Sport Le 13 avril 2014

L’équipe de Suisse et la Coupe du Monde de football – Partie 3: Suisse-Roumanie 4-1, 22 juin 1994

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L’équipe de Suisse et la Coupe du Monde de football – Partie 3: Suisse-Roumanie 4-1, 22 juin 1994

Alain Sutter dans ses oeuvres. © rts.ch

À Brasilia, le 15 juin 2014, la « Nati » disputera le 30ème match de Coupe du monde de son histoire. De Milan à Bloemfontein, en passant par Lausanne, Sheffield, Santiago, Dortmund ou Los Angeles, le parcours mondial de l’équipe de Suisse s’est avéré sinueux. Il est marqué autant par des exploits légendaires que par de cruelles déceptions. Retour sur quatre rencontres inscrites à tout jamais dans l’histoire du football helvétique, avec le concours de Philippe Vonnard, assistant-diplômé, chercheur à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (ISSUL).

Partie 1: Suisse-Allemagne 4-2, Coupe du monde 1938

Partie 2: Suisse-Autriche 5-7, Coupe du monde 1954

 

Partie 3: 22 juin 1994, Détroit: Le show à l’américaine

Suisse-Roumanie 4-1 (1-1)

C’est une véritable traversée du désert que vit la Nati dans les années 1970 et 1980, lors desquelles elle ne dispute pas la moindre phase finale de Coupe du monde. Vingt-quatre ans après leur dernière participation, en 1966 en Angleterre, l’équipe de Suisse s’apprête à prendre part, au pays de l’Oncle Sam, à son 7ème Mundial. Après un match nul en ouverture face aux surprenants Américains, la Suisse défie à Detroit pour son deuxième match la Roumanie du Maradona des Carpates, Gheorghe Hagi. Ce match peut sans doute être considéré comme la performance la plus aboutie d’une équipe à la croix blanche dans une compétition internationale « moderne ».

Il faut dire que cette génération est tout bonnement exceptionnelle pour le football suisse. 1994, c’est le « rêve américain ». Outre les splendides maillots Lotto, c’est surtout une équipe composée de: Chapuisat, Sutter, Sforza, Bregy, Geiger, Ohrel, Hottiger, Pascolo ou encore Adrian Knup. Un collectif bien rodé qui s’est brillamment extirpé d’un groupe de qualification difficile, comprenant notamment l’Italie, le Portugal ou encore l’Écosse.

Pour leur deuxième match, les Suisses affrontent la Roumanie, une solide formation emmenée par le capitaine Hagi, mais pouvant aussi compter sur des footballeurs de talent comme Petrescu, Dumitrescu ou encore Raducioiu. De ce match, on retiendra les performances exceptionnelles d’Alain Sutter, Ciriaco Sforza et Adrian Knup. Le premier croit ouvrir le score en début de match, mais sa réussite est injustement refusée par le corps arbitral (voir vidéo à la fin de l’article). Qu’à cela ne tienne, le futur transfuge du Bayern Munich remet l’ouvrage sur le métier quelques minutes plus tard d’une frappe imparable du droit aux vingt mètres. 1-0, les Roumains se mettent à trembler, mais pas pour longtemps.

En effet, ils peuvent compter sur leur « magicien » Hagi, qui répond à Sutter en ajustant magistralement Pascolo d’une frappe limpide qui va se loger dans le petit filet. En deuxième mi-temps, les Suisses reprennent rapidement l’avantage suite à un énorme cafouillage devant la cage roumaine, d’où parvient à s’extirper ce diable de Stéphane Chapuisat pour marquer dans la cage vide. C’est à ce moment qu’intervient le « chef d’œuvre » Sforza. Le milieu créateur suisse récupère le ballon dans son camp, prend de vitesse un joueur adverse, dépose littéralement un Roumain d’un grand pont avant de servir idéalement Adrian Knup qui ne se fait pas prier pour inscrire le troisième but helvète. Football champagne.

Ce même Adrian Knup inscrira le quatrième de la tête en fin de match pour donner à cette victoire un plus grand impact encore.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette triomphale victoire. Tout d’abord, l’effet Hodgson, sélectionneur britannique de l’équipe qui a su insuffler un vent nouveau dans cette sélection nationale qui ne s’était plus qualifiée pour un grand rendez-vous depuis 1966 en Angleterre. De plus, il faut clairement considérer également l’ « effet générationnel ». D’une part, il y a un bon amalgame entre joueurs expérimentés (Geiger, Bregy) et jeunes (Chapuisat, Quentin, Sforza). De l’autre, il s’agit de joueurs doués et ambitieux.

Emmenés par le prodige « Chapi », qui depuis 1991 officie à la pointe de l’attaque du Borussia Dortmund – équipe phare du championnat d’Allemagne à cette époque – plusieurs joueurs suivent l’exemple du Vaudois et s’expatrient à l’étranger pour le meilleur (Sforza, Sutter) et le pire (Knup, Hottiger). Cependant, cette génération de footballeurs n’est pas le fruit d’un long travail de formation, domaine dans lequel la Suisse accuse à cette époque un retard certain. Cette génération n’est pas « provoquée » pourrait-on dire, contrairement à celle de 2006 par exemple.

Cette rencontre restera malheureusement le sommet de la campagne américaine de la Nati. En effet, une défaite dans le troisième match contre la Colombie (0-2) et surtout un match complètement raté contre les Espagnols (0-3), stopperont net les exploits de Chapuisat et cie. D’ailleurs, malgré quelques hauts faits (victoire contre la Suède 4-2 notamment et match nul en ouverture du Championnat d’Europe, à Wembley, contre l’Angleterre), cette victoire contre la Roumanie marque paradoxalement le crépuscule de cette génération dorée.

 

Vidéo : long résumé de match par la télévision suisse-allemande.

 

Dernier match qui sera à découvrir dans la série « L’équipe de Suisse et la Coupe du monde de football »: Suisse-Togo 2-0, 18 juin 2006.

Commentaires

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Yann K

Vraiment sympa cette petite série, merci Loïc!

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Yann K

Vraiment sympa cette petite série, merci Loïc!

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chente fou

hurra Suisse!!!!!

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