La crise nucléaire iranienne ne cesse de s’aggraver, au point que l’extrême polarisation des positions qui s’affrontent aujourd’hui les rend de plus en plus irréconciliables. La perspective d'une résolution diplomatique semble ainsi s'éloigner inexorablement. Pour freiner la progression de Téhéran vers une hypothétique acquisition de l’arme nucléaire, tous les moyens semblent désormais bons. Il convient néanmoins de s’interroger sur le bien-fondé des politiques envisagées ou d’ores et déjà mises en oeuvre afin de répondre au “péril iranien”. D’abord, comme nous l’avons déjà souligné, les options privilégiées pour y faire face sont en disproportion totale avec la réalité de la menace que représente la République islamique d’Iran. En effet, des dispositions prises sur la base d’inquiétudes déraisonnablement exagérées et de scénarios apocalyptiques ne peuvent qu’être inadaptées et potentiellement dangereuses. Ensuite, même si on s’accordait largement sur la gravité de la situation et donc sur l’impérieuse nécessité d'empêcher la nucléarisation de l’Iran, il conviendrait toutefois de questionner la légitimité, l’éthique mais surtout l’efficacité des moyens employés pour atteindre cette fin.
International
10 septembre 201210 Sep 2012
Avec les explosions d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945, le monde entier a brutalement basculé dans une ère absolument nouvelle, celle du nucléaire. Dès lors, la peur d’une apocalypse nucléaire n’a cessé de s’inviter dans l’imaginaire collectif, tant le pouvoir dévastateur de la bombe atomique fascine et terrorise. Face à un tel potentiel annihilateur, capable de mettre en péril la pérennité de l’espèce humaine, la raison la plus élémentaire commanderait une condamnation absolue. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise si l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’est fixé comme objectif prioritaire l'éradication complète de l’arme ultime. Malgré cette terrifiante épée de Damoclès, certains trouvent à l’arme nucléaire des vertus bénéfiques...
International
2 septembre 20122 Sep 2012
Combien de fois n’a-t-on pas entendu dire que les dirigeants iraniens, avec comme figure de proue le machiavélique Ahmadinejad, sont des idéologues fanatiques et irrationnels? Aveuglés par un antisémitisme viscéral, ils sacrifieraient volontiers des millions d’Iraniens dans le simple but de “rayer Israël de la carte”. De même, obnubilés par un anti-américanisme primaire, nul ne sait à quoi ils seraient prêts dans leur combat idéologique contre le “Grand Satan”. De telles assertions sont aujourd’hui monnaie courante, aussi bien dans les médias que dans le discours des politiciens occidentaux, se propageant ainsi dans l’opinion publique. Alors, qu’en est-il réellement? Les Iraniens, fous? Pas si sûr... En effet, rien ne porte à croire que les dirigeants iraniens soient moins raisonnés que leurs homologues occidentaux. On peut ne pas partager les valeurs et l’idéologie des dirigeants en poste à Téhéran. Mais dire qu’ils sont irrationnels, c’est une autre histoire...
Lorsqu’on aborde une thématique aussi sensible que celle du nucléaire iranien, les passions sont inévitablement très vite attisées, d’où la nécessité absolue de distinguer les faits de la pure spéculation. Par souci d'honnêteté intellectuelle, il paraît dès lors fondamental de mettre à plat ce que l’on sait, mais aussi et surtout d’admettre ce que l’on ne sait point au sujet du programme nucléaire iranien, avant de se lancer dans toute réflexion approfondie. Un bref tour d’horizon révèle aussitôt que certains éléments cruciaux sont souvent déformés, inventés ou alors tout simplement occultés par la mémoire sélective de certains chantres d’une politique dure vis-à-vis de l’atome perse. C’est pourquoi nous souhaitons brosser ici un panorama objectif, bien qu’inévitablement non exhaustif, permettant de construire une analyse exempte de préjugés.
“Dans le monde d’aujourd’hui, nul péril n’est plus grand que la perspective des ayatollahs à Téhéran en possession de l’arme nucléaire [...] Je m’engage auprès de vous, et de tous les Américains, si je deviens commandant en chef des armées, à faire usage de tous les moyens qui s’avéreront nécessaires à notre protection et celle de la région, et à empêcher que le pire n’advienne tant qu’il en est encore temps.”1 Ces propos alarmistes, récemment prononcés par le candidat républicain Mitt Romney dans la cadre de la course à la présidence américaine, sont le reflet d’une position largement partagée par une pléthore de politiciens et analystes occidentaux, dont les médias se font volontiers le relais. L’Iran est ainsi dépeint comme le Mal incarné, auquel l’urgence commanderait d’opposer tous les moyens afin de l’empêcher de se doter de l’arme atomique.