Jet d'ancre sur Le 22 mai 2013

Pourquoi le football turc est-il si attrayant aujourd’hui ?

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Pourquoi le football turc est-il si attrayant aujourd’hui ?

© pkfoot.com

« Pourquoi des joueurs de classe mondiale tels que Dider Drogba, Wesley Sneijder ou encore Dirt Kuyt rejoignent des clubs turcs ? », « Comment ces clubs peuvent se payer des joueurs d’un tel calibre ? », « Quoi ?! Galatasaray a atteint les quarts de finale de la Champions League et Fenerbahçe les demi-finales de l’Europa League ? ». Si vous vous êtes déjà posé ces questions, cet article – qui traite de la montée en puissance du football turc – est fait pour vous !

Une grande croissance économique

La Turquie peut se vanter de posséder un des plus forts taux de croissance économique au monde. Dernièrement, le pays a connu deux années fastes. En 2010, la croissance du PIB atteint le chiffre record de 9.2%. L’année suivante, celle-ci atteint les 8.5%1. De ce fait, la Turquie s’est emparée de la première place en termes de puissance économique au Moyen-Orient. Ce pays, situé à mi-chemin entre l’Europe et l’Asie, se classe au 7ème rang des puissances économiques européennes et au 15ème des puissances économiques mondiales2. Mehmet Zafer Çağlayan, ministre de l’économie turque, assure que l’économie progressera plus rapidement et de manière plus saine en 2013 et durant les années suivantes. D’après lui, l’objectif de la Turquie d’ici 2023 est de faire partie des dix premiers pays au monde en termes de PIB, soit atteindre le chiffre de 2’000 milliards de dollars3.

Cette croissance économique se fait ressentir sur le budget des clubs, particulièrement les grands clubs. Tout d’abord, il y a l’aspect merchandising. La population a plus d’argent à dépenser, elle peut donc se permettre d’acheter des maillots et produits dérivés du club. Une des autres raisons s’explique par le fait que les quatre plus grands clubs de Turquie sont côtés en bourse. Si l’économie nationale est saine, ces derniers peuvent encore trouver des investisseurs afin de gonfler leur capital financier… même si Galatasaray a vu son désir d’émettre de nouvelles actions refusé par les instances financières cette année.

© instagram.com/cimbomcomtr

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Mais est-ce que les clubs turcs peuvent rivaliser avec les grands clubs d’Europe en termes de budget ? Oui et non… En regardant les chiffres, les clubs turcs sont très loin de ces derniers. Excepté au niveau des dépenses. À noter tout de même que les frais sont souvent moins élevés en Turquie (moins d’impôts), il y a donc une compensation qui s’opère. Une importante différence se situe au niveau des droits TV, plus précisément s’agissant de la seule chaîne turque qui diffuse les matchs du championnat (avec ESPN désormais). Cette chaîne se nomme Lig TV et n’est pas en mesure de vendre les droits TV aux pays étrangers (excepté le Brésil, voir plus bas), limitant considérablement les revenus TV qui reviennent aux clubs.

Si les budgets des clubs turcs ne peuvent pas encore rivaliser avec ceux des plus grands d’Europe, ils permettent quand même de recruter des joueurs de classe mondiale comme Sneijder et Drogba. En effet, le 21 janvier 2013, Wesley Sneijder signe un contrat de 3 ans et demi pour Galatasaray SK. Un transfert estimé à environ 7,5 M€ et un salaire annuel de 3,2 millions d’euros, auquel viennent s’ajouter 25’000 euros par match joué. Drogba a, quant à lui, rejoint le club en janvier 2013 gratuitement et perçoit un salaire de 10 millions d’euros pour 18 mois, avec une prime de 15’000 euros par match joué.

Aucun autre club turc n’était sur le coup s’agissant de ces deux joueurs « top players ». D’ailleurs, ils n’auraient pas eu la puissance financière pour rivaliser avec Galatasaray sur les montants et encore moins par rapport aux prétentions salariales. Seuls Galatasaray et Fenerbahçe peuvent se permettre des joueurs de ce calibre. Beşiktaş, l’autre club d’Istanbul, n’a plus d’argent dans les caisses. Trabzonspor n’est pas géré correctement (source : rédacteur en chef du site turcofoot) et ne dispose pas d’un gros budget. Les autres clubs peuvent cependant viser des internationaux (mais pas des stars tout de même). Comme par exemple Kasimpaşa (appartenant à un milliardaire) et Bursaspor qui était, entre autres, en concurrence avec Galatasaray cet hiver pour l’Ivoirien Kolo Touré.

Le football turc dans la société

Depuis une vingtaine d’années maintenant, les événements sportifs en Turquie ont pris une ampleur importante. En effet, depuis les années 90, le pays enchaîne les organisations de compétitions sportives de tout genre, tels que les championnats d’Europe de natation (2000, 2009), les championnats d’Europe et du monde de basketball (2000, 2009) ou encore les finales de la Champions League et de l’Europa League (2005, 2009).
Les événements sportifs en Turquie ont donc « explosé » durant une période d’ouverture politique et économique du pays motivée par l’envie d’un rapprochement avec l’Europe. Quel rapport avec le football me direz-vous ? Eh bien, si les clubs turcs investissent autant pour se procurer des joueurs de qualité, ils le font pour une bonne raison: le football est le sport le plus populaire en Turquie et touche toute la population. Les dirigeants veulent faire des résultats en Europe afin d’avoir une reconnaissance internationale, un certain prestige aux yeux du monde entier.

Une modernisation des infrastructures

Les clubs turcs accordent une grande importance aux stades, où se réunissent les personnes partageant la même passion. Ceux-ci ont même innové dans le domaine des chorégraphies 3D (voir vidéos). La modernisation des infrastructures est devenue inévitable : les stades de chaque club, que ce soit de première ou seconde ligue, affichent systématiquement complet ; le club de la ville d’Istanbul, Galatasaray, est un bel exemple de modernisation des stades. Depuis le 15 janvier 2011, la société s’est dotée d’une magnifique enceinte à l’anglaise d’une capacité de 52’652 places assises. Cette dernière a suscité l’engouement des supporters adverses et des concurrents, au point de motiver une majorité des clubs anatoliens, comme Bursaspor, Trabzonspor, ou encore Beşiktaş, à se doter de nouveaux stades ultra-modernes contenant au minimum 42’000 places. La construction de ces nouvelles infrastructures va permettre à toutes ces sociétés de se munir d’un excellent outil de travail et de générer plus de revenus, qui permettront d’investir dans l’achat de joueurs de niveau mondial tout en misant sur la formation des jeunes. Toute cette stratégie a pour but de rendre le championnat turc encore plus attractif et d’en augmenter la qualité, le niveau, afin de pouvoir en découdre avec les plus grands clubs européens.

Stade de Galatasaray :

© instagram.com/cimbomcomtr

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Futur stade de Bursaspor en forme de crocodile (symbole du club) :

bursaspor

© info-stades.fr

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Un football turc jeune

D’après le dernier recensement, la Turquie compte environ 75 millions d’habitants et son âge moyen est approximativement de 28 ans pour les hommes et de 29 pour les femmes ; près de la moitié des habitants de ce pays a moins de 30 ans. Ces chiffres signifient que beaucoup de jeunes peuplent le pays. Les clubs turcs vont donc miser sur les centres de formation afin de préparer au mieux des joueurs en devenir. Ces dernières années, quelques jeunes joueurs formés par des clubs turcs ont atteint un tel niveau que les plus grands clubs européens les recrutent.

C’est par exemple le cas de l’attaquant turc Arda Turan, formé à Galatasaray depuis son plus jeune âge, qui a rejoint l’Atletico Madrid, actuel 3ème du championnat espagnol. Beaucoup de joueurs turcs émergent des centres de formation et explosent en première ligue turque. Récemment, Semih Kaya, du Galatasaray, a gagné sa place de titulaire et est déjà convoité par les plus grands clubs européens. Salih Uçan, jeune joueur turc de Fenerbahçe (19 ans seulement), est lui aussi en train de faire ses preuves en jouant avec la première équipe, exposant ainsi son talent aux yeux de tous.

Salih Uçan, jeune talent turc du Fenerbahçe :

Une plus large diffusion

Au Brésil, la chaîne ESPN a acheté les droits de retransmission de la Süper Lig turque, ce qui va permettre aux clubs ottomans de recruter plus facilement des joueurs sur le marché brésilien. Quand on sait les pépites que le pays sud-américain produit, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle pour le pays d’Atatürk, surtout que beaucoup de Brésiliens jouent déjà en Turquie et adorent le pays, qui, d’après eux, a les mêmes valeurs et le même mode de vie que le Brésil. Il est ainsi intéressant de constater qu’un grand pays de football comme le Brésil s’intéresse au championnat turc4. Felipe Melo, par exemple, avait dit que son pays ressemblait beaucoup à la Turquie : « J’ai l’impression d’être au Brésil, il y a une grande ressemblance avec mon pays. ».

Une émergence des clubs et de l’équipe nationale

Depuis les années 2000 et la victoire de Galatasaray en coupe de l’UEFA contre Arsenal, le football turc a pris une plus grande ampleur et a gagné une certaine notoriété qu’il ne connaissait pas avant. Suivant cette lancée, la Turquie de Şenol Güneş atteint la demi-finale de la Coupe du Monde 2002 et termine à une excellente 3ème place. Lors de l’Euro 2008, en Suisse, les Turcs réalisent une compétition de folie, mais butent face à l’Allemagne en demi-finale.

Le football turc n’est donc pas encore au niveau des plus grands championnats s’agissant des résultats et des budgets, mais celui-ci est en pleine expansion et risque de devenir un des plus grands championnats d’Europe. Qui sait ? Peut-être que nous verrons bientôt un club turc remporter la Ligue des Champions.

Galatasaray, vainqueur de la coupe de l’UEFA 1999-2000

© galatasaray.tv.tr

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Bonus : Ambiance en turquie

Galatasaray

Beşiktaş

Bursaspor

Fenerbahçe

Commentaires

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Andrea

Magnifique article, après une année passée à Istanbul à vibrer sous les coups des "bir iki uç besiktas et autres…

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Andrea

Magnifique article, après une année passée à Istanbul à vibrer sous les coups des « bir iki uç besiktas et autres kartal goal je peux que apprécier même si c’est dommage de ne pas avoir abordé le terme de la corruption au sein du football turc. Et pour tous les amateurs de football turc je vous conseil le documentaire d’Eric Cantona « Looking for Istanbul » qui décrit la rivalité entre Fenerbahce et Galatasaray. De plus, beaucoup de personnes habitants le pays remettent en cause les chiffres de la croissance économique en prétendant le manque de base saine mais là-dessus je n’ai rien pour appuyer mes dirs

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