International Le 14 juillet 2014

Les drones à l’attaque pulvérisent les ultimes vestiges de la chevalerie

3
3
Les drones à l’attaque pulvérisent les ultimes vestiges de la chevalerie

USAF Photographic Archives

Vous allez me dire : « Pff… la chevalerie est morte, incinérée et ses cendres furent moulues par le moulin du temps depuis des siècles! Les drones n’y sont pour rien ». Abjections, Votre Horreur! C’est vrai que les beaux principes des chevaliers ­– intrépidité pendant le combat et mansuétude pour les vaincus ; sauvagerie dans l’action et courtoisie après la bataille – étaient passés de mode dès l’apparition de l’artillerie lourde. Et les beaux chevaliers du Moyen-Age se livraient aussi aux viols, carnages et massacres.

Mais il y avait le Code d’Honneur de la Chevalerie qui, s’il était plus ou moins respecté comme toutes les lois, n’en consistait pas moins un frein aux pulsions les plus monstrueuses. Le seul fait de son existence témoignait de la présence de l’humanité dans l’inhumanité, ainsi que de la grandeur d’âme d’une société irriguée par la Foi. Les combats se déroulaient au corps à corps. L’ennemi m’était tellement proche qu’il portait une part de moi-même.

Avec l’artillerie lourde, changement d’optique : les canons fauchaient des soldats situés au loin ; on les distinguait à peine au milieu des fumées. Mais enfin, les artilleurs risquaient aussi leur peau. Ils étaient les premières cibles des confrères d’en face.

Le recours au bombardement aérien a encore éloigné le militaire de ses ennemis. Le largueur de bombes n’apercevait qu’un troupeau de maisons sous le ventre de l’appareil, sans autre vie que celle d’une fourmilière. Toutefois, l’équipage mettait aussi sa vie en jeu, entre les tirs de la DCA et la chasse des aviateurs ennemis.

Les guerriers donnaient la mort mais savaient aussi qu’ils pouvaient la recevoir à tout moment. Il restait donc, ça et là, quelques micropoussières de la chevalerie en ruine, qui se sont réduites à l’état moléculaire au fur et à mesure des progrès – vous avez dit, « progrès »? – de la technologie militaire.

Aujourd’hui, l’emploi des drones permet, pour la première fois, à des militaires – peut-on encore leur donner ce titre? ­– de téléguider la mort sans aucun risque pour leur petite personne. Sinon celui de se faire renverser par une voiture en sortant de la caserne.

Les États-Unis sont les plus gros – et de loin – consommateurs de ces engins d’un futur déjà bien présent. En 2011, le nombre d’opérateurs de drones (350) formés par les armées américaines a dépassé celui des pilotes d’avions de combat (250).

Dans des lieux tenus secrets, au Nouveau Mexique, au Texas, au Nevada, ces fonctionnaires cybertueurs pilotent à distance un appareil sans pilote pouvant disposer d’une autonomie de vol de quarante heures. La caméra installée dans le corps du drone offre au téléguideur la vision parfaite du champ de bataille. Ses supérieurs désignent les cibles. Et en un clic la mort débarque à 10 000 kilomètres de là, en Irak, au Pakistan, en Somalie, en Afghanistan.

Tuer sans être tué, sans même être éclaboussé par le sang. Tuer en restant propre sur soi. Tuer sans même avoir besoin de s’en laver les mains. À l’étape suivante, l’opérateur sera remplacé par un ensemble de logiciels qui accomplira toutes ses tâches. L’ordinateur prendra même la décision de s’enclencher sans ordre dès que s’agitera une « cible » correspondant aux données de son programme.

ChevalierEt ­– qui sait? ­– provoquera-t-il peut-être la troisième guerre mondiale. Un beugue est si vite arrivé. Pleure chevalier! Tu n’étais qu’un pauvre couillon.

 

 

Pour découvrir d’autres textes sous la plume de Jean-Noël Cuénod, n’hésitez pas à lire son blogue et à vous abonner à sa « Niouze Létaire du Plouc » à l’adresse jean-noel.cuenod@orange.fr.

Commentaires

image-user

Quentin S.

Et pourtant la chevalerie est encore là aujourd'hui, parce qu'une guerre du 21ème siècle se mène toujours sur le champs…

Lire la suite
image-user

chente fou

la chevaleri jamais est mort quand de guerre se parle

Lire la suite
image-user

Abdel Kader

L'esprit de chevalerie est mort dès que la noblesse l'a abandonné, aujourd'hui les couillons ce sont les pauvres prolétaires qui…

Lire la suite

Laisser une réponse à Quentin S. Annuler

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Jet d'Encre vous prie d'inscrire vos commentaires dans un esprit de dialogue et les limites du respect de chacun. Merci.

image-user

Quentin S.

Et pourtant la chevalerie est encore là aujourd’hui, parce qu’une guerre du 21ème siècle se mène toujours sur le champs de bataille, au sol, arme au poing et couteau dans la poche. le corps à corps est toujours d’actualité, on le voit ce soir encore avec les opérations à Gaza, et la réalité militaire d’aujourd’hui reste l’infanterie, l’artillerie et les chars, il suffit de voir les moyens Russes déployés sur les frontières ukrainiennes ces derniers mois. l’aviation n’est qu’un moyen de soutient, en arrière, et le drone n’en est pas encore à remplacer les opérations humaines au sol. Mais quand les soldats seront des robots ……

Répondre
image-user

chente fou

la chevaleri jamais est mort quand de guerre se parle

Répondre
image-user

Abdel Kader

L’esprit de chevalerie est mort dès que la noblesse l’a abandonné, aujourd’hui les couillons ce sont les pauvres prolétaires qui combattent pour des nobles sans noblesse aucune. Ce n’est pas une critique de l’article que j’ai trouvé excellent et léger en cette période tendue.

Répondre