Suite à de nombreux scandales et après les dérives qui ont mené à la crise économique dite des subprimes, il est normal et légitime de se poser ces questions et de réfléchir à des solutions. Il est vrai qu’en Suisse certaines rémunérations sont scandaleusement élevées et frisent l’indécence. Le succès de l’initiative Minder, en début de cette année, règle en partie le problème des bonus opulents. Pourtant, la solution proposée par les Jeunes socialistes, est, de notre point de vue, mauvaise et ne réglera de loin pas le problème.
Le tissu économique suisse est principalement formé de Petite et Moyennes Entreprises (PME)
Celles-ci ont bien souvent un ratio en deçà de 1:12. En effet, lorsqu’on crée son entreprise, avant de dégager un bénéfice (un salaire) il faut d’abord arriver à payer ses employés et ses charges. Souvent, ces patrons n’arrivent même pas à s’octroyer un salaire de vendeurs. Si 1:12 passe, le risque est que les employés qui ont les plus bas salaires voient leurs revenus encore diminuer.
L’initiative tend à viser les très gros et scandaleux salaires (il faut bien l’admettre), tels que ceux des CEO des groupes pharmaceutiques, des grandes banques et assurances ou encore des multinationales implantées en Suisse.
Si 1:12 passe, il est peu vraisemblable que ces gens se mettent à respecter les règles. Premièrement, contourner la loi sera simple : il suffit de scinder son entreprise en une multitude de petites entreprises et de la chapeauter via une Holding. Ainsi, la règle 1:12 sera respectée au sein de chaque entité, sans que les salaires soient changés. Pour des groupes de moins grande importance, deux solutions s’offrent à eux :
– Se passer des bas salaires et externaliser les coûts. Par exemple, une entreprise qui engage elle-même son personnel d’entretien pourrait sous-traiter et faire appel à une société d’entretien.
– Diminuer les grands salaires et mettre à la charge de l’entreprise certains coûts privés tels que frais d’écolage, d’assurances, de vacances etc. La personne bénéficiant auparavant d’un gros salaire sera d’autant plus avantagée puisque sa contribution aux impôts et ses charges sociales seront réellement diminuées tout en maintenant un niveau de vie identique.
Diminution des recettes fiscales et des contributions aux assurances sociales.
Le système fiscal et social suisse opère une forte redistribution entre les plus riches et les plus pauvres. Par exemple, chacun est tenu de cotiser à l’AVS, même les personnes ne travaillant pas. Chacun contribue à l’effort pour préparer sa retraite. Notre système de santé est également basé sur ce principe, tout comme notre assurance chômage. Pour les assurances sociales par exemple, un cinquième des contribuables financent 70% des recettes. Idem pour les impôts. Une diminution des salaires entraînera par conséquent une diminution de l’argent à redistribuer. Si l’initiative est acceptée, l’AVS pourrait perdre un demi-milliard de francs de recettes et le fisc plus d’un milliard. Il faudra compenser ces pertes et ce sera une fois de plus à la classe moyenne de passer à la caisse !
Rupture du partenariat social qui a fait la Suisse
Depuis toujours, le peuple suisse a privilégié les solutions privées et le dialogue entre les partenaires sociaux, notamment entre employeurs et employés y compris sur la question des salaires. Avec 1:12, la discussion sera fermée, puisque l’employeur n’aura qu’à « respecter » une règle unique. En intervenant par la contrainte dans la politique salariale des entreprises, l’initiative remet en question le dialogue entre partenaires sociaux. Ce sont pourtant les employeurs, les employés et leurs représentants syndicaux qui négocient les conventions collectives de travail, notamment sous forme de salaires minimaux. Une rupture du dialogue n’est pas dans l’intérêt des travailleurs et des bas salaires.
La surveillance a un coût
L’Etat devra être en mesure de vérifier que le rapport fixé entre les salaires les plus bas et les plus élevés est respecté dans chaque entreprise, quelle que soit sa taille. La surveillance se traduira par une avalanche de bureaucratie et des coûts élevés. Toutes les entreprises feront les frais de ces contrôles, en particulier les PME.
Pour toutes ces raisons et même si, sur le fond, nous admettons que les buts poursuivis par 1:12 sont louables, la solution proposée est utopique et n’est pas envisageable. Elle n’apportera que des soucis à la Suisse et à ses PME, qui ont largement contribué à la construction de notre économie et font de notre pays ce qu’il est aujourd’hui : innovant, économiquement performant, où la qualité et l’excellence de notre système et des produits issus de nos industries sont reconnus de manière internationale.
Cet article me conforte dans mon oui à l'initiative 1:12. L'argumentation va à mon avis à l'encontre du propos de…