Le 29 novembre s’est déroulée la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, célébrée depuis 1977 sur demande de l’Assemblée générale de l’ONU. Pourquoi cette date? Parce que le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU, par la résolution 181, marquait le partage de la Palestine en évoquant les droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à créer un État indépendant. Depuis 1947, ce droit demeure virtuel. Ni les déclarations et résolutions accumulées depuis, ni la condamnation du mur par la Cour internationale de justice en 2004, n’ont changé quelque chose à l’affaire. La voie politique semble sans issue. Et si la solution était économique?
Sanctions
Nouveauté, à partir du 1e janvier 2014, toute entité israélienne – entreprise, université, association – située au-delà des frontières de 1967 ne pourra plus recevoir de financements européens. Le gouvernement israélien a immédiatement pris le contre-pied de cette directive européenne en s’engageant à les indemniser. Cette indemnisation sera proportionnelle et payée sur le budget du ministère de l’Économie. Les choses bougent. Et si la position européenne était un vrai pas vers le changement?
Nouvelle génération
Une nouvelle génération entre dans l’adolescence en Palestine. La génération post-mur (2004). Une génération qui n’a rien à voir avec les générations précédentes et qui a tourné le dos à la violence. Cinq jeunes hommes assis en cercle, un seul à la tête levée. Est-ce parce qu’il est le seul à se révolter? Non. Les quatre autres sont sur Facebook. Qu’est-ce que Facebook? Pour le paysan palestinien, c’est un tournevis pour déboulonner les présidents! Pour les autres : une soif d’apprendre, d’échanger, d’étudier, une fenêtre sur d’autres mondes pour gagner la bataille des idées. Ceux qui ont écrit sur le facteur Facebook dans les pays arabes comme détonateur de révolution peuvent aller se rhabiller. Les gouvernements ne tombent pas d’un coup de clic sur Facebook. Sinon, en ce 29 novembre, la Palestine existerait déjà, avec les plus de 10 millions de « likes » de son peuple. Quel sera le rôle des nouvelles technologies dans la lutte pour l’émancipation? Aujourd’hui, 94% des Palestiniens ont un téléphone portable. Mais ils n’ont pas accès à la 3G. Israël bloque les fréquences. Que fera cette nouvelle génération? Quels seront ses nouveaux moyens de combat face à la colonisation?
Organisation
Le Fatah du président Mahmoud Abbas est contesté par la base : combien de colonies avez-vous réussi à faire démanteler, combien de checkpoints à lever lui demandent les Palestiniens, fatigués de se voir entravés dans leurs déplacements et de vivre une existence d’emmurés. Les gens veulent la fin de l’occupation, c’est tout. Ils désirent une solution globale, et ne la voient pas venir. Donnez-nous une terre, un espace pour vivre et un terrain. Donnez-nous une vie qui ressemble à toute vie, riche de possibles. Quels fruits les compromis successifs entamés par l’Autorité palestinienne ont-ils porté? L’Autorité palestinienne s’est efforcée d’être un bon élève suivant les réquisitions d’Israël et des pays occidentaux. Résultat? De nouvelles colonies, un mur qui s’enfonce profondément en territoire Palestinien, plus de 4000 prisonniers dans les prisons israéliennes et des jeunes arrêtés arbitrairement tous les soirs parce qu’ils écrivent « j’aime Palestine » sur leur mur Facebook. Jeunesse cloîtrée en révolte sourde et privée d’anniversaire.
Fragmentations
L’accession au pouvoir démocratique du Hamas dans la bande de Gaza (2006) a changé la donne, et servi les intérêts d’Israël orchestrant une mise au ban internationale du mouvement. La Palestine est de facto, aujourd’hui, séparée en deux entités. La bande de Gaza et la Cisjordanie. La Cisjordanie étant elle-même désormais constituée de trois « cantons » par les colonies sauvages israéliennes et les découpages géopolitiques qui rendent la construction d’un État palestinien comparable à un chemin de croix. Est-ce que cette fragmentation extrême laisse encore espérer un État palestinien pour la nouvelle génération? Certains pensent que non, qu’il y aura à terme un seul État. Comment Israël, pensé par le sionisme comme État juif sinon rien, qui étend ses frontières vers l’est au mépris du droit international, pourra-t-il devenir un État multiculturel et démocratique incluant les Palestiniens sans imploser? Quelles révolutions intérieures Israël est-il prêt à faire pour sortir des logiques ultra-sécuritaires? Les Palestiniens vivront-ils en Cisjordanie comme à Gaza, toujours plus dans des prisons à ciel ouvert, toujours plus petites, surveillées, toujours plus étroites? Est-ce viable? Les tenants de la solution à deux États rappellent eux qu’Israël avait des colonies à Gaza jusqu’en 2007. Puis, il les a démantelées. Les marches arrière existent donc. Est-il possible d’en faire de même en Cisjordanie, ou les colonies sont des villes, dotées d’universités, de routes, de toute une infrastructure, où il y en a plus de 170, et des centaines de milliers de colons? Mais pourquoi Israël renoncerait-il au droit du plus fort pour le droit tout court. Qu’est-ce qui pourrait le faire changer?
Colonisation
Condoleeza Rice a fait plus de 18 visites en Israël ces dernières années, chaque fois pour dire sorry ou mimer l’effroi lorsqu’on lui apprenait que de nouvelles colonies avaient vu le jour. Le mur s’allonge chaque jour. Il n’y a plus d’eau. La situation est catastrophique. La jeune génération est bloquée. Quoi qu’il arrive, il faudra faire de douloureuses négociations. Les Palestiniens en ce jour de « fête » les ont déjà faites, ont déjà subi l’inacceptable: ne pas avoir d’État, ne pas avoir Jérusalem comme capitale, voir son territoire couvert de colonies, de checkpoints, d’une présence militaire violente et intrusive, d’être soumis à une présence militaire dans la plaine du Jourdain, voir les colons cultiver leurs terres, confisquer l’eau, et exporter leurs produits en Europe et aux États-Unis, accepter que les frontières de 1967 s’éloignent et qu’Israël prenne maintenant les frontières du mur comme base de négociation, etc. Les conflits en Syrie, l’instabilité en Égypte limite les approvisionnements dans les camps palestiniens, la nourriture est moindre, la situation se tend.
Solution
Et si une partie de la solution venait de l’extérieur, et notamment de l’Europe? Les importations en provenance d’Israël sont évaluées à plus de 230 millions dans la zone euro, les échanges militaires sont multiples. Ueli Maurer envisage même l’achat de drones israéliens pour l’armée suisse en 2014! Simultanément, la situation des Palestiniens dans les camps coûte plus de 300 millions par an à l’Union européenne qui paie de facto rubis sur l’ongle la colonisation. Une campagne de boycott, de sanctions, et de désinvestissement à l’encontre d’Israël est une des voies de solution. Elle a fonctionné en Afrique du Sud! L’Europe commence à réaliser qu’elle ne peut entretenir et financer une situation d’occupation et de violations du droit international sur les bords de la Méditerranée, continuer à manger les bonnes dattes de la vallée du Jourdain cultivées par des colons, si elle veut jouer un véritable rôle géopolitique. Les Européens, les Suisses, ont leur porte-monnaie et leur vote pour agir afin que les enfants palestiniens aient eux aussi le droit de fêter leur anniversaire le 29 novembre prochain!
C'est assez stupéfiant de lire ce genre d'article alors qu'il existe tant de moyen de s'informer ! Comment pouvez-vous prétendre…