Un jeune Syrien dans un camp de réfugiés au Liban. (Droits réservés)
Chaque semaine, de nouveaux drames ont lieu en Méditerranée. Des milliers de migrants, parmi eux des femmes et des enfants, entreprennent cette périlleuse traversée. Nombre d’entre eux n’en sortent pas indemnes, sans que les politiques d’asile des États européens ne changent réellement. Ces drames, bien trop nombreux, peuvent nous sembler lointains et indépendants de notre volonté. Cependant, la Suisse, à travers sa politique d’asile, y porte aussi sa part de responsabilité et se doit d’agir.
Une véritable politique du chiffre a été mise en place ces dernières années, conduisant inévitablement à des durcissements. Récemment, la création de centres pour requérants récalcitrants, la fin des procédures d’asile aux ambassades et la non-reconnaissance de la désertion comme motif d’asile ont été approuvés par le parlement fin 2012, puis acceptés par le peuple en juin 2013.
Le Conseil fédéral demande maintenant une prolongation de ces mesures – prévues pour 3 ans – à une durée de 7 années. Cette décision ne tient pas compte des nombreuses catastrophes humanitaires qui ont actuellement lieu, en Syrie, en Centrafrique ou en Érythrée, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir leur pays.
Supprimer les procédures d’asile aux ambassades n’a servi à rien, si ce n’est contribuer à ce drame en obligeant des personnes menacées à entreprendre, illégalement et pour des milliers de francs, un long périple vers les frontières de l’Europe. Cela alimente le juteux business des passeurs, prospérant sur le dos de personnes en danger de mort, dans la misère et sans aucune perspective dans leur pays d’origine.
Ces réfugiés se retrouvent dans l’obligation de traverser la Méditerranée par des moyens illégaux puisque la Suisse refuse de leur accorder des visas humanitaires afin qu’ils puissent venir déposer, légalement, une demande d’asile dans notre pays.
Les déserteurs, érythréens en particulier, sont eux aussi touchés de plein fouet par ces mesures. En effet, la désertion n’étant plus reconnue d’office comme motif d’asile, en violation complète de la définition même de réfugié, ils se retrouvent dans l’impossibilité de fuir. Ne pas accueillir des déserteurs fuyant un régime tyrannique, dont l’armée est un véritable instrument de persécution, est un scandale.
Ces mesures ne servent qu’à précariser ceux qui ont le plus besoin de l’aide de la Suisse, déserteurs et réfugiés politiques en tête. Notre pays doit maintenant envoyer un signal politique fort en réintroduisant les procédures aux ambassades et en reconnaissant à nouveau la désertion comme motif d’asile. Il en va de notre responsabilité face aux drames humains qui se déroulent aux quatre coins du monde.
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