Nationalistes, végans, musulmans, juifs, LGBT, Gilets jaunes, noirs, mal-voyants… Stéphane Lathion observe une multiplication des revendications identitaires/communautaires dans l’espace public européen. De telles revendications sont à la fois légitimes et démocratiquement revitalisantes. Dans le même temps, celles-ci risquent – note l’auteur – de concourir à l’effritement progressif de nos sociétés. Peut-on éviter que l’intérêt particulier menace le bien commun ? Comment remobiliser les sociétés civiles autour d’un projet inclusif qui puisse donner envie aux jeunes générations ? L’article suggère des pistes de réflexion et d’action, inspirées notamment du modèle de l’Europe des régions chère à Denis de Rougemont.
Après avoir observé la transformation de la présence musulmane en Europe au cours de ces vingt-cinq dernières années, écrit plusieurs ouvrages et participé à de multiples débats autour des questions identitaires, j’ai l’impression que peu de progrès ont été réalisés sur la capacité des Etats à comprendre ces revendications et à les inclure dans une vision globale commune.
L’actualité de ces dernières semaines, que ce soient les poussées identitaires nationalistes dans différents pays de l’Union européenne (Italie, France, Allemagne, Hongrie…) ou les revendications identitaires communautaires (musulmans, juifs, végans, LGBT, Gilets jaunes…), m’amène à m’interroger sur le rôle des identités spécifiques dans un projet européen à redéfinir.
Toutes ces expressions dans l’espace public ont leur légitimité ; en effet, elles sont le produit d’un processus démocratique, biaisé parfois mais néanmoins légitime. Car la démocratie est d’abord un mécanisme politique qui donne le pouvoir au peuple sans présager de la pertinence des valeurs majoritaires qui émergeraient1. C’est aux membres de la société civile de convaincre leurs concitoyens de la validité de leurs idées et de l’importance de les défendre. La démocratie se doit d’être dynamique, en perpétuel recherche d’équilibre afin de rester en phase avec sa population. Dès lors, le risque existe que certaines revendications identitaires ébranlent les fondements mêmes de nos sociétés. A mon sens, deux points s’avèrent importants dans le cadre d’une réflexion pour un avenir « radieux ».
Premièrement, l’importance d’une reconnaissance des identités multiples qui forment l’Europe du XXIème siècle. C’est là un défi incontournable pour affronter les tensions du présent et esquisser des pistes possibles pour un avenir commun. Mais, en corollaire à cette reconnaissance, il faut l’acceptation d’une nécessaire interaction de ces appartenances multiples afin de rendre possible un vivre ensemble au-delà de nos différences. A l’intérieur de chacun il y a, à la fois, du même et de l’autre (L’autre en Nous cher à Georges Haldas). Les revendications identitaires sont légitimes, vitales même pour une démocratie dynamique, mais elles doivent garder en tête l’intérêt général, le bien commun pour ne pas en menacer les équilibres.
Deuxièmement, la nécessité de repenser un projet commun. Comment remobiliser les sociétés civiles autour d’un projet inclusif qui puisse donner envie aux jeunes générations ? Peut-être en repensant l’Union européenne, cette organisation politique supra-nationale seule capable de concurrencer les grandes puissances économiques de ce XXIème siècle que sont les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, l’Inde en attendant les puissances émergentes en Amérique latine et en Afrique. Cette évidence économique doit se repenser socialement pour répondre aux attentes des peuples qui la composent. Cela peut se réaliser en lui redonnant une image plus locale, régionale, porteuse de perspectives pas uniquement économiques. Également en transformant son fonctionnement pour encourager plus de transparence et de proximité. Un va-et-vient fédéraliste entre régions et centres de décision (Bruxelles, Strasbourg, Berlin…) qui soulignerait autant les spécificités culturelles locales que la reconnaissance d’un bien commun supérieur aux intérêts nationaux.
Première piste : Identité particulière et Bien commun
Depuis des années maintenant, des décennies même pour certains groupes, on assiste à une multiplication de revendications identitaires/communautaires dans l’espace public. Il y a les femmes, les musulmans, les LGBT, les végans, les cheminots, les syndicats de la fonction publique, les Gilets jaunes… Tous ces groupes ont permis des avancées sociales, c’est indéniable. Ils ont favorisé un changement de mentalités nécessaire pour s’adapter aux évolutions des sociétés. Ces mouvements doivent continuer à se battre pour leurs idées. C’est évident. Cela construit et dynamise une société démocratique. Le seul petit bémol que je souhaite souligner ici, c’est le risque d’effritement (pour le moins) d’une démocratie utilisée voire divisée au nom des droits qu’elle garantit et des libertés qu’elle accorde à tous ses membres, questionnée, dénoncée par toutes les victimes des dysfonctionnements dont elle serait responsable, abusée enfin par ceux qui la voient faible et fragile. L’époque contemporaine est plus propice à l’édification de murs qu’à la construction de ponts, à la création de portes voire de fenêtres pour faire dialoguer les différences. Les revendications identitaires qui se multiplient ces dernières années révèlent un malaise au sein des sociétés européennes. Un mal-être difficile à soigner entraînant son lot de frustration et de déception qui peuvent devenir un réel danger pour un vivre ensemble respectueux de nos différences. En effet, les procédures démocratiques prennent du temps, demandent de la patience et nécessitent un cadre de confiance pour pouvoir porter leurs fruits.
Il n’est pas question ici d’entrer dans le détail des revendications identitaires/communautaires qui s’expriment dans l’espace public mais simplement de relever que toutes mettent en avant des discriminations subies/ressenties (femmes, musulmans, juifs, noirs, LGBT, mal-voyants…) ; des blocages institutionnels, des lenteurs administratives, des incohérences juridiques sont pris comme des confirmations d’exclusion de groupes sociaux sous prétexte de leur sexe, religion, couleur de peau, orientation sexuelle ou handicap. Le défi est d’être en mesure de concevoir son identité comme la somme de ses diverses appartenances au lieu de la confondre avec une seule2, érigée en appartenance suprême, en argument d’exclusion ou d’auto-exclusion. On peut aisément comprendre le sentiment d’injustice des « minorités » et les réactions de rejet ou de repli communautaires/identitaires que cela va entraîner : plus de tensions, plus de méfiance, perte de vue de ce qui rassemble au détriment de ce qui sépare.
Dans les années 2000, pour gérer de façon plus respectueuse et plus efficace les revendications, j’utilisais volontiers le concept de Consensus Minimum Acceptable, variante helvétique de l’Obligation d’Accommodement Raisonnable des Québécois3. On part du principe que la revendication est légale (ce qui est demandé entre dans le cadre des libertés garanties par la Constitution ou, pour le moins, ne le remet pas en question) ; elle est légitime (on comprend parfaitement le sens de la demande, son importance pour l’individu ou le groupe concerné). Reconnaître cela rend la recherche du consensus, de l’accommodement acceptable. Vient alors la deuxième partie de l’équation : Est-ce raisonnable ? Est-ce faisable? A quel coût ? Quelles implications pour les membres du groupe concerné, pour le reste de la société ?
Accommodements raisonnables / consensus minimal
Pour illustrer ce dilemme de façon quelque peu caricaturale, prenons l’exemple de la demande d’un enseignant rentrant d’Espagne ou du Mexique et qui demande à la direction de son école (ou aux autorités communales) l’installation d’un terrain de padel ou un mur de pelote basque dans le préau de l’école car il estime que c’est le seul moyen pour qu’il puisse vivre sa passion pleinement. La demande est légale, elle est légitime. Doit-on, peut-on rentrer en matière ? Est-elle raisonnable ? Tant que celle-ci ne représente que l’envie/le besoin d’une seule personne ou d’un groupe très restreint, on peut légitimement répondre que malgré le fait que l’on comprend parfaitement la demande et qu’on la respecte, la direction de l’école ou les autorités communales ne pourront pas entrer en matière pour des motifs très rationnels : pertinence démocratique, coût, intérêt limité… Toutefois, si deux ans plus tard, le padel ou la pelote basque deviennent extrêmement populaires et suscitent un engouement exceptionnel, on peut imaginer qu’il sera plus aisé d’obtenir une réponse favorable de la part des autorités concernées. Quoi qu’il en soit, tout au long du processus, la personne aura été respectée, écoutée et la réponse (favorable ou non) aura été motivée non par des raisons subjectives mais par des critères rationnels. Cela n’est pas parfait mais atténuera grandement les sentiments de déception et de frustration de celui qui demande.
L’exemple des revendications musulmanes (sujet que je connais le mieux) est révélateur des malaises et incompréhensions réciproques qu’une demande légitime peut susciter pour tous les acteurs4. Prenons le cas des carrés confessionnels dans les cimetières : certains leaders associatifs musulmans revendiquent des carrés spécifiques pour leurs coreligionnaires dans les cimetières publics suisses. Demande légitime, les juifs l’ont fait avant eux et les premières générations d’immigrants arrivent à un âge où l’on se préoccupe de ces questions. Sans entrer ici dans les détails du débat5, ce qu’il faut retenir c’est qu’après discussion un accord a été trouvé. Chacune des parties a fait des concessions mais le cadre est prêt pour le jour où les demandes arriveront (car cela aussi est intéressant : une forte majorité des musulmans préfèrent encore être enterrés dans leur pays d’origine6). Bel exemple d’anticipation. Pourtant, comment le débat a-t-il été perçu ? D’un côté, on entendait : « Encore eux, même une fois mort on n’est pas assez bon pour eux ! Ils veulent être séparés ; c’est clairement un refus de s’intégrer. » C’est certainement vrai pour quelque représentant musulman en mal de notoriété et convaincu que la mixité est mauvaise. Toutefois, ne peut-on pas voir cela autrement : « On est maintenant ici ; nos enfants sont suisses et on veut pouvoir rester près d’eux ! C’est un peu chez nous également. » N’est-ce pas là un vrai signal d’intégration : pour l’éternité ici !
La nourriture halal permet également de mettre en avant l’intérêt de la discussion afin de trouver un arrangement mais, surtout, à mon sens cet exemple montre bien l’avantage pour les « demandeurs » d’être plus imaginatifs, créatifs au moment de se lancer dans la revendication. Sortir de l’entre soi pour prendre conscience de l’autre, des autres points de vue, sans rien renier de ses valeurs, cela risque d’être bien plus efficace, pour tous. Là également, la demande est légitime. Mais, faire fi de la perception des autres au nom de la légitimité de la revendication risque de faire échouer le processus. Le terme halal est trop connoté musulman, religieux et va, aujourd’hui encore plus qu’hier, braquer une partie non négligeable de la population. Ne serait-ce pas plus stratégique de modifier l’approche à partir des objectifs visés ? Si les demandeurs parlaient plus de traçabilité des aliments, des critères de production, de la qualité des produits, du respect des animaux tout au long de la chaîne alimentaire, les soutiens seraient sans aucun doute plus nombreux que si l’on connote identitairement (halal) sa revendication.
On peut comprendre le sentiment d’injustice que peuvent ressentir certaines personnes issues de communautés minoritaires en réponse à une demande légitime : discrétion, profil bas alors qu’ils estiment être dans leur bon droit. Mais, cela n’est pas forcément un manque de courage ou une soumission à la loi du plus fort ; on peut y voir une stratégie plus douce (plus efficiente surtout) pour aller de l’avant en direction de l’objectif recherché. Le processus démocratique est une démarche des petits pas où la patience est une vertu. L’approche frontale, combative est certainement plus stimulante mais bien souvent moins efficace et c’est là que l’intérêt particulier menace le bien commun, l’équilibre social. Et, dans le même temps, il est de la responsabilité des autorités (représentants de la majorité) de montrer l’importance de tous pour mener à bien un vivre ensemble respectueux des différences. Dans l’épilogue de sa réflexion sur Les Identités meurtrières7, Amin Maalouf écrit : « les sociétés devraient assumer, elles aussi, les appartenances multiples qui ont forgé leur identité à travers l’Histoire (…) qu’elles assument leur diversité, afin que chacun puisse s’identifier à ce qu’il voit autour de lui, que chacun puisse se reconnaître dans l’image du pays où il vit, et se sente encouragé à s’y impliquer… ».
Deuxième piste : Piliers et régions pour un projet commun
Ce bien commun à définir et à défendre sur un plan plus politique et à l’échelle de l’Union européenne8 peut s’imaginer à partir de deux éléments : une gestion du pluralisme européen à l’aide du modèle de « piliers » d’une part et, de l’autre une approche de l’espace européen par les régions.
Les piliers du temple romain
Au niveau local, on peut imaginer insister sur un socle commun de « valeurs » du vivre ensemble qui serait le plus petit dénominateur commun que tous devraient intégrer dans leur conception de la société : la reconnaissance et le respect du cadre légal et laïc en vigueur ; la reconnaissance des minorités ; l’acceptation des règles du jeu démocratique : élections, participation, alternance, médias indépendants… Concrètement, cela soulève la question de la gestion du pluralisme culturel au sein de nos sociétés modernes. Sur cette question, longtemps le débat est resté focalisé sur les deux modèles « classiques » : d’un côté, le multiculturalisme anglo-saxon et, de l’autre, l’intégration (très longtemps perçue comme une assimilation exigée) à la française. Progressivement, le pragmatisme est devenu la norme et chaque pays s’efforce de répondre à ce défi à partir de son histoire, de sa réalité et, malgré tout, des tendances suggérées/imposées par Bruxelles.
A mes yeux, le modèle néerlandais des piliers me semble très intéressant pour sortir des blocages, voire parfois des impasses, liés à une vision idéalisée du vivre ensemble. Pour comprendre cette idée de pilier, on peut reprendre l’image du temple romain avec ses multiples colonnes (séparées les unes des autres) mais toutes indispensables pour soutenir le toit de l’édifice. Chaque groupe, chaque communauté peut, dans le cadre légal reconnu, développer ses priorités mais doit rester attentif au fait qu’il est, au même titre que les autres communautés, responsable du maintien du toit (socle commun). Ainsi, chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques, athées, LGBT, végans, défenseurs de la planète… chacun pourra s’épanouir au sein de son pilier, voire de ses multiples piliers (et ainsi créer des liens entre eux), sans jamais oublier que chaque pilier est le garant du bien commun – le parapluie social qui va unir par le haut toute la diversité présente au sein de la société. Le grand reproche fait à ce modèle est d’entériner une séparation au sein de la société (chaque pilier pouvant être autonome, et avoir peu de contacts avec les autres). Reproche fondé, évidemment, mais cette approche pragmatique peut s’avérer plus judicieuse, même si moins ambitieuse, que d’insister sur une vision idéalisée d’un vivre ensemble harmonieux malgré des différences importantes. Comme en France, par exemple, où l’on a tendance à insister sur des principes magnifiques mais en total décalage avec la réalité. Alors qu’une approche pragmatique entraîne souvent des résultats bien plus proches des objectifs visés.
Penser à un toit commun et exiger l’effort de tous pour le soutenir, le renforcer et le faire évoluer de façon plus adaptée aux attentes communautaires qui s’expriment dans nos sociétés européennes aujourd’hui semble une nécessité pour préserver la paix sociale. Si chacun ne pense qu’à ses intérêts propres et fait fi du bien commun, en plus de réduire les contacts entre les piliers, ceux-ci ne se préoccuperont plus de ce qu’ils ont à soutenir ensemble.
Au niveau du continent, il est urgent que des hommes et femmes politiques osent repenser le modèle européen afin de le rendre plus attrayant, dynamique pour la jeunesse. L’Europe n’est plus un projet qui fait rêver les Européens. Pourtant, vu d’ailleurs, l’UE reste un accomplissement majeur du siècle dernier ; il est de la responsabilité des politiques qu’il soit un moteur pour le XXIème. Où sont les politiciens prêts à reprendre le flambeau laissé par l’intellectuel suisse Denis de Rougemont en mai 1968 ? Ce dernier affirmait déjà : « Rappelez-vous que votre avenir dépendra de deux combats qui ne font que commencer : la lutte pour la protection de l’environnement et la construction de l’Europe des régions »9.
L’actualité récente semble indiquer une prise de conscience vis-à-vis de notre responsabilité face au réchauffement climatique et ses conséquences. Pour l’Europe des régions, en revanche, rien ne semble bouger ; bien au contraire selon les prévisions en vue des élections de mai 201910.
De Rougemont et le pari des régions
Pour de Rougemont, les Etats-nations hérités du XIXème siècle n’ont plus la taille idéale pour faire émerger des sociétés prospères : « ils sont trop grands pour être encore des communautés humaines (…) à l’inverse, ils sont désormais trop petits pour se défendre seuls, trop petits dans le domaine économique et trop petits pour agir politiquement au niveau des empires qui dominent aujourd’hui notre monde »11. La région se construit par en bas à partir de diversités qui s’assemblent sur une base volontaire pour gérer des domaines très concrets comme l’école, l’environnement, la culture, les transports, l’aménagement du territoire… Pour illustrer cette idée d’Europe des régions, on peut reprendre les trois catégories proposées par Denis de Rougemont12. Il parle d’abord des régions ethniques, celles où la langue prime dans l’esprit des gens : Catalogne, Euzkadi, Pays de Galles, Ecosse, Bretagne, Alsace… zones de tensions récurrentes car l’Etat-nation peine à reconnaître les minorités perçues comme des menaces, des refus de l’unité nationale plutôt que comme des différences susceptibles d’enrichir le projet fédéral13.
Les régions transfrontalières ensuite, où les contacts se nouent directement par l’intermédiaire des communes sans passer par l’Etat central : Région bâloise, genevoise, Euregio, Régions alpines, Commmunauté de travail des Pyrénées, du Jura… ces coopérations quotidiennes, pragmatiques (travailleurs frontaliers, réseaux de transports, liens entre chambres de commerces, gestion des rivières…) confirment tous les jours leur importance dans la perspective d’un nouvel ordre européen.
Enfin, de Rougemont parle des régions en tant qu’« espaces de participation civique » 14 ; par son absence de gigantisme, la région redonne à ses habitants la possibilité d’agir sur ce qui les concerne directement, sur ce qu’ils connaissent. A l’instar d’une grappe de raisin, la région chez de Rougemont se présente comme « une grappe de communes »15 avec une relation de subsidiarité : la région étant l’instrument qui permet aux communes, devenues de nos jours trop petites, de continuer d’avoir les moyens, en se regroupant, de demeurer véritablement autonomes.
Entre les piliers d’un côté et les grappes de communes de l’autre, on tient peut-être des pistes concrètes pour redynamiser un projet européen bien malmené ces dernières années. L’intérêt réside dans leur autonomie et leur complémentarité : l’un n’est pas indispensable à l’autre. Le fédéralisme envisagé par de Rougemont vise à unir l’Europe, surtout pas à l’uniformiser.
Références:
[1] Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, Grasset, Paris, 1998, p. 178. L’auteur y affirme que « Ce qui est sacré, dans la démocratie, ce sont les valeurs, pas les mécanismes. Ce qui doit être respecté, absolument et sans la moindre concession, c’est la dignité des êtres humains, de tous les êtres humains… ». On ne peut qu’être d’accord avec un tel postulat de principe ; toutefois, je suis convaincu que les mécanismes garantissent la liberté de tous de participer et, surtout, imposent une responsabilité civique de prendre part au processus démocratique qui doit aboutir au sacré de Maalouf. Sinon le risque est de se complaire dans une posture de morale supérieure exclusive moins à même de combattre l’émergence récurrente de voix radicales.
[2] Malouf, op.cité, p. 183.
[3] http://www.cdpdj.qc.ca/fr/droits-de-la-personne/droits-pour-tous/Pages/accommodement_obligation.aspx et http://www.adreqcsd-montreal.qc.ca/wp-content/uploads/2014/05/Ici-nous-accueillons-un-enfant-juin-2014-page-4.pdf
[4] S.Lathion, Islam et modernité – IdentitéS entre mairie et mosquée, pp. 143-201, Desclée de Brouwer, Paris, 2010.
[5] Ibidem pp. 162-171.
[6] Colloque international organisé par l’UQAC sur la Mort Musulmane en contexte d’immigration et d’islam minoritaire et espaces de négociations et d’intégration ; 7-8 octobre 2010. En outre, pour la Suisse, les travaux du GRIS montraient au début des années 2000, que même si la tendance évolue, la majorité des musulmans demandent encore à être rapatriés dans leur pays d’origine. On peut penser que les nouvelles générations, nées ou élevées en Europe, modifient leur comportement post-mortem.
[7] Maalouf, op cité, p. 184.
[8] A l’échelle de l’Union européenne car c’est l’organisation qui a été choisie pour faire face aux défis de la mondialisation. En outre, si la politique des piliers peut avoir de la difficulté à être entendue au niveau national (tous les membres ont leur propre histoire, leurs spécificités…), celle-ci peut être une piste originale et intéressante à un niveau supra-national.
[9] François Saint-Ouen, Denis de Rougemont et l’Europe des régions, fondation Denis de Rougemont pour l’Europe, Genève, 1998. Deux liens intéressants pour connaître DdR: https://www.rts.ch/archives/dossiers/3478170-denis-de-rougemont-un-ecrivain-dans-son-temps.html ; https://www.notrehistoire.ch/medias/1861
[10] https://www.touteleurope.eu/actualite/a-quoi-ressemblera-le-futur-parlement-europeen.html
Les projections effectuées sur la base des sondages nationaux mettent en avant deux tendances : d’une part, une progression constante des eurosceptiques qui pourraient obtenir près de 150 élus accompagnée par une baisse relative des partis conservateurs malgré les victoires attendues de Viktor Orban en Hongrie, de la Plateforme civique en Pologne ou encore de la Nouvelle Démocratie en Grèce ; d’autre part, les socialistes sont en chute libre et passeraient en-dessous des 20% (contre 25% aujourd’hui) et les écologistes ne semblent pas en mesure de bénéficier de la prise de conscience des populations sur les enjeux environnementaux.
[11] Saint-Ouen, op.cité, p12.
[12] Denis de Rougemont, « Ecologie, régions, Europe fédérée : même avenir », paru au printemps 1979, dans le numéro 5 de la revue Cadmos (Genève), pp. 5-12.
[13] Le fédéralisme met l’accent moins sur la quantité que sur la qualité : peu importe qu’une communauté soit moins nombreuse, elle fait partie du tout et c’est sur cette base, et non celle du nombre, que le fédéralisme protège les prétendues « minorités » : pour leurs qualités irremplaçables, leurs différences. L’exemple de la carte d’identité suisse est révélateur de ce principe : au moment d’en réduire la taille, la question s’est posée de savoir si, pour laisser la place à la traduction anglaise, on supprimait la partie en romanche ? Au nom d’un fédéralisme qualitatif, on a réduit la taille, laissé les quatre langues nationales et ajouté l’anglais.
[14] Notion que l’on peut rapprocher des associations ou regroupement de communes responsables de la gestion de l’eau, des transports, du ramassage scolaire, de l’aménagement du territoire…
[15] Denis de Rougemont, Lettre ouverte aux européens, p. 172, Paris, Albin Michel, 1970.
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