© Tierra Incognita
Partie 1: INTERVENTION DÉMESURÉE
Partie 2: LA PUISSANCE NE RESPECTE QUE LA PUISSANCE
Message de l’auteur :
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je parlerai cette fois à la première personne. En guise d’épilogue à cet article, je m’éloignerai quelque peu du sujet traité dans les deux parties précédentes pour livrer ici mon sentiment propre et mon expérience personnelle.
Tout d’abord, j’aimerais profiter de cette tribune publique pour rendre à nouveau hommage à toutes les personnes disparues suite au séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010. Également à toutes celles et tous ceux qui ont perdu des proches, perdu leur logement, perdu leur espoir. Sincèrement. Trois années déjà. On n’oubliera pas. On ne vous oubliera pas. Jamais.
Cela a été dit maintes fois, mais si, en toute décence, on peut interpréter cette catastrophe comme une occasion de faire tabula rasa du passé relativement proche – pour le moins tumultueux et douloureux – il ne faut alors surtout pas gâcher cette occasion de repartir sur de nouvelles bases, plus solides et saines. Au contraire. En l’honneur de toutes les victimes de ce tragique tremblement de terre, qu’on agisse et fasse en sorte que la première République noire indépendante renaisse de ses cendres. Qu’elle redevienne « la Perle des Antilles ».
Dans ce but, il est vraiment nécessaire que tout le monde mette la main à la pâte. La communauté internationale, bien sûr, mais aussi et surtout les Haïtiens eux-mêmes. Quelle que soit la couleur de peau, la classe sociale, l’opinion politique, il est grand temps de donner raison à la devise nationale : « L’Union fait la Force ».
Parmi tous les acteurs de ce changement, la diaspora a évidemment un énorme rôle à jouer. Elle qui constitue déjà une importante source de revenus, de par les grandes sommes d’argent envoyées depuis l’étranger1. En nombre conséquent, les Haïtiens d’« en dehors » pourraient ainsi faire profiter le pays de l’expérience acquise ailleurs. Mais pour cela, il faut également que l’État local crée les conditions adéquates afin que cette même diaspora puisse venir œuvrer en toute quiétude…
En attendant, certaines choses sont tout de même déjà réalisables. Sans vouloir paraître moralisateur, je pense que tout Haïtien qui en a les moyens devrait réfléchir à ce qu’il pourrait apporter à son peuple, concrètement. Loin de moi la prétention de vouloir montrer l’exemple à suivre, l’expérience que j’ai pu vivre sur le terrain avec l’Association Tierra Incognita / Pou Ayiti me permet aujourd’hui de penser que chacun peut se montrer utile. En 2010 effectivement, nous sommes partis – ma sœur, son mari, Mimi Barthélémy (conteuse haïtienne de renom) et moi-même – en Haïti afin de réaliser des ateliers culturels dans plusieurs camps de sinistrés, créés par le séisme. Entre autres ateliers de contes, de formations pour adultes en réalisation de projets, ou encore de journalisme, j’ai pu tenir des ateliers d’écriture de textes de Rap, un genre musical que toute la jeunesse du pays aime écouter. Le succès fut au rendez-vous.
En 2011 ensuite, nous sommes retournés sur place, pour cette fois monter un projet de production de chlore, désinfectant indispensable pour éviter la propagation du choléra. Nous avons organisé des ateliers de chloration de l’eau, des ateliers audiovisuels – où des jeunes ont pu apprendre à filmer et prendre des photos – et des ateliers d’écriture de Rap encore une fois. Le but ultime était de rendre les communautés en question autonomes, dans l’optique qu’elles puissent produire elles-mêmes leur propre chlore, et si possible par la suite le commercialiser pour générer des revenus. Les ateliers audiovisuels et de Rap ont, quant à eux, notamment servi à réaliser des spots publicitaires pour les produits en question ; des slogans rappés ont été ainsi créés. Subventionnés par le Bureau de la Solidarité Internationale et plusieurs communes de Genève, entre autres, ces projets ont bénéficié d’un suivi financier jusqu’à fin 2012. La communauté de Ça-Ira, par exemple, a réussi sa transition vers l’autonomie. Nous gardons tout de même un œil dessus, étant régulièrement tenus au courant par les différents responsables sur place… De cette manière, si ces petits projets – comme bien d’autres effectués sur le terrain, par d’autres personnes – peuvent servir à inspirer et à motiver l’entreprise de réalisations concrètes, alors l’objectif aura été doublement atteint !
Enfin, en guise de conclusion à cet épilogue, voici une chanson que j’ai écrite en l’honneur de Haïti, décrivant la situation au lendemain du séisme et résumant en quelques minutes ce que j’ai pu dire par ces nombreuses lignes. Le message est clair, encore une fois. On ne peut plus laisser le pays être malmené au gré des multiples aspirations égoïstes. Non. Il est venu le temps des actions effectives et communes. Il est venu le temps du Rassemblement. Men li (= « le voici » en créole haïtien) !
[1] Voir p.ex : PIERRE, Joseph, « La Diaspora : Moteur de l’Économie Haïtienne » in AlterPresse. Accessible à : http://www.alterpresse.org/spip.php?article13615 (Consulté le 11.01.2013)
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