield, Santiago, Dortmund ou Los Angeles, le parcours mondial de l’équipe de Suisse s’est avéré sinueux. Il est marqué autant par des exploits légendaires que par de cruelles déceptions. Retour sur quatre rencontres inscrites à tout jamais dans l’histoire du football helvétique, avec le concours de Philippe Vonnard, assistant-diplômé, chercheur à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (ISSUL).

Partie 1: Suisse-Allemagne 4-2, Coupe du monde 1938

 

Partie 2: 26 juin 1954, Lausanne: la malédiction

Suisse-Autriche 5-7 (4-5)

La Seconde Guerre mondiale ayant empêché la tenue des festivités de 1942 et 1946, la Suisse retrouve la Coupe du monde au Brésil en 1950. Elle va se faire éliminer au premier tour, malgré la présence dans ses rangs du légendaire buteur Jacky Fatton, auteur d’un doublé face aux Auriverdes1, excusez du peu.

Quatre ans plus tard, la Confédération accueille la cinquième phase finale de Coupe du monde de l’histoire. La « Nati » se doit d’être performante face à son public. La poule de la Suisse lors de cette édition est composée de la Belgique, l’Angleterre et l’Italie, groupe 100% européen, le seul et unique dans son genre. Le format, un peu spécial, désigne deux têtes de série par poule qui ne s’affronteront qu’en cas d’égalité de points. La Suisse domine l’Italie (2-1), mais doit s’incliner face à l’Angleterre (0-2). Ce résultat est synonyme d’un barrage entre les Italiens et les Suisses. La rencontre voit la Nati s’imposer 4-1 au Parc Saint-Jacques de Bâle. À ce titre, l’un des acteurs de la rencontre, Marcel Flückiger, se souvient : « L’Italie était déjà une grande équipe, mais la notre était très bonne aussi, avec des gens comme Roger Vonlanthen, Robert Ballaman, Josef Hugi et Eugène Parlier.»2 Cette victoire, historique, provoque un vent d’optimisme, et permet à la Suisse de se qualifier pour son troisième quart de finale d’un Mondial.

Le 26 juin, c’est à Lausanne, au Stade de la Pontaise – enceinte créée pour la manifestation – que va se dérouler l’un des matchs les plus improbables de toutes les phases finales disputées par l’équipe nationale. En effet, pas moins de douze buts furent inscrits durant la rencontre, tous entre la 15ème et la 75ème minute !

La « Nati » mène rapidement à la marque et prend le large:  3-0 après vingt minutes de jeu, la messe semble donc être dite. Pourtant, tout s’effondre rapidement. Le défenseur central et le gardien (le fameux Eugène Parlier) de l’équipe de Suisse sont en effet pris d’une insolation au milieu de la première mi-temps, victimes de la chaleur étouffante de la Pontaise. En infériorité numérique (les remplacements n’existaient pas encore à cette époque), les Helvètes s’écroulent et encaissent cinq buts ! À la 34ème, l’Autriche mène 5-3. Malgré un sursaut d’orgueil, les Suisses s’inclinent 7-5 dans le match le plus prolifique que la Coupe du monde ait jamais connu.

Ce match est un échec retentissant pour la sélection nationale. Pourtant, il faut le relativiser, car peu de choses laissaient présager une telle performance helvétique durant ce tournoi. En effet, sur les 24 matchs disputés entre la Coupe du monde de 1950 et l’édition de 1954, la Suisse n’a remporté que six rencontres, se faisant parfois proprement humilier comme en témoignent les matchs de Madrid en mars 1951, quand elle s’incline 6-3 face à l’Espagne ou celui de juin de la même année à Belgrade, lors duquel la Nati subit une sévère déroute 7-3 face à ses homologues yougoslaves3. Il faut peut-être voir dans ces défaites les manquements suisses en matière de professionnalisme.

Comme mentionné dans la première partie de ce dossier, la pratique professionnelle est interdite sur le territoire national, ce qui place les joueurs suisses dans une situation défavorable vis-à-vis de leurs homologues anglais, espagnols et italiens, pays dans lesquels les joueurs sont des professionnels reconnus, mais également allemands, autrichiens et hongrois, contrées où l’amateurisme marron n’empêche pas les meilleurs d’entre eux d’être rémunérés. Il faudra attendre les années 1970 pour que le professionnalisme soit finalement accepté en Suisse. Cette situation n’interdit pas les possibles exploits, mais limite fortement l’opportunité de les répéter sur la longueur.

Vidéo : Les buts de la rencontre, relatés par la télévision anglaise.

 

Prochain match à découvrir dans la série « L’équipe de Suisse et la Coupe du monde de football »: Suisse-Roumanie 4-1, 22 juin 1994.


1. En référence aux couleurs de l’équipe nationale brésilienne

3. Tous les résultats de tous les matchs de l’Équipe de Suisse peuvent être consultés sur : http://www.rsssf.com

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