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La grogne contre la hausse des primes d’assurance maladie va-t-elle se propager dans la rue? C’est l’objectif de Joëlle Combremont et Patricia Leoz qui appellent la population genevoise à manifester ce samedi. Coup de projecteur avec Noémi Paparou.
Quand était-ce la dernière fois que nous avons vu des citoyen·ne·s suisses se mobiliser et taper à la porte des partis politiques pour leur demander de faire bouger les choses?
C’est le chemin qu’ont emprunté Joëlle Combremont et Patricia Leoz, toutes deux citoyennes genevoises, lorsqu’elles ont compris que leurs primes d’assurance maladie allaient encore augmenter. “Je ne comprends pas bien combien [les assurances maladie] veulent qu’on finisse par payer. Je propose donc de s’unir tou·te·s pour bloquer les augmentations.” Voici l’appel lancé par Madame Leoz en juin 2017.
Des primes qui donnent le tournis
Elles se sont renseignées, ont lu les articles sur le système des primes en Suisse, visionné les multiples reportages proposés par la Radio Télévision Suisse romande depuis des années sur le sujet.
Elles ont réalisé que le malaise qu’elles ressentaient en apprenant chaque année leurs augmentations de primes n’était que le symptôme d’une maladie qui touche la Suisse à grande échelle.
Les causes multiples, les enjeux tentaculaires, les lobbys imbriqués dans le système démocratique1, les parlementaires à la solde d’entreprises peu scrupuleuses, l’univers de l’assurance maladie en Suisse leur a donné le tournis.
“Compter sur une assurance qui fonctionne par solidarité avec des disparités salariales qui se creusent jour après jour, ce phénomène demande de se poser de grandes questions.” souligne Madame Combremont.
Petit détour chiffré
Mise en place en 1996 suite à un vote populaire, la loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMAL) instaure l’obligation à tou·te·s les habitant·e·s de Suisse de s’assurer contre les risques de maladie et d’accident; un système de primes mensuelles et de franchises que les assuré·e·s peuvent faire varier en fonction de calculs savants et de leurs “prévisions maladies”.
La franchise est le seuil maximal que l’assuré·e doit payer de sa poche par année civile pour tous les soins de santé dont il ou elle bénéficie2. Une fois la franchise dépassée, il ou elle ne paye “plus que” 10% des soins.
Parallèlement à ces frais effectifs de santé, l’assuré·e doit payer une prime d’assurance maladie mensuelle qui, pour une franchise minimum de 300 CHF dans le canton de Genève, varie entre 440 CHF et 827 CHF, selon les assurances. Lorsque l’assuré·e a choisi la hauteur de sa franchise, il lui faut encore sélectionner l’offre qui l’intéresse parmi 124 propositions, de 36 assurances différentes3!
Une franchise élevée permet de bénéficier de primes mensuelles “basses” et inversement. Beaucoup font le choix de payer des primes basses et comptent sur le fait qu’ils ou elles ne seront pas malades pendant l’année, évitant ainsi d’ajouter à leurs frais d’assurance, les frais de franchise avec des conséquences parfois désastreuses; une personne sur cinq préférerait renoncer à des soins pour des questions d’argent4.
Avec les primes qui augmentent chaque année d’environ 8%5, et les salaires qui ne suivent pas la même courbe6, de plus en plus d’assuré·e·s se retrouvent en situation délicate et c’est un euphémisme.
Partant en premier lieu d’une bonne intention, la LAMAL est devenue un nœud constricteur au cou des ménages.
“Qu’est-ce que la santé?”
Joëlle Combremont et Patricia Leoz ont alors décidé de réagir, en tant que citoyennes.
Elles ont mis en place un groupe Facebook que chacun·e peut rejoindre pour partager ses idées et ses solutions. Dans cet espace de parole, elles posent des questions de fond: “Qu’est-ce que la santé? À qui est-elle destinée? Les assuré·e·s sont-ils et elles responsables de leur santé?” Aussi, avec le soutien logistique de quelques député·e·s de partis politiques genevois qu’elles ont réussi à réunir, elles organisent une manifestation citoyenne le 18 novembre en ville de Genève.
Galvanisées par le soutien des citoyen·ne·s, elles ont dépensé beaucoup de temps et d’énergie à leur mouvement. Elles ne comptent pas s’arrêter là et espèrent voir la population s’engager avec elles dans la lutte contre l’augmentation des primes d’assurance maladie (LCAPAM).
Pour en savoir plus sur la manifestation et le groupe de lutte CAPAM, rendez-vous ICI et ICI.
Références:
[1] En 2014, environ 15% des parlementaires étaient liés aux assurances maladie https://www.rts.ch/info/suisse/6158210-pres-de-15-des-parlementaires-ont-un-lien-avec-les-assurances-maladie.html
[2] Pour autant que ce soin soit compris dans la liste des soins de la LAMAL.
[3] https://www.priminfo.admin.ch
[4] http://www.rts.ch/info/suisse/9075208-un-suisse-sur-cinq-renonce-a-se-soigner-pour-des-raisons-financieres.html
[5] https://www.rts.ch/info/suisse/8045185-les-primes-maladie-ont-augmente-de-159-depuis-20-ans.html
[6] https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/travail-remuneration/salaires-revenus-cout-travail/evolution-salaires.html
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