
© Library of Congress
Contre toute attente, la majorité votante suisse a courageusement décidé la réintroduction des contingents d’étrangers, manifestant clairement son ras-le-bol face à la politique migratoire actuelle, jugée comme étant laxiste et angélique. Grand bien lui en a pris. Cet acte de bravoure patriotique permettra d’augmenter mécaniquement le taux de consanguinité au sein de la population helvétique, condition sine qua non à la création d’un homme nouveau, d’une vraie race de bons aryens. Le pedigree suisse se façonne sur plusieurs générations et ça, nos concitoyens, adeptes de l’entre-soi, l’ont bien compris : la stratégie du repli national, c’est pour maintenant !
L’euphorie passée, prenons garde à ne pas nous assoupir ! Il ne faudrait surtout pas s’arrêter en si bon chemin, car le Plan, qui comporte en fait quatre étapes, vient seulement d’en voir une se réaliser : juguler l’afflux des étrangers. Quel Plan me direz-vous ? Et bien, le Plan pour l’instauration et la préservation de la véritable identité suisse (VIS), ce label que l’on voudra d’origine contrôlée, aseptisé et nettoyé de toutes ses impuretés. La suppression du flux migratoire entrant, étape originelle, pave naturellement la voie pour la seconde étape, tout aussi cruciale : l’abolition de l’émigration massive.
L’hémorragie doit cesser : tous les jours, sans raison ni justification suffisante, des Suisses osent quitter leur pays natal, couper le cordon ombilical qui les lie à leur mère patrie et traverser les frontières nationales, convaincus que l’herbe est plus verte de l’autre côté de la clôture. Alors non, les Suisses vivant à l’étranger ne sont pas des traîtres. Pas encore, ou du moins pas toujours. S’ils constituent une menace latente pour notre sécurité, comme l’a fort bien rappelé le Service de renseignement de la Confédération (SRC)1, il y a pire : ils contribuent à appauvrir le patrimoine génétique et culturel de notre pays, sans compter que leur attitude anti-patriotique, frivole et dévergondée insulte les valeurs helvétiques. Faudra-t-il un jour leur retirer le passeport suisse ? C’est une option à envisager, car à leur retour, Dieu même ignore ce que ces canailles pourraient ramener comme poison pour notre nation.
L’Union européenne (UE), tant décriée, a ici un rôle très important à jouer. Elle doit accompagner la Suisse, prendre conscience de la véritable portée du discours nationaliste autochtone, qui lui intime de couper les ponts, de dénoncer les accords bilatéraux, de rapatrier ses ressortissants et de rétablir un contrôle drastique aux frontières. Les citoyens de l’UE ne méritent pas notre pays, pas plus que les Suisses ne méritent l’UE. Car la Suisse se suffit à elle-même, jouit en sa propre compagnie et préfère donc naturellement l’onanisme à la relation bilatérale, tarifée ou non.
Une fois les Suisses enfermés à double tour chez eux, la clé bazardée, sans possibilité de s’échapper, les vrais politiciens, apôtres de la VIS, pourront enfin mettre en place la troisième phase du Plan : diffuser la Vérité, imprimée tous les jours dans le 20 secondes, et préparer ainsi le retour au stade primitif, originel, celui des monts éternels. La sainte trinité des minorités opprimées – les Roms, les musulmans ainsi que les juifs – pourra de nouveau être accusée de tous les maux, ses membres dénoncés et lapidés sur la place publique, les pogroms institutionnalisés, les camps de travaux réinstaurés. Malheureusement, les grandes villes comme Zurich et Genève ne pourront être sauvées, tant leur degré de décadence est élevé. La politique du repli national impliquera leur abandon à l’Autre, non sans les avoir au préalable pillées et incendiées.
Les Suisses, les vrais, la crème de la double crème, se retrouveront alors dans leur bastion montagnard, où seuls les plus purs seront acceptés, les autres rejetés ou exécutés. « La VIS ou la mort ! ». Bien sûr, à terme, perchés là-haut sur la montagne, ces surhommes finiront par se rendre compte que géographiquement et politiquement, l’UE continue de les encercler, que ses armées sont toujours à leur porte et que, s’il leur venait l’idée folle de guerroyer contre Bruxelles, le feu nucléaire les réduirait en poussières. Dans ces conditions, ne deviendra-t-il pas illusoire de tenter d’étendre son espace vital à de nouvelles contrées ?
C’est sans compter la quatrième et ultime étape du Plan, qu’il faudra garder secrète jusqu’au dernier moment : l’ultime voyage vers Sirius ! Accompagnés par les membres de la très (trop ?) progressiste Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, les vrais Suisses pourront entamer en toute quiétude ce dernier transit cosmico-spirituel vers ce petit coin de paradis, adéquatement situé dans un lieu où ils n’auront jamais à subir l’influence de l’Autre : l’entre-soi parfait, la Terre promise. Les adeptes de l’ordre du Temple solaire – dont on saluera ici la clairvoyance et la joie de vivre – l’ont déjà fait. Alors pourquoi pas nous ? De l’État à l’euthanasie, il n’y a qu’un pas : préparons-nous dès maintenant à le franchir ! Vive la Suisse, vive Sirius !
1SRC 2012, « Rapport de situation du Service de renseignement de la Confédération », p. 7, consulté le 15.03.2014 et disponible à cette adresse: http://www.vbs.admin.ch/internet/vbs/fr/home/documentation/publication/snd_publ.html
Je plussoie :) Et rien n'empêche personne d'aller glander à l'étranger hein, ca ne sera juste plus financé sur le…