© Instagram officiel de Booba
Hors-série: « APRÈS L’HEURE C’EST PLUS L’HEURE, AVANT L’HEURE J’SUIS DÉJÀ PASSÉ »
Choses promises, choses dues. Choses ajournées, repoussées maintes fois, oui, mais choses livrées finalement. « Tard que jamais mieux vaut », comme dirait #MaîtreYoda. Il est quand même nécessaire de s’excuser ici pour le retard pris dans la parution de la conclusion à venir. Sans rentrer dans le détail, au-delà de plusieurs aléas professionnels et personnels, disons que la période de clashs intense débutée il y a plusieurs mois maintenant n’offrait de loin pas le contexte le plus propice. Les gens aiment le sang, et des analyses approfondies comme celles proposées dans cette série – que certains n’ont pas hésité à qualifier, avec classe il faut le reconnaître, de « branlette intellectuelle » – n’auraient pas eu l’écho souhaité. On a donc préféré attendre le retour OKLM au calme… On a attendu. En vain. Et vous aussi. Trop, en fin de compte. En regardant dans le rétro, on a alors très sérieusement hésité à laisser tomber. #TrueStory #ÀDeuxDoigts… C’est finalement l’envie d’aller jusqu’au bout de la démarche (clashs ou pas, peu importe), ainsi que la nécessité de satisfaire les nombreux lecteurs des parties précédentes – dont une bonne part n’a eu cesse encore dernièrement de relancer l’affaire, via messages/tweets/commentaires du genre « Où est la partie 4 ?! » – qui auront fait pencher la balance. À ces lecteurs en particulier, et aux autres bien sûr, on aimerait dire un grand « MERCI », pour la patience et l’enthousiasme témoigné. On s’excuse du fond du cœur. #MeaCulpaEtTout…
Promis, le dernier épisode va conclure en beauté. Entre autres, histoire de ramener un peu de son neuf, on a d’une part (logiquement) décidé de tenir compte de la réédition de l’album Futur, appelée sobrement Futur 2.0. Et d’autre part, Booba ayant livré plusieurs inédits depuis la sortie de cette dernière – « La Mort Leur Va Si Bien », « OKLM », ou encore « 3G » livré aujourd’hui même –, on a aussi choisi de les inclure dans l’analyse, en guise de bonus. Ceci afin de coller le plus possible à l’actu… Ah, et oui, vous avez bien lu : « dernier épisode ». On a pour finir décidé de ne pas revenir sur les questions de street-crédibilité dans le cadre de cette série, comme c’était pourtant prévu à la base (en même temps, vous aviez sûrement oublié !). Ce sujet mériterait en effet une série entière à lui tout seul, ce qu’on n’exclut pas de réaliser un jour, mais pas tout de suite en tout cas ! #ToBeContinued
RAPPEL DES TITRES
Voici donc, revenons-en à nos oursons. Dans les parties précédentes, on a d’abord essayé de démontrer en quoi Booba révolutionne la langue française, par sa « Grammaire du Futur », une suppression répétée des déterminants dans ses phrases. On a ensuite voulu prouver qu’un nombre conséquent de figures de style était décelable en à peine quelques mots prononcés par l’artiste. Pour le quatrième épisode alors, on avait originellement prévu de revenir sur certaines des meilleures punchlines de l’opus Futur, en mettant principalement en avant celles qui sonnaient le mieux, avec les plus belles rimes, plus belles assonances, ou allitérations1. On voulait aussi continuer sur la voie des figures de style, en présentant les métaphores ou comparaisons les plus puissantes. Il n’en sera rien. Ou presque. Désireux en effet de ne pas prolonger cette série d’articles à l’infini, on va finalement se concentrer sur l’essentiel, et remettre une couche sur ce qui constitue très probablement la plus grosse innovation que Booba amène dans l’album Futur (et sa réédition 2.0), cette fameuse grammaire du même nom. Pour ce qui est du Supa Dupa Flow – qu’on pensait également présenter ici, #PourChanger – comme B2O n’en est pas le créateur, et que son emploi se généralise au sein du milieu Rap, on s’est dit au final qu’il faudrait y consacrer un article à part entière là aussi. On le fera probablement ! Ceci dit, Booba maîtrisant parfaitement l’utilisation de cette nouvelle acrobatie stylistique, et contribuant largement à sa popularisation auprès du grand public, on va quand même profiter des « lignes coup de poing » évoquées pour en toucher un ou deux ou trois mots, quand l’occasion se présente. Au menu donc : deux folies du langage de Molière qui n’attendent que d’intégrer le Bescherelle… L’Académie Française est prévenue !
GRAMMAIRE DU TURFU
Pour ceux qui prendraient le train en marche, ou ceux qui auraient oublié en quoi consiste la Grammaire du Futur, voici en gros de quoi il s’agit : Booba fait des phrases en suivant le modèle classique « SUJET + VERBE + COMPLÉMENT DE VERBE », mais il supprime les déterminants, que ce soit au niveau du SUJET, ou du COMPLÉMENT DE VERBE, ou même des deux. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais personne ne l’avait fait avant lui (ou alors pas de manière si systématique), et de surcroît cela donne un impact très puissant à ses mesures. On va effectivement direct à l’essentiel : moins de termes sont utilisés, l’idée est brute de décoffrage et le cerveau est ainsi plus apte à assimiler la punchline instantanément. À bien y réfléchir d’ailleurs, les déterminants ajoutent rarement du sens à une phrase. La plupart du temps, ils ne sont là que parce que les règles grammaticales françaises l’exigent. À l’inverse, ils sont beaucoup moins présents en anglais par exemple. Ceci permet du coup de dire plus de choses en moins de mots, point très intéressant en musique justement, lorsqu’on est limité d’une part par le rythme – les 4 temps dans chaque mesure ne permettant pas de faire des phrases à rallonge (comme celle-ci !) – et d’autre part par la durée – qu’on ne peut étirer à l’infini, un morceau de plus de 4-5 minutes pouvant vite s’avérer trop long et ennuyeux. De la sorte, B2O – qui habite entre autres aux Etats-Unis et n’a jamais renié ses influences venant du Rap cainri – a décidé de ne plus trop s’encombrer de ces fioritures, de faire simple et efficace. C’est désormais une habitude donc, dans presque chacun de ses titres on trouve au moins une phase utilisant cette Grammaire du Futur. Ainsi, pour ne pas déroger à la règle, son tout dernier morceau « 3G » – sorti il y a à peine quelques heures et qui fait déjà beaucoup parler de lui – en donne un parfait exemple. À 0:56 en effet, Booba dit :
« Pour dénoncer atrocités, j’attends pas qu’ça passe à la télé »
Ici, en « bon français », il devrait plutôt dire « pour dénoncer les atrocités (…)». Mais cela lui ferait alors perdre une syllabe précieusement économisée, modifierait son flow et, en même temps, ne changerait strictement rien au sens de la phrase. Inutile. Donc inutilisé. Écoutez donc :
Sachez que ceci n’est qu’un petit avant-goût de ce que va donner la prochaine partie. Mais est-ce que les choses sont plus claires au moins comme ça ? On ose imaginer que oui. Cependant, le précédent épisode de cette série ne datant pas d’hier, il paraît normal qu’un bon nombre de lecteurs ait pu perdre le fil depuis. Pour ceux-ci, comme pour les nouveaux qui débarqueraient et pour qui le paragraphe qu’on vient de quitter n’apporte pas plus d’éclairages que ça, on vous invite solennellement à aller (re)lire les 3 premiers épisodes, qui présentent notamment la Grammaire du Futur plus en détail :
Partie 1: « MONTE DANS LA DELO’, J’VAIS DANS LE FUTUR »
Partie 2: « VULGAIRE, FAUTES DE GRAMMAIRE »
Partie 3: « GROS CHÈQUES, MALGRÉ ÉCHEC SCOLAIRE »
Ceci devrait alors permettre de minimiser le nombre de personnes larguées à la lecture de la partie suivante, où l’on prévoit notamment d’enchaîner les différentes citations à un rythme relativement soutenu. Il n’est donc pas inutile pour qui désirerait continuer l’aventure de bien comprendre de quoi il s’agit, comment cette grammaire nouvelle fonctionne, etc. Ainsi vous l’aurez compris, ce « come-back » n’en est pas encore vraiment un. Il était cependant nécessaire de rafraîchir un peu la mémoire des lecteurs, ailleurs que dans la réelle conclusion. Quant à cette dernière, pas d’inquiétudes, elle taillera directement dans le vif du sujet et apportera un point final à cette série d’articles… #PasTropTôt. Rendez-vous donc le Mardi 5 Août prochain, sur Jet d’Encre comme d’habitude. Et cette fois, promis, on ne vous refera pas le coup de la Saint-Glinglin ! D’ici là, on espère sincèrement que vous vous réjouissez de découvrir cette « vraie » dernière partie, tout en vous souhaitant de bonnes éventuelles (re)lectures. #SeeYouSoon
Partie 4.0 : « JE SUIS LION DE LA TERANGA »
[1] En gros: effets sonores créés par des répétitions de lettres, consonnes (allitérations) ou voyelles (assonances). Pour plus de détails, voir p.ex. : BETH, Axelle, MARPEAU, Elsa, Figures de Style, Paris, Librio, 2011
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